Mon cher Alain, merci de m’accueillir ici à Valence. Mon cher Didier, une nouvelle fois je suis dans la Drôme. Et cette fois-ci, vous êtes venus nombreux, très nombreux.
Le printemps est annoncé ici, le vent se lève, il est dans la bonne direction, il va nous porter. C’est pourquoi je suis venu pour être emmené le plus loin possible vers la victoire, grâce à vous !
Chers amis, l’échéance approche, quarante jours. Les candidatures se révèlent, ce sera l’épreuve de vérité dans quelques jours. L’enjeu se précise. Il est simple : est-ce que la France veut poursuivre, avec le candidat sortant, la politique qui a échoué ? Ou est-ce que la France veut changer de destin en se rassemblant autour du redressement, de la justice, de la jeunesse ? C’est cela que je suis venu proposer devant vous, ici, à Valence.
Tout devrait conduire nos concitoyens à faire le choix du changement. D’abord la perte de confiance à l’égard de celui qui a dirigé la France depuis cinq ans : défiance à l’égard des promesses qui n’ont pas été tenues ; défiance à l’égard de la brutalité avec laquelle les décisions ont été prises ; défiance à l’égard de l’injustice qui a, en définitive, été la marque de fabrique des choix qui ont été faits depuis cinq ans. Tout devrait conduire les Français à vouloir le changement, par rapport aux difficultés qui sont les leurs dans leur vie quotidienne : la vie chère, la précarité, qui n’est pas simplement celle des Français qui cherchent un emploi ou qui ne disposent que d’un temps partiel, non, la précarité qui s’est installée dans toutes les entreprises par rapport à leur avenir, par rapport aux risques de licenciement, par rapport à la souffrance au travail. Difficultés pour accéder à la santé partout sur le territoire ; difficultés pour accéder au logement ; difficultés pour avoir une école digne de la République, ouverte à tous et capable de donner à chacune et à chacun la réussite.
Tout devrait conduire les Français à choisir le changement, cette conscience que les inégalités se sont creusées, que les injustices se sont marquées : baisse d’impôts pour les plus favorisés ; augmentation de la TVA pour tous les Français ; injustice sociale avec aujourd’hui l’impossibilité pour les travailleurs qui ont commencé tôt leur vie professionnelle de pouvoir accéder à la retraite à soixante ans alors qu’ils ont leurs annuités ; injustice territoriale des villes qui n’ont plus aujourd’hui les ressources nécessaires pour poursuivre leur politique dans les quartiers les plus difficiles, les zones rurales qui sont abandonnées par l’Etat incapable d’assurer le bon fonctionnement des services publics. Oui, tout devrait conduire les Français à changer !
Et nous portons — c’est ma responsabilité — la belle idée, la grande idée de l’alternance, du changement quoi doit venir si vous en décidez. Un changement pour la France, parce que la France attend un changement, d’abord dans la conception même de l’exercice du pouvoir, de la fonction présidentielle. La France attend du respect, et les Français de la considération pour chacun et chacun. La France attend de l’impartialité, de l’indépendance. La France aspire aussi à la cohérence, à la constance, à la confiance. Tout cela s’est perdu depuis cinq ans.
La France veut le changement aussi dans le redressement productif du pays. Elle a conscience que les entreprises ne disposent pas de toutes leurs capacités pour investir, pour embaucher. Et c’est ce que je porte ici dans cette campagne, au-delà de savoir comment je présiderai la France, au-delà de la conception que j’ai de la politique, c’est que mon devoir sera de redresser l’industrie de notre pays, l’agriculture, la production, notamment en offrant des instruments nouveaux, cette banque publique d’investissement qui est attendue par beaucoup de PME pour faire leurs projets de développement.
J’agirai avec les collectivités locales, avec les régions. Je porterai un nouvel acte de décentralisation parce que j’ai confiance dans les territoires. Je sais que c’est ici que vous déciderez de votre avenir.
Oui, je veux porter le changement dans la justice. C’est la raison pour laquelle je porterai la réforme fiscale qui permettra que les revenus du capital soient imposés comme les revenus du travail, que nul n’échappe à l’impôt selon les privilèges qu’il a pu recevoir ou qu’il a pu acheter. Nous plafonnerons les niches fiscales, nous ferons en sorte aussi qu’il y ait plus de justice pour la progressivité de l’impôt. C’est la raison pour laquelle quand j’ai appris qu’un certain nombre de dirigeants d’entreprises s’étaient octroyé 34 % d’augmentation de leur rémunération, j’ai considéré qu’au-delà d’un million d’euros, il devait y avoir une maîtrise, une décence, une limite. Et puisqu’ils ne l’ont pas posée eux-mêmes, nous la déterminerons et nous l’imposerons par la fiscalité.
