Intervention de Jean-André Lasserre au CONSEIL GENERAL – 29 AVRIL 2011
DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
A l'occasion du Rapport n° 11.108 : Budget 2011 – Développement économique dans les Hauts-de-Seine.
M. Lasserre.- Dans un exercice comme celui-là, il y a plusieurs manières d’appréhender ce qui constitue un plan de développement économique. Je voudrais, pour ma part, insister plus précisément sur la cohérence interne car elle peut déterminer l'efficacité de ce plan de développement économique.
En la matière, force est de constater l'assemblage hétéroclite de mesures et d'actions qui sont proposées. J’en veux pour preuve la cohabitation entre la prise en charge partielle des frais de scolarité d'apprentis d'un côté, de l'autre la participation des pôles de compétitivité ou encore le soutien des actions centre-ville pour du commerce de proximité – pourquoi que le centre-ville d’ailleurs ? – et puis la contribution du Conseil général au budget de Defacto. Sujet sur lequel, d’ailleurs, nous devrions prendre le temps de débattre beaucoup plus longuement parce qu’il y a, au-delà de l’impact économique qui me paraît beaucoup plus secondaire par rapport à ces deux questions centrales, la question du qui fait quoi ? qui n’est toujours pas réglée. Croyez-moi, les habitants le voient au quotidien. Deuxièmement, il y a la question de la mise à niveau de la dalle qui, à mon avis, là non plus n’a pas encore été abordée de façon suffisamment complète.
Alors, sur cette hétérogénéité que l'on peut constater, somme toute, c'est la traduction d'une absence de projet suffisamment global et l'absence peut-être d'un diagnostic territorial digne de ce nom, diagnostic non pas statique mais continu et qui doit pouvoir s'appuyer sur une expertise plus large que le seul achat de base de données économiques ou de base de données immobilières. C’est par essence la fonction, la compétence de laboratoire universitaire. Or, il s'avère que nous avons pris le parti de ne pas nous appuyer sur l'un des principaux pôles universitaires de notre Département. Ne pas l’inscrire au cœur du développement économique de ce Département est quelque chose d'assez singulier. Combien de territoires aimeraient pouvoir s'appuyer sur une force de frappe de 32.000 étudiants et pas simplement dans sa capacité à produire de la connaissance mais également à produire de la richesse et de la richesse de proximité.
Dans ces lacunes que l'on peut constater telles que, par exemple, la non prise en compte du rôle de l'université de Nanterre, il y en a d'autres qui sont, elles aussi, tout autant troublantes. Rien sur l'impact de l'évolution de La Défense qui, pourtant, va peser et pèse déjà considérablement sur nos territoires.
Qu’en est-il du Grand Paris ? La question de l’accessibilité, comment cela va jouer sur l'attractivité des territoires, sur la mise en concurrence des territoires et des zones d’activités ou encore une réflexion sur les contrats territoriaux de développement du point de vue de leur contenu économique. Des éléments qui pourraient permettre, en les croisant, d'avoir une approche suffisamment globale pour nous projeter dans l'avenir.
En ce sens, peut-être faut-il y voir un problème de méthode. J’ai le sentiment en travaillant, en lisant de long en large ce rapport et les conventions qui s'y rattachent, qu'il n'y a pas un travail qui consisterait à suffisamment s’appuyer sur les pôles de compétitivité. Autrement dit, comment articuler toutes les politiques d'accompagnement, de soutien, pour qu’il y ait un prolongement territorial par rapport à des logiques qui, à terme, vont être extrêmement structurantes.
J’ajouterai encore que nous ne systématisons pas suffisamment l’approche par les filières. C'est, par expérience, ce qui fonctionne le mieux quand on veut travailler sur des logiques territoriales avec les déclinaisons que peuvent être les clusters.
En la matière, on peut constater d’ailleurs, curieusement, l’absence de prise en compte du cluster de La Défense dont on parle dans une autre délibération mais pas dans celle-là, pourtant c’est là qu’elle devrait figurer, ou encore sur tous les développements touristiques et qui permettrait d'avoir une approche beaucoup plus intégrée.
Avant de conclure, je voudrais revenir quelques instants sur la question de l'offre immobilière professionnelle qui est abordée pour partie dans cette délibération.
Dans le moyen terme, nous courons le risque, avec les développements qui sont envisagés au niveau de La Défense, d'assister à une surcapacité de l'offre pour un type d'immobilier professionnel qui, dans un premier temps, va accentuer les concurrences internes dans nos territoires pour, ensuite, provoquer un effondrement peut-être du pôle de La Défense lui-même et, en même temps, pendant que nous courons le risque de cette surcapacité avec tout ce que cela comporte comme déséquilibre prévisible, celui de l’insuffisance persistante et récurrente d'une offre pour des PME petites surfaces et mètres carrés plus bas, ce qui pourtant constitue une priorité.
En ce sens, je trouve que ce que nous envisageons de faire pour les hôtels d'entreprise d'activité devrait être beaucoup plus important, justement pour faire face à ce déséquilibre.
Je vous le disais en introduction, un assemblage hétéroclite, des lacunes et des insuffisances, voire même des manques criants. C’est la raison pour laquelle nous nous abstiendrons.
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