Le 11 mars dernier, F. Hollande s'est engagé à supprimer le mot « race » de l'article premier de la Constitution qui stipule : « La France est une République indivisible, laïque,démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion ». Il s'agit d'une mesure de modernité, d'égalité et d'efficacité.
Une mesure de modernité : en 1946, au sortir des horreurs de la guerre et de la Shoah, les membres du Conseil de la Résistance ont fait le choix juste d'inscrire dans la Constitution un cadre protecteur de lutte contre toutes les formes de discriminations. Ce combat doit demeurer et même se renforcer avec d'autres armes, mais aussi d'autres mots : 66 ans après le début de la IVème République, plus d'un demi-siècle après l'adoption de l'actuelle Constitution, il est temps que notre norme suprême soit débarrassée d'expressions d'un autre âge qui offensent inutilement beaucoup de Français. « Il n'y a pas de races humaines, il n'y a que la race humaine », ajustement rappelé Victorin Lurel, responsable du pôle Outre-mer de la campagne de F. Hollande.
C'est le sens de la proposition de F. Hollande.
Une mesure d'égalité. Elle a fait l'objet de sarcasme de la part du candidat sortant, davantage habitué aux discours sur la « hiérarchie des civilisations » de son ministre de l'Intérieur C.Guéant... Pas étonnant de la part de celui qui n'a cessé, pendant son quinquennat, de diviser les Français à coups à coup d'entorses à la laïcité (discours du Latran), de confusion entre immigration et criminalité (discours de Grenoble), de stigmatisation des Français de confession musulmane (pseudo-débat sur l'identité nationale). En ironisant sur la suppression du mot« race » dans la Constitution, N. Sarkozy confirme le paradoxe de cette campagne présidentielle :en 2012, c'est le sortant qui divise et c'est le candidat de l'opposition qui rassemble. La proposition de F. Hollande s'inscrit dans une démarche d'égalité : en République, il est inacceptable que des citoyens se sentent isolés dans leur propre pays.
Une mesure d'efficacité. Supprimer le mot « race » de la Constitution n'aura pas d'incidence juridique : l'article 1er de notre loi fondamentale continuera de prévoir que la République combat les distinctions liées aux « origines ». Il s'agit d'une mesure symbolique et historique par laquelle F. Hollande montre un peu plus encore sa volonté de lutter contre toutes les discriminations –comme l'illustrent plusieurs engagements de son projet pour la France : ouverture du mariage et de l'adoption à tous les couples, suppression des exonérations de cotisations sociales pour les entreprises qui ne respecteraient pas le principe de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, renforcement des sanctions contre les entreprises qui passent outre l'obligation d'employer au moins 6% de salariés en situation de handicap, procédure de contrôle d'identité respectueuse des citoyens, etc.
Après 10 ans de brutalité et de divisions, F. Hollande veut apaiser et rassembler.
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