Mais je veux changer la France, surtout, pour donner à la jeunesse la place qui doit être la sienne, la confiance dans son avenir, dans sa capacité de réussir. Parce que je sais bien que si vous êtes une même génération, nous n’avons pas tous le même âge, mais nous sommes réunis sur un grand enjeu qui nous dépasse les uns et les autres. Permettre à la jeunesse qui vient de pouvoir vivre mieux que nous. C’est ce que nous avons reçu de nos parents, de nos grands-parents, cet idéal républicain qui faisait que quels que soient les épreuves, les vicissitudes, les crises, les conflits, il y avait une marche vers le progrès, que nous étions sur ce chemin et qu’il n’était pas freiné ou ralenti. Il était à son rythme. Aujourd’hui, cette marche est s’arrêtée. Elle doit reprendre. C’est l’engagement que je veux ici porter pour le peuple français.
Cela commencera bien sûr par l’école, l’école abîmée, l’école abaissée, l’école affaiblie. Avec nous, l’école reprendra confiance parce que nous lui donnerons les moyens indispensables pour permettre que dès la maternelle, le primaire, aucun jeune ne soit laissé de côté, aucun atout pour la France ne soit gâché, aucun espoir ne soit floué. Et que tous les jeunes de France et leurs parents puissent se dire que par l’école, il est possible de changer son destin. C’est pourquoi j’ai affirmé la nécessité de créer 60 000 postes dans l’éducation — parce qu’ils en ont supprimé 80 000 ! Je les mettrai là où il y a le plus de besoins. Je n’accepterai pas que dans les zones rurales, il soit possible de fermer des classes quand il y a des élèves que nous devons accueillir. Je n’accepterai pas davantage que dans les quartiers difficiles, il n’y ait pas plus d’enseignants qu’il n’y en a aujourd’hui, plus d’encadrants, plus de surveillants, plus d’infirmières scolaires. Ce n’est pas simplement un droit, c’est un devoir pour que nous réussissions tous !
Enfin, je veux changer la France pour qu’elle se retrouve autour d’une grande cause qui est celle de la laïcité, qui nous permettra, sans qu’il soit besoin de pointer du doigt telle ou telle religion, de vivre ensemble avec le souci de la liberté de chacun et en même temps la garantie qu’aucune religion ne viendra là où elle n’est pas attendue, c’est-à-dire l’espace public, c’est-à-dire l’école publique, c’est-à-dire les services publics. Parce que c’est la condition de vivre ensemble.
La France doit se rassembler sur des idées autres, sur des grands enjeux, mais par sur des peurs, par sur des replis, par sur des crispations. La France n’a pas besoin d’avoir peur pour être unie. Elle peut se rassembler en ayant d’abord espoir. La France n’a pas besoin d’être brutalisée comme elle l’a été depuis cinq ans pour être protégée.
Moi, je veux protéger la France en la rassemblant, en la réunissant, et non pas en stigmatisant, en montrant du doigt, en écartant, en repoussant, en opposant. Il n’y a pas plusieurs France dans le pays de France, il y a des Françaises et des Français qui veulent vivre ensemble et qui n’ont pas besoin de s’opposer entre les jeunes et les plus anciens, entre les fonctionnaires et les salariés du privé, entre les chômeurs et les travailleurs, entre les Français de souche et ceux qui sont venus depuis plus récemment, entre les Français et les étrangers qui sont là avec des droits qui sont ceux de l’accueil dès lors qu’ils sont en situation régulière. Nous devons vivre ensemble pour porter ensemble les valeurs de la République.
La France, notre France, n’a pas besoin d’inventer un modèle pour être elle-même. Nous n’avons pas besoin de regarder ce qui se passe outre-Atlantique ou en Angleterre — encore que maintenant, c’est moins un exemple. Mais voilà qu’on nous dit qu’il faudrait ressembler aux Allemands. J’ai beaucoup de sympathie pour les Allemands, beaucoup d’amitié. Ils réussissent formidablement dans bien des domaines. Mais notre peuple n’imite personne ! La France n’a pas besoin d’aller regarder ailleurs pour savoir ce qu’elle doit faire. La France a suffisamment d’atouts, suffisamment de force, suffisamment de talent, et un modèle social qui a fait ses preuves. Cela ne veut pas dire qu’il ne doit pas être réformé pour porter l’avenir de notre pays et relever le défi de la production, de la compétition mais aussi du partage.
Voilà pourquoi je mène campagne. En venant ici, j’ai reçu les mêmes témoignages que partout ailleurs. On me dit : courage ! Mais nous l’avons, le courage ! Nous l’avons parce que nous sommes conscients de l’enjeu, nous ne céderons rien et nous irons jusqu’au bout. Et vous savez que le bout du chemin, ce n’est pas simplement le premier tour — c’est important -, c’est le second tour, la victoire. Mais au-delà de la victoire, c’est le changement de la France que nous devons accomplir.
On me dit aussi : tenez bon ! Mais je tiens ! On m’encourage, on me dit : accrochez-vous ! Mais je m’accroche à tout ce que je peux ! Mais c’est vous, c’est vous qui me donnez du courage, de la force, et la capacité de faire gagner la France !
Le candidat sortant s’est lancé dans une course à bride abattue. Mais c’est plutôt une fuite en avant. Il n’a d’ailleurs pas de bilan. A peine sait-il — et je veux lui rappeler — qu’il a présidé la France depuis cinq ans ! Il finirait par l’oublier au prétexte qu’il aurait changé. Il nous a fait une confidence. Il faut l’entendre ! Il nous a confié l’autre dimanche qu’élu président de la République depuis cinq sans, il avait appris. Il avait appris que ce n’était pas facile. Il avait appris que la tâche était lourde. Il avait appris qu’il ne pourrait pas respecter ses promesses. Mais nous, nous avons appris surtout qu’il avait été un mauvais président ! Et même si chacun doit, bien sûr, en accédant à une responsabilité aussi éminente que celle de président de la République, avoir une période d’observation, je tiens à dire qu’un quinquennat n’est pas un stage d’apprentissage, et qu’il convient de s’y préparer suffisamment à l’avance pour ne pas être surpris par les événements et par les charges de la fonction !
Il s’est lancé dans une course, il n’a pas de bilan et il n’est responsable de rien. Ce sont ses prédécesseurs, y compris même les plus proches dont il était le ministre. Ce sont aussi ses lointains prédécesseurs, la Gauche bien sûr, alors que nous sommes dans l’opposition depuis dix ans ! Cela ne va pas durer ! Et je me demande parfois en l’écoutant s’il ne pense pas que la responsabilité de la situation, c’est aussi celle de son successeur… C’est possible, ce n’est jamais lui, c’est toujours les autres, jamais sa politique mais la crise, jamais sa gestion mais celle de l’Europe, du monde, des voisins. Il voulait décider de tout. Il nous disait qu’avec lui, tout deviendrait possible. Et de tout aujourd’hui, il n’est jamais pour rien !
Et le voilà qui est touché en cette fin de mandat non pas par la grâce — je ne veux pas mettre la religion là où elle n’a pas sa place — mais par la révélation. Après avoir été inerte pendant cinq ans devant les pertes d’emploi (400 000 emplois industriels), voilà que toutes affaires cessantes, il se porte au secours des entreprises en difficulté, en appelant d’ailleurs ses amis les patrons du CAC 40 à la rescousse pour trouver des solutions qui je l’espère — car je pense à ces travailleurs, et notamment à ces travailleuses de Lejaby — seront durables. Je ne voudrais pas qu’il y ait eu là encore des illusions qui soient distribuées en cette période d’élection.
Après avoir laissé l’Europe dont il a assumé la présidence, après avoir dirigé la France pendant cinq ans et laissé ouvertes — grandes ouvertes — les portes de notre continent aux produits venant de l’étranger, voilà qu’il découvre avec effroi les horreurs de la mondialisation et qu’il veut y porter remède, lui tout seul, cinq ans après, alors qu’il n’est plus qu’un candidat et bientôt plus un président ! La révélation, vous dis-je. Après avoir servi les intérêts des grandes entreprises du CAC 40, voilà que bien informé, il prend conscience qu’elles ne versent plus l’impôt sur les sociétés, et que même Total, grande entreprise pétrolière, n’aurait pas versé d’impôt sur les bénéfices pendant plus de quatre ans. Alors, il invente un impôt minimal sur les bénéfices. Mais pourquoi minimal ? Ce qu’il faut, c’est une réforme de l’impôt sur les sociétés, qui fasse que les grands groupes payent 35 % d’impôt sur les sociétés, et les plus petites seulement 15 % d’impôt sur les sociétés.
Révélation toujours. Après avoir protégé les plus riches avec un bouclier fiscal, avec la baisse de l’impôt sur la fortune, avec la diminution de l’impôt sur le revenu grâce à des niches fiscales particulièrement opportunes, voilà qu’hier soir, il prétend aller les chercher dans leur exil. Je voudrais les rassurer : ils n’ont rien à craindre, car sa mesure de fiscaliser les exilés est un leurre. Car la plupart en seraient dispensés. Ceux qui ont des revenus exceptionnels ne seraient pas touchés. Ceux qui ont mis leur patrimoine dans un certain nombre de pays ne seraient pas concernés. Qui les serait alors ? Certains revenus du capital dont la rémunération serait plus haute ici en France que dans leur pays d’exil. Très peu de monde en fait, dès lors qu’il ne touche pas à l’impôt sur la fortune, qu’il permet à ces exilés d’en être exonérés. Voilà pourquoi la mesure annoncée n’aurait pas de conséquence. Et s’il faut chercher une mesure par rapport à l’exil fiscal, ce serait de rappeler non pas les revenus du capital, mais en définitive l’impôt sur le patrimoine qui échappe au Trésor public et qui normalement devrait être versé. Nous y réfléchirons. Il nous a donné une idée.
Mais, chers amis, nous n’avions pas tout vu, tout entendu ! Après avoir fait six lois sur l’immigration en dix ans, prôné l’immigration choisie qui laissait entendre que la moitié de l’immigration légale devait venir de travailleurs accueillis dans notre pays, voilà qu’il prend conscience qu’il y a trop d’étrangers. Et il s’en prend à qui ? Aux conjoints de Français, à ceux qui sont mariés et qui ne pourraient pas se retrouver ! Ou alors, pour se retrouver, il faudrait qu’ils fassent la démonstration qu’ils ont suffisamment de revenus pour pouvoir vivre ensemble. Curieