Mes chers amis, merci d’abord pour votre engagement, merci pour votre enthousiasme, merci pour votre envie que vous donnez à d’autres ! Merci pour votre espérance qui doit être celle du changement : du changement de président, du changement de politique, du changement de destin pour notre pays.
Vous êtes nombreux, très nombreux, ce soir, à Lyon. Vous formez un grand mouvement populaire qui doit nous conduire – et j’en ai ici le devoir et la responsabilité – à la victoire pour la France le 6 mai.
Je salue tous vos élus et le premier d’entre eux, celui qui vous a accueillis, Gérard Collomb, le maire de Lyon.
L’enjeu de l’élection présidentielle, c’est la France, c’est sa place dans le monde, c’est son rôle en Europe, c’est la solidité de son économie, c’est l’efficacité de son modèle social, c’est l’avenir de la promesse républicaine, c’est la dynamique de ses territoires. C’est le sort de la jeunesse, de la génération qui vient, qui attend, qui demande et qui revendique sa place, et à laquelle nous devons faire droit.
Or la France a été affaiblie depuis 5 ans. Elle a été affaiblie parce qu’elle travaille moins et que le chômage atteint près de 10 % de la population active. La France, notre France, a été affaiblie parce qu’elle produit moins. L’industrie a perdu durant le quinquennat qui s’achève près de 400 000 emplois. La France, notre France, a été affaiblie parce que, hélas, elle exporte moins et importe davantage comme en atteste le déficit de notre commerce extérieur de plus de 70 milliards d’euros.
La France, notre France a été affaiblie parce que la finance a dominé l’économie, détruit les emplois, fragilisé nos entreprises. La France, notre France, a été affaiblie durant 5 ans. Le fardeau que nous aurons à traîner représente près de 90 % de la richesse nationale. La France, notre France, a été affaiblie parce que les Français vivent moins bien, parce qu’il y a près de 8 millions de pauvres en France, parce que les salaires stagnent, parce que les retraites s’amenuisent, parce que les loyers augmentent, parce que les dépenses contraintes s’accumulent, et parce que c’est plus dur pour la génération qui vient de trouver sa place.
La France, notre France, a été affaiblie parce que les impôts se sont multipliés : pas moins de 40 taxes supplémentaires se sont abattues sur les Français. Les prélèvements les plus injustes ont été relevés, et la TVA en a été la dernière illustration.
Mais la France, notre France, a été affaiblie parce que les piliers de la République ont été abîmés : la justice fiscale, avec les faveurs qui ont été accordées aux plus fortunés ; la solidarité nationale, avec la mise en cause insidieuse de l’accès aux soins pour tous les Français, et le sort qui a été fait à l’hôpital public. Et parce que l’école, l’école de la République, a été la grande victime d’une austérité budgétaire aveugle : près de 80 000 postes ont été supprimés depuis 5 ans dans les territoires ruraux, dans les quartiers de nos villes, dans ces filières qui venaient en appui pour les élèves les plus fragiles, les plus vulnérables, les plus en difficulté.
Voilà ce qui a été défait pendant 5 ans, et voilà que le candidat sortant – mais ne l’accablez pas – pris d’une juste repentance promet que maintenant il ne supprimera plus les emplois pour les instituteurs. Mais c’est trop tard, le mal est fait. La France a été affaiblie parce que la jeunesse a été délaissée.
Mes chers amis, nous sommes à la fin d’un mandat. Il est légitime de porter jugement. Le candidat sortant avait tant promis. Il aura si peu tenu… Il invoque la crise pour justifier son bilan, occulter ses erreurs, excuser ses échecs. Il nous demande de regarder vers la Grèce, l’Irlande, le Portugal, pour se réjouir que nous n’en soyons pas arrivés là. Finalement, il se vante de nous avoir évité le pire, mais il nous avait annoncé le meilleur. Dois-je rappeler que bien des pays en Europe s’en sortent mieux que nous ? L’Allemagne, mais aussi, ceux au nord et à l’est. Le sens d’un mandat présidentiel est de faire de la France un exemple. Or elle ne l’est plus aujourd’hui.
Je ne nie pas la crise. Elle est violente, elle est dure, elle est brutale. La crise provoquée par une finance folle, venue des Etats-Unis, la crise qui s’est propagée dans la zone Euro à travers la spéculation sur les dettes souveraines. La crise même qui nous vient de plus loin, avec la volatilité des prix des matières premières et notamment du pétrole.
Mais cette crise a un nom : c’est le libéralisme sans limite, c’est la mondialisation sans règle, c’est la marchandisation sans principe, c’est la financiarisation sans frein ! Si la crise s’est installée avec cette intensité, avec cette durée, c’est que ceux qui ont dirigé l’Europe pendant ces dernières années ont tardé à prendre les mesures appropriées, ont tergiversé sur les instruments susceptibles de maîtriser la finance et la spéculation, et ont envoyé tant de signaux contradictoires aux marchés que ceux-ci ont fini par imposer leur loi à travers les agences de notation. La France, notre France, a été affaiblie parce que sa voix a manqué pour mobiliser l’Europe.
Mais le plus grave ne se situe peut-être pas là. La France a été affaiblie parce qu’elle s’est divisée, parce qu’elle a été désunie, ou plutôt parce que ceux qui avaient la charge de la conduire ont préféré la diviser. Cette décision, c’est le résultat d’une méthode. Cette méthode consiste à monter les Français les uns contre les autres : les chômeurs contre les travailleurs ; les salariés du privé contre les salariés du public ; les plus vieux contre les plus jeunes ; ceux qui ont commencé tôt à travailler par rapport à ceux qui ont fait de longues études ; les Français de longue date contre les Français les plus récents. Cette méthode consiste toujours à s’en prendre aux plus faibles pour mieux protéger les plus puissants. Cette méthode consiste à exacerber les problèmes plutôt que de trouver les solutions.
Cette méthode consiste à s’adresser non pas à la raison de chacun, mais à sa passion. Cette méthode consiste à gouverner, non pas dans l’anticipation, mais dans la réaction, dans tous les sens du terme. Cette méthode consiste à créer une mêlée plutôt que de se situer précisément au-dessus de la mêlée comme devrait le faire un Président de la République. Cette méthode consiste enfin – et je la connais bien – à jouer avec les peurs, à attiser les craintes, à susciter des inquiétudes dans le seul but, pour le candidat sortant, de se présenter comme un protecteur. Mais un protecteur de qui ? Un protecteur de quoi ? Un protecteur des puissants, un protecteur des privilèges, un protecteur des intérêts particuliers !
J’ai entendu ce matin le candidat sortant venir à nouveau tourmenter les Français en déformant ou en caricaturant notre programme, en lui faisant dire ce qu’il ne dit pas, en agitant des épouvantails qui n’effraient d’ailleurs plus personne, en utilisant de vieilles recettes dont nous avons perdu le goût.
Mon programme, chacun le connaît. Je l’ai présenté. C’était au milieu du mois de janvier au Bourget : 60 grandes propositions pour la France ! Chacun peut les connaître, les discuter, les contester. Chacun peut aussi les approuver, les soutenir, les diffuser. Mais personne ne peut prétendre que ces propositions n’existent pas. D’ailleurs, où est le projet du candidat sortant ? En même temps, je le connais : son projet, c’est son bilan ! C’est pourquoi les Français voudront le changement, parce que ce bilan n’est plus un projet et ne doit pas être un regret. Dépassez ce moment ! Ne soyez pas les militants de la vindicte ou de la revanche. Soyez les acteurs de l’espoir, de la volonté d’avancer !
Mon projet s’adresse à l’immense majorité des Français. Tous ceux qui vivent de leur travail ou aimeraient en vivre. Tous ceux qui ne peuvent tirer leurs revenus de la rente. Tous ceux qui s’inquiètent de l’avenir de la jeunesse. Tous ceux qui veulent vivre en sécurité. Tous ceux qui veulent tout simplement finir leur existence dignement. Et tous ceux qui veulent vivre dans cette République en étant fiers de ses valeurs, fiers d’appartenir à la France que nous servons.
Mon projet ne distingue pas entre les Français. Mon projet est celui aussi de toutes les familles de France. Une nouvelle fois, une inquiétude s’est levée : je serais celui qui voudrait atteindre, altérer le pacte familial… Je veux au contraire que les familles de France vivent mieux ! C’est la raison pour laquelle j’ai fait en sorte de dire aux Français que ma première décision serait d’augmenter l’allocation de rentrée scolaire dès le mois de septembre de 25 %. Les prestations familiales, si utiles, si précieuses pour de nombreuses familles – et je pense notamment à celles qui sont touchées par la précarité, aux familles monoparentales –, toutes ces prestations seront strictement indexées sur le coût de la vie. Le quotient familial, cet avantage fiscal, sera maintenu, même avec un plafond plus bas, pour que la politique familiale concerne toutes les familles. J’aime la famille, j’aime les familles, j’aime toutes les familles !
Mon projet est celui de la France des citoyens, pas celle des privilégiés : privilège de l’argent, privilège de la naissance, privilège de la rente, privilège du pouvoir, privilège de la confusion des genres, privilège de la connivence. Ces privilèges, loin d’être réduits, reniés, ont été abusivement servis depuis 5 ans. C’est le pouvoir sortant qui a permis à certains de payer moins d’impôts tout en gagnant plus d’argent. C’est le pouvoir sortant qui a protégé, par un bouclier fiscal, les plus fortunés de peur qu’ils ne s’exilent. C’est le pouvoir sortant qui a permis à certains de vivre de la commande publique, tout en vilipendant l’Etat. C’est le pouvoir sortant qui a servi ses proches jusqu’à les introduire dans les conseils d’administration et souhaiter que quelques-uns puissent même diriger des entreprises privées parce qu’ils ont la faveur du président sortant…
Je vous l’annonce, ce temps-là est terminé ! Le temps de la division, le temps des faveurs, le temps des privilèges : ce temps-là est derrière nous ! Si nous voulons, et nous le voulons, sortir de la crise, nous n’en sortirons que tous ensemble, parce que le nécessaire redressement de la France sera celui de toute la France, de tous les Français, unis dans une communauté de destin. C’est pourquoi ma démarche est toute différente de celle qui a inspiré le quinquennat qui s’achève. Pour moi, le redressement de la France exige le rassemblement des Français.
Mon devoir, si vous me permettez d’être le prochain Président de la République, sera de mobiliser toutes les forces de notre pays, tous les talents, toutes les énergies, toutes les générations, autour d’une même ambition collective ! J’aurai besoin de vous tous, parce que vous êtes, chacun d’entre vous, quelle que soit votre place, quel que soit votre âge, quel que soit votre parcours, des atouts de la France. Chacun, chacune peut donner, où qu’il soit, le meilleur de lui-même, s’il sait comment le pays est conduit, où il va et dans quel esprit.
C’est toujours ainsi mes chers amis que dans notre histoire, notre pays a surmonté des épreuves, des conflits, des crises, des chocs et parfois hélas des guerres. C’est toujours ainsi que la Gauche s’est élevée à la hauteur de la France. C’est à chaque fois qu’elle s’est mise à ce niveau de la responsabilité, de la grandeur, de l’élévation d’esprit, du dépassement des intérêts, qu’elle a pu non seulement gagner une élection mais faire avancer la marche du progrès dans la République.
Nous aimons la France, et je ne dirai jamais à un de mes concitoyens qu’il aime la France moins que moi. Nous l’aimons tous, parce que nous voulons la servir dans le respect de ce qu’elle est et de ce qu’elle doit être : la France dans la République, la France dans la justice, la France dans l’espérance.
Nous avons, parce que nous sommes dans un contexte exceptionnellement difficile, à redresser notre pays. Le redressement sera d’abord économique, industriel. C’est le sens du pacte productif que j’ai proposé aux Français. La croissance, l’emploi, l’entreprise seront mes priorités. Et ce redressement, celui de notre économie, de nos comptes publics, ne pourra se faire que dans la justice et la cohésion. La cohésion.
La cohésion !
La cohésion, c’est ce qui nous permettra de gagner les défis qui nous attendent. La cohésion, c’est le pacte social passé entre tous les citoyens. La cohésion d’une nation, c’est ce sentiment d’appartenir à une même société, de vivre dans un même monde, d’obéir aux mêmes règles, de partager une même communauté de destins. La cohésion, c’est avoir la conviction que celui qui est tout en haut de l’échelle sociale partage une chose invisible, mais si précieuse, avec celui qui n’a pas eu la chance de réussir. Cette chose qui s’appelle la solidarité !
La cohésion d’une nation, c’est offrir la même fierté d’être français à tous les citoyens : où qu’ils soient nés, quels que soient leur quartier, leur village, leur parcours, leur couleur de peau. La cohésion d’une nation, la nôtre, c’est de se retrouver autour de règles communes, de pouvoir être libre dans le respect de la conscience de chacun, mais aussi dans le respect des libertés des autres. Cela s’appelle tout simplement la laïcité, la cohésion d’une nation !
La cohésion, c’est surtout de savoir que les efforts nécessaires seront partagés par tous les citoyens et que nul ne pourra s’en exempter. La cohésion d’une nation, c’est de poser des limites aux inégalités. Et c’est pourquoi face à des rémunérations indécentes, excessives, j’ai fait la proposition d’une tranche supérieure de l’impôt sur le revenu pour les rémunérations qui dépassent 1 million d’euros, c’est-à-dire 100 fois le Smic. Parce que quand j’ai appris que certains dirigeants d’entreprise – que je respecte pour la qualité de leur travail ou pour leur direction de l’avenir de la firme dont ils ont la responsabilité – s’étaient octroyé 34 % d’augmentation sur une seule année, je me suis dit qu’il y avait un signal à envoyer. Qu’il n’était pas possible d’admettre dans la France, dans la France que nous aimons, dans la République que nous servons, que de véritables fortunes en quelques années soient constituées alors que d’autres ont mis des générations et des générations pour se mettre tout simplement en sécurité ! C’est ce qui s’est passé depuis une dizaine d’années, avec des rémunérations excessives pour les plus puissants, des stock-options, des bonus, des retraites chapeaux… Ils ont été dénoncés tant de fois – et jamais rien n’avait été fait ! Eh bien, à un moment, nous devons collectivement poser la règle.
Les Français sont prêts à faire des efforts et je leur en demanderai pour redresser le pays. Les Français sont prêts à accepter des sacrifices quand ils sont au service de la génération qui vient. Mais en même temps, les Français ne sont pas prêts à accepter un creusement des inégalités, une explosion de certaines rémunérations, l’arrogance des plus puissants ! Cette mesure n’est pas faite pour créer je ne sais quelle spoliation ou pour stigmatiser je ne sais quelle fortune. C’est un signe qui est envoyé à celles et ceux qui occupent par leur position sociale une responsabilité : celle d’entraîner les autres. Cette mesure n’a même pas vocation à rapporter un seul euro au budget de l’Etat, si chacun se met en conformité avec les règles que je viens de poser par rapport à des rémunérations qui doivent être maîtrisées quand elles atteignent des sommets qui peuvent à ce point choquer. Cette mesure relève de ce que j’appelle une forme de patriotisme, tout simplement, dont le pays a besoin.
Le patriotisme, c’est un beau mot. C’est Jaurès qui disait que le patriotisme c’était d’aimer les autres – et que le nationalisme, c’était de se méfier des autres.
Le patriotisme, c’est de considérer que pour une grande nation comme la nôtre, nous devons toujours montrer l’exemple. Nous devons toujours regarder l’intérêt général, la primauté des principes sur nos situations. Je salue le patriotisme de celles et ceux qui servent la France sur des théâtres d’opérations difficiles et qui mettent parfois en péril leur existence même. Je salue le patriotisme de celles et ceux qui par leur talent, que ce soit pour la culture ou pour le sport, représentent notre pays. Je salue le patriotisme de tous ces anonymes qui vibrent quand retentit l’hymne national – parce qu’il rappelle les combats pour la liberté. Je salue le patriotisme des ouvriers de la sidérurgie qui aujourd’hui se battent pour garder leur outil de travail au nom de notre pays. Je salue le patriotisme des professions de santé qui permettent à chacun d’être soigné dans des conditions dignes. Je salue le patriotisme des chercheurs qui par la qualité de leurs travaux nous permettent de vivre mieux. Je salue le patriotisme des fonctionnaires qui se dévouent pour le service public. Je salue le patriotisme des entrepreneurs qui créent de la richesse, du travail pour les autres. Et je salue le patriotisme des jeunes qui veulent s’engager pour l’humanité !
Eh bien le patriotisme c’est aussi, pour ceux qui sont les dirigeants économiques, politiques, de montrer l’exemple à un pays quand il y a un effort à faire et un redressement à engager.
Mais voilà que l’on me fait le procès du matraquage fiscal. Je m’en prendrais aux classes moyennes ? A ce niveau-là, je ne risque rien ! J’inventerais des impôts ? Celui-là n’a vocation à produire que peu de recettes ! Que je ferais partir les dirigeants de nos entreprises ? Belle mentalité !
Souvenez-vous, il y a cinq ans : ils nous avaient inventé un bouclier fiscal pour faire revenir ceux qui étaient partis. Aucun n’est revenu ! Et ils ont été amenés, sous notre pression, à supprimer le bouclier fiscal. Et ils nous parlent de matraquage fiscal ? Mais ce sont eux qui ont accablé les Français d’impôts nouveaux ! Pas moins de 40 ont été créés. Quelle imagination ! Quel talent ! Quel sens de la recherche de la recette publique ! 40 ! Et là, au moment où le quinquennat s’achevait, nous pensions être à peu près en paix. Et voilà qu’ils nous inventent une TVA qu’ils appellent « sociale » et dont ils ont – reconnaissons-le – la délicatesse de nous annoncer qu’elle ne sera mise en œuvre qu’au mois d’octobre. Pourquoi au mois d’octobre ? Mais, moi, je vous l’annonce : si vous faites le choix que j’espère le 6 mai, c’est ce matraquage fiscal là que nous mettrons à bas, et que la TVA ne sera pas augmentée comme ils l’ont prévu !
Chers amis, ce que je vous propose, c’est la justice. Une réforme fiscale ambitieuse qui bénéficiera à l’immense majorité des Français et qui demandera, c’est vrai, un acte de solidarité aux plus aisés sans jamais décourager l’initiative et le talent. C’est cela, la justice fiscale !
Mon projet, c’est la France réconciliée. Oui, réconciliée ! C’est également un beau mot, la réconciliation. Un bel objectif pour le prochain président de la République que de réunir la France. Une France réconciliée avec ses dirigeants ! Ce n’est pas d’abord aux Français de faire l’effort. C’est, au départ, aux dirigeants et aux dirigeants politiques de montrer qu’ils peuvent eux aussi être à la hauteur des enjeux. C’est pourquoi j’ai annoncé depuis bien longtemps que les élus ne pourront plus cumuler les mandats. Que le président de la République deviendra un justiciable comme les autres. Que les ministres ne relèveront pas d’une Cour spéciale de justice. Que l’indépendance de la magistrature sera strictement respectée. Et, sans céder à quelque facilité, j’ai également annoncé que les rémunérations du président de la République et des ministres seraient réduites de 30 % parce que là aussi, nous avons un devoir d’exemplarité. J’ai dit également que l’écart maximal des salaires dans les entreprises publiques ne pourra excéder de 1 à 20, parce que nous avons besoin de nous retrouver ensemble, au niveau de l’Etat, au niveau des collectivités locales, dans une forme d’exemplarité publique.
Je veux aussi réconcilier la France avec ses entreprises. Nous avons besoin des entreprises ! Elles sont indispensables à la croissance, à l’emploi, à la compétitivité de notre pays, à son rayonnement. Elles sont précieuses pour la Nation, pour la force qu’elle doit constituer. Pour l’avenir, même, de notre production. Les chefs d’entreprise – ceux qui produisent, ceux qui créent de la richesse, ceux qui se battent pour conquérir des marchés – devront être encouragés. Et je ferai tout pour que nous ayons tous les instruments qui permettent de favoriser le développement des entreprises. C’est pourquoi nous créerons la banque publique d’investissement. C’est pourquoi nous aurons à cœur de créer ce livret d’épargne industrie qui affectera, justement, les dépôts des Français vers le financement de l’investissement. C’est pourquoi nous lutterons contre les excès de la finance, pour que les banques soient davantage au service des entreprises. C’est pourquoi nous introduirons une fiscalité favorable aux petites et moyennes entreprises avec un taux modulé selon la taille des entreprises. C’est pourquoi nous distinguerons, pour la fiscalité, les entreprises selon qu’elles ont distribué aux actionnaires : là le taux sera relevé — ou qu’elles ont réinvesti dans l’entreprise : là, le taux sera diminué. Nous ferons en sorte d’élargir le crédit d’impôt recherche pour que les entreprises innovantes puissent y accéder. Nous permettrons aussi que lorsqu’une entreprise cède ou prétend céder une activité mais refuse qu’elle soit reprise, en définitive, eh bien nous forcerons par le tribunal de commerce la reprise de cette activité. Car je ne veux rien abandonner alors que l’entreprise est rentable, dès lors que le site de production peut avoir une pérennité !
Je veux aussi que la réforme des codes des marchés publics puisse permettre à toutes les entreprises d’accéder à la commande publique. Et en même temps, je suis aussi pour que le syndicalisme, la représentation des salariés dans les entreprises puisse être renforcée. Et je ferai une réforme dans toutes les entreprises de plus de 1 000 salariés : les salariés, leurs représentants pourront siéger au conseil d’administration et au conseil de surveillance avec une voix délibérative.
Je veux réconcilier les générations dans l’entreprise ! Et c’est la raison pour laquelle j’ai proposé ce contrat de génération. Là encore, cette belle idée qui permet à une entreprise qui en même temps qu’elle garde un senior le temps qu’il puisse partir à la retraite, embauche un jeune avec un contrat à durée indéterminée de ne plus payer de cotisations sociales sur les deux emplois, pour permettre cette réconciliation des âges, ce transfert des expériences, cette volonté d’être ensemble au travail dans une entreprise ! Tendre la main à la jeunesse ! Faire en sorte que chacun se retrouve dans la même exigence de garder un emploi pour les plus anciens ou d’y accéder pour les plus jeunes. Aujourd’hui, le taux de chômage est élevé pour les moins de 25 ans, mais il est aussi pour les plus de 55 ans. Eh bien c’est notre double défi : permettre aux uns et aux autres d’être dans l’entreprise !
Je veux réconcilier la France avec le progrès. Le progrès ! C’est ce pour quoi des générations et des générations ont lutté. Le progrès ! Progrès scientifique, progrès économique, progrès social, progrès humain, progrès culturel, progrès des libertés : nous devons associer tous ces progrès-là ensemble ! Il n’y a pas les progrès économiques d’un côté et les progrès de la société de l’autre. Il n’y a pas une force politique – la nôtre – qui voudrait regarder davantage du côté de la société et oublier le social ou l’économique. Nous devons mettre ensemble toutes les conditions pour que chacun puisse avoir une promotion, un accomplissement, une émancipation et que la société elle-même, la France que nous servons puisse avancer du même pas dans tous les domaines.
C’est pourquoi si je suis demain votre président, je mènerai une grande politique de la recherche, de l’innovation et de l’éducation – parce que l’école sera ma priorité !
Priorité, d’abord, pour les premiers âges de la vie scolaire. La maternelle, le primaire, là où tout se joue. Là où les échecs se constatent et peuvent durer toute une vie. Il n’y aura plus de fatalité ! Il n’y aura plus de déterminisme qui fera que ce sont souvent les enfants des familles les plus modestes qui ont le plus de difficultés avec l’école. C’est vers ces familles-là, vers ces enfants-là que nous devons tenir la promesse républicaine ! Et c’est la raison pour laquelle j’ai proposé la création sur cinq ans de 60 000 emplois dans l’Education nationale.
Là encore, j’entends certains commentaires : mais comment pourrait-on proposer 60 000 emplois sur cinq ans ? Les mêmes qui en ont détruit près de 80 000 ! Qui disent : mais ça coûte trop cher, vous n’y parviendrez pas. J’ai fait les comptes – c’est aussi mon métier. Cela fera 2,5 milliards à la fin du prochain quinquennat que de permettre à tous les jeunes d’être davantage encadré par des professeurs, des infirmières, des surveillants, des assistantes sociales – tous ceux qui ont vocation à faire vivre l’école.
2,5 milliards à la fin du prochain quinquennat. Et qu’a coûté le bouclier fiscal pendant le dernier quinquennat ? 2,5 milliards ! Que veut-on protéger ? Qui veut-on servir ? Les plus puissants, les plus privilégiés ? Ou, au contraire, les enfants de la République ? J’ai fait mon choix !
Je veux réconcilier les Français avec l’idée de la République, l’égalité. Et d’abord l’égalité salariale entre les hommes et les femmes. On en parle depuis tellement longtemps ! Il y a eu tellement de lois qui ont été votées ! Et il ne sera nul besoin d’en édicter une autre, parce que nous aurons des actes à poser. Et là encore, nous dirons aux entreprises les plus grandes qu’elles ont un an pour rattraper le retard en la matière. Et que si aucun geste, aucun acte n’a été accompli au bout d’un an, alors les exonérations de cotisations sociales seront supprimées sur ces emplois-là.
Mais l’égalité, c’est aussi la défense du pouvoir d’achat. Je suis conscient que c’est la préoccupation majeure de beaucoup de nos concitoyens. Que ce sera difficile. Et je préfère dire la vérité, parce que dans cette campagne je ne ferai aucune promesse que je ne serai capable de tenir ! Il ne sera pas possible, dans l’état de notre économie, d’augmenter les salaires parce que nous aurions remporté la victoire. Mais en même temps, nous aurons à réunir une conférence des partenaires sociaux pour fixer l’agenda. Pour dire ce que nous pourrons faire dans le temps. D’abord des réformes, puis ensuite la redistribution. Mais d’abord, la création de richesses supplémentaires ! Mais dans le même temps, je connais les urgences. C’est pourquoi les loyers pour la première location ou relocation seront encadrés. C’est pourquoi sera instaurée une tarification progressive de l’électricité, du gaz, de l’eau : pour qu’un forfait de base soit proposé aux Français. C’est pourquoi je lancerai un grand plan d’isolation : 1 million de logements par an – qui sera d’ailleurs favorable à la création d’emplois et qui permettra de baisser les factures de chauffage de beaucoup de nos concitoyens.
C’est pourquoi le taux du crédit à la consommation, et souvent les commissions qui sont sévères à l’égard des ménages endettés, ce crédit verra ses conditions plafonnées. Parce que c’est inacceptable de laisser une partie des familles françaises être touchées par cette descente infernale qui s’appelle le surendettement.
De la même manière, si le prix du pétrole continue d’augmenter — ce qui est possible compte tenu de la situation politique au Proche et au Moyen Orient — je ferai en sorte tout d’abord de bloquer le prix de l’essence pendant trois mois, pour mettre au clair les comportements de marque des distributeurs. Et ensuite, je prends un engagement : il n’y aura pas un euro supplémentaire qui sera prélevé par l’Etat sur la hausse du prix des carburants. Je ne peux pas accepter que la TVA puisse rapporter quoi que ce soit de plus à l’Etat parce que le prix des carburants, lui-même, augmente. Ce sera le retour de la TIPP flottante. C’est important pour la France qui travaille et qui prend tôt sa voiture parce qu’elle n’a aucun autre moyen pour se déplacer.
Je veux aussi réconcilier la France avec son avenir. L’avenir de notre pays, c’est d’abord de réussir à concilier la croissance et l’écologie. Sans croissance, pas de redressement économique, pas de création d’emploi et de richesse. Mais sans écologie, pas de sécurité pour nos produits, pas de qualité de la vie, pas de préservation de la planète, pas d’avenir non plus. Il faut réussir cette transition de civilisation. C’est une grande mission pour le prochain quinquennat.
Je dois être le président de la transition. Transition technologique, parce que de nouvelles formes de production apparaissent avec le numérique, avec les biotechnologies, avec tout ce qui va servir l’économie de demain. Mais transition énergétique aussi, car je dois préparer l’après pétrole, réduire le réchauffement climatique, faire monter les énergies renouvelables, diminuer progressivement la part du nucléaire. Transition écologique aussi pour reconvertir nos bâtiments, pour stocker l’énergie, pour inventer les véhicules électriques. Et transition éducative pour imaginer les nouveaux savoirs, les formations d’avenir, les pédagogies nouvelles et la lutte contre l’échec scolaire. Transition générationnelle aussi pour permettre que les plus jeunes, que ceux qui demandent à accéder à l’emploi, au logement, à l’indépendance, à l’autonomie, au savoir, à la connaissance puissent y parvenir. Parce que c’est notre responsabilité, réussir la transition.
C’est un beau projet que d’être ainsi des relais, des passeurs, des intermédiaires entre une France qui connaît une mutation, entre une génération qui doit permettre à une autre de réussir sa vie, de faire que nous sortions de la crise plus forts que nous y étions entrés. C’est le message que j’étais venu ici vous délivrer : nous devons être les acteurs d’une France réconciliée, d’une France redressée, d’une France harmonieuse, d’une France capable de réussir cette transition.
Mais je veux aussi permettre à la France de se réconcilier avec l’Europe. La France a besoin de l’Europe, et l’Europe a besoin de la France. La crise n’est pas seulement financière, pas seulement économique, elle est politique et elle est européenne.
Je veux l’évoquer devant vous ici à Lyon, alors que se tient à Bruxelles un Conseil européen au cours duquel le traité budgétaire voulu par le candidat sortant, ou plutôt imposé par Madame Merkel, sera signé.
Je considère que les décisions qui ont été prises depuis trois ans ont été insuffisantes, incomplètes et impropres à régler la crise qui nous a frappés. La situation de la Grèce est une terrible illustration. Je me réjouis qu’un accord ait pu être trouvé la semaine dernière — j’allais dire, enfin ! Il fallait bien, quand même, que les créanciers privés admettent qu’ils ne recouvreraient pas leurs créances ! Mais que de temps perdu, que de tergiversations, que d’humiliations aussi pour ce peuple ! Est-il raisonnable d’imposer à la Grèce et aux Grecs chaque jour un peu plus d’austérité ? La Grèce est à genoux, et notre devoir, notre devoir d’Européens, est d’être solidaires et en même temps exigeants pour le redressement des pays qui ont été mal dirigés.
Quant au projet de traité lui-même, celui qui va être signé dans les heures qui viennent, il inscrit des disciplines nécessaires, et je les admets. Il évoque des sanctions qui sont les garanties du respect des règles qui sont posées. Mais il oublie l’essentiel, c’est-à-dire la croissance, l’activité, l’emploi, ce qui peut permettre à l’Europe de retrouver confiance dans son destin. C’est pourquoi ce traité instille lui-même le doute sur les objectifs de rétablissement des comptes publics qu’il prétend atteindre. La seule décision effective qui sortira du Conseil européen est en fait un traité qui risque, si rien n’est fait pour le compléter et l’améliorer, d’ajouter de l’austérité à l’austérité. L’Europe n’échappera pas aux grandes questions qui sont posées ni aux choix qui l’attendent. Veut-elle rassurer les marchés financiers ou les citoyens ? Je considère que tous les efforts doivent être consacrés à la fois à remettre les comptes publics en ordre, mais aussi à permettre aux citoyens de croire de nouveau à la belle idée européenne.
L’Europe c’est la paix bien sûr, mais c’est plus que cela maintenant. C’est partager des valeurs, une monnaie, des cultures, un espace de vie et de travail pour tous, des règles qui doivent être harmonieuses. Voilà l’enjeu qui doit être le nôtre.
Le second choix, c’est de savoir quelle place nous donnons au sérieux budgétaire nécessaire et à la croissance. J’ai pris l’engagement de ramener les finances publiques à l’équilibre à la fin du prochain quinquennat. C’est l’obligation qui nous est faite. Parce que la dette est notre ennemie, parce qu’elle met en cause le pacte de solidarité entre les générations, parce qu’elle fait peser sur les jeunes la charge de nos incuries et de nos incapacités à gérer nos finances publiques. Le sérieux, la bonne gestion, la discipline sont aussi des valeurs qui appartiennent à la République et que la Gauche doit surtout défendre. Regardez ce qui s’est produit depuis cinq ans : c’est la dette, ce sont les déficits, c’est le creusement des inégalités ! Et nous, nous avons le devoir d’être ceux qui vont redresser la France.
Mais le sérieux ne suffira pas, il faut aussi de la croissance, de l’activité. C’est pourquoi je proposerai à nos partenaires une nouvelle négociation sur le traité pour le compléter, l’améliorer, le renforcer. Je dirai d’abord qu’il faut que nous ayons une Banque centrale européenne qui puisse lutter davantage contre la spéculation ; que nous ayons une possibilité d’emprunter pour l’Europe, pour qu’elle puisse investir dans les projets d’avenir, qu’elle mobilise des fonds pour faire en sorte que les délocalisations soient combattues et que les salariés victimes de ces délocalisations puissent être formés, accompagnés et mis dans une situation de retrouver rapidement un emploi. J’ai fait le choix de la croissance.
Et le dernier choix que l’Europe aura à faire, c’est de savoir si elle se résigne ou si elle se mobilise pour la démocratie. Moi, je veux respecter le peuple français, à un moment très important, l’élection présidentielle. Je considère que si le chef de l’Etat peut signer un traité, ce sera au Parlement — et c’est la Constitution qui le prévoit — de ratifier ce traité. Entre le moment de la signature et le moment de la ratification, il y a le vote des Français. Je demande, à travers l’élection présidentielle, au peuple français de me confier la responsabilité d’ajouter, de discuter, de modifier, de renégocier le traité pour que nous puissions avoir une Europe qui permette à la fois le sérieux, la stabilité et la croissance.
On me dit : vous serez peut-être le seul. D’abord, c’est m’encourager, c’est indiquer que je pourrais être le prochain président de la République ! On me dit : mais comment arriverez-vous à convaincre les partenaires, et notamment la Chancelière allemande, quand le candidat sortant n’y est pas parvenu ? Justement, c’est pour cela que nous allons en changer ! Certains esprits chagrins me disent : comment allez-vous faire quand vous serez tout seul ? Ce n’est pas sûr ! Il y a peut-être des conservateurs qui sont à la tête des gouvernements européens — un certain nombre, je dois l’avouer — mais il y a aussi des esprits éclairés… Cela peut arriver, même chez les conservateurs, ne vous trompez pas ! Parce qu’il y en a quand même beaucoup qui constatent que la croissance sera nulle en 2012, faible en 2013 et que dans ces pays-là, ils ne pourront pas atteindre leurs objectifs de réduction des déficits et de maîtrise de la dette. Alors, ils nous attendent. Et ce qui me rendra fort, ce qui me permettra d’être écouté par les chefs d’Etat et de gouvernement, c’est le vote des Français. Parce que la différence entre un président sortant et un nouveau président, c’est que le nouveau a obtenu la confiance du peuple français et qu’il se fait entendre.
Prenez-en la mesure, soyez-en conscients : l’élection présidentielle qui va se tenir les 22 avril et 6 mai est une élection décisive pour la France, qui va changer notre destin — non pas celui du candidat qui est devant vous, mais notre destin collectif. C’est un choix de conception de la politique que nous allons faire, un choix de l’avenir, peut-être même de la République. C’est un choix essentiel pour notre pays, et nous en avons conscience, nous peut-être plus que d’autres, parce que cela fait quand même dix ans que la Droite est au pouvoir et qu’elle a échoué, dix ans que les inégalités se sont creusées, dix ans que notre France a été affaiblie. C’est un choix décisif pour la France, et c’est le peuple français qui en jugera. Et nul ne peut savoir encore ce que sera sa décision. Respectons le peuple français.
Mais c’est aussi un choix majeur pour les Européens. Partout où je me déplace — je ne suis pas reçu, j’en fais confession, par les chefs d’Etat et de gouvernement, ça viendra peut-être — mais je suis reçu par les responsables des grands mouvements progressistes partout en Europe, en Allemagne, en Italie, en Grande-Bretagne, en Espagne. Et que me disent-ils partout : « nous vous attendons, vous les Français, pour que vous donniez à l’Europe le visage de l’espérance, du combat, de la démocratie, de la croissance, de la culture ! Nous vous espérons ! ». Ne décevez pas les Européens ! Je ne parle pas des chefs d’Etat et de gouvernement, nous apprendrons à les connaître et à les convaincre. Ne décevez pas les peuples européens qui voient dans la France, toujours, celle qui éclaire le chemin ! Nous ne sommes pas n’importe quel pays, n’importe quelle nation d’Europe et du monde. Nous sommes la France, un grand pays chargé d’histoire, chargé de culture, porté par des valeurs fortes et qui a toujours la prétention – jamais l’arrogance, jamais – de dire au reste de l’Europe et du monde que nous avons un modèle qui n’a pas vocation à s’imposer, mais qui est tout simplement celui des valeurs, de la dignité, de la confiance en l’humanité. C’est nous la France, nous, par notre histoire, qui pouvons parler fort ! L’histoire des Lumières, de la Révolution, de l’émancipation des peuples ! Bien sûr que notre histoire n’est pas, forcément, que glorieuse. Bien sûr qu’il y a eu des périodes sombres. Mais nous avons toujours, finalement, été fiers de notre histoire au-delà de ces tâches qui ont pu, à un moment, occulter notre passé. Parce que ce sont toujours les valeurs de la République qui l’ont emporté sur le repli, sur la peur, sur l’extrémisme, sur la violence ! Et c’est pourquoi la France ne cédera pas aux populistes ou à l’extrême droite.
Parce que s’il peut y avoir de la colère, s’il peut y avoir de la détresse, s’il peut y avoir même de la haine de l’autre, alors qu’il devrait y avoir le souci de se mettre ensemble pour construire notre avenir, chacun se souvient que dans notre histoire, jamais – je dis bien jamais ! – une solution n’est venue de l’extrême droite, qui a toujours été un problème pour notre République.
Alors nous devons, mes chers amis, être à la hauteur du rendez-vous de l’élection présidentielle. Parce que notre peuple nous le demande. Nous devons être au niveau qu’exige la gravité du moment, ne jamais céder à la polémique inutile, à la violence verbale, et encore moins à la violence physique. Le seul droit que nous avons dans une République, quand nous voulons changer, c’est le droit de manifester, autant que nécessaire. Mais c’est aussi le droit, le devoir même, d’utiliser le bulletin de vote pour réussir le changement.
Nous sommes attendus dans le monde aussi. Je sais la situation que vit un pays aujourd’hui martyr de ses dirigeants, la Syrie. Je suis conscient que ce pays attend une intervention des Nations unies, qu’aujourd’hui il y a un blocage parce que deux pays, qu’il faut dénoncer, La Russie et la Chine, ne font rien pour qu’une solution soit trouvée en Syrie. Ce sera aussi, au-delà de l’élection présidentielle, notre devoir que de continuer cette pression. Ce sera notre devoir de répondre, aussi, aux espérances du Printemps arabe qui ne doivent pas être déçues ou trahies. Ce sera notre devoir que cette relation avec la Méditerranée. Et notre devoir aussi est dans ce que nous pouvons apporter au continent africain. Il y a une élection au Sénégal. Et je sais que beaucoup — quel qu’ait été leur vote de premier tour dans cette élection-là aussi — veulent le changement, et ils y ont droit aussi, là-bas, au changement ! L’élection présidentielle c’est une élection qui va intéresser la France, changer l’Europe, mais aussi être pour le monde entier une nouvelle — je souhaite qu’elle soit bonne. Je souhaite qu’elle soit à la hauteur de ce qu’est la France, que nous puissions nous-mêmes regarder notre démocratie, notre action extérieure, la représentation de notre pays comme une fierté, comme une reconnaissance de ce que nous sommes et comme un accomplissement de nos idéaux.
Mes chers amis, je vais vous confier mes deniers mots – enfin, les derniers mots pour ce soir ! C’est un grand honneur d’être candidat à l’élection présidentielle. Je m’y suis préparé depuis longtemps — un an déjà que j’ai annoncé ma candidature dans le cadre des primaires citoyennes. Et aujourd’hui je suis devant vous et devant les Français, candidat pour permettre le changement. Je mesure la responsabilité qui est la mienne. Je mesure votre attente. Je mesure même votre impatience. Et en même temps, je mesure aussi la tâche qui pourrait m’attendre si je deviens le prochain président de la République. C’est un beau défi que de rendre confiance aux Français. C’est une magnifique mission que de retrouver le chemin du progrès. C’est une formidable chance qu’il nous faut saisir, de pouvoir représenter les citoyens et de les réunir, de les réconcilier, pour la plus belle cause qui soit : changer notre destin ! Donner à notre jeunesse la place qu’elle attend ! C’est le mandat que je sollicite auprès de vous.
Cette campagne est à la fois enthousiasmante – et en même temps je sais qu’elle sera dure, âpre. Ne pensez pas que ceux qui sont encore à la responsabilité de l’Etat nous laisseront la place sans combattre. Et c’est bien leur droit. Ne pensez pas que la Droite est fatiguée au point de nous laisser la responsabilité du pays. Elle nous fatigue peut-être, mais elle n’est pas encore prête à céder ! Et c’est bien normal, dans une démocratie. Ne pensez pas non plus que parce que leur bilan est ce qu’on en sait, que la victoire serait acquise. Ne croyez pas davantage les enquêtes d’opinion répétées – qui ne font pas de mal, mais ne doivent pas entretenir l’illusion : une élection ce sont des électeurs, et pas simplement des intentions dans une enquête ou dans un sondage !
Et je vous appelle donc – parce que c’est ma responsabilité de vous conduire à la victoire, de redresser la France, de lever une espérance – je vous appelle, donc, à participer massivement à cette belle aventure ! Je veux vous permettre, d’abord le 22 avril, d’avoir la première reconnaissance que nous serons au second tour pour défendre le changement. Ne vous dispersez pas ! Ne vous éloignez pas ! Faites en sorte, dès le premier tour, de créer cette dynamique qui deviendra irrésistible, irrépressible, inarrêtable. Mais ensuite, je veux vous donner, le 6 mai, cette belle victoire qui vous rendra fiers – non pas de nous, mais fiers de la France qui aura exprimé la volonté de changer et de construire ensemble !
Je veux donner à une génération – la mienne, qui a connu 1981 –, à une autre qui a pu connaître 1988, 1997 avec Lionel Jospin, et à la nouvelle génération, je veux donner espoir dans la politique, bonheur dans l’élection, fierté dans la conquête et respect des autres ! Parce que la première tâche – et je vous l’ai dit ce soir – du prochain président de la République sera de réconcilier les Français, de les rassembler, de les réunir pour être les acteurs de cette nouvelle période qui va être le changement de destin de notre pays !
Merci ! Merci de votre confiance ! Merci pour cette France redressée, pour cette France rassemblée, pour cette France réconciliée !
Le changement, c’est vous ! Le changement, c’est maintenant
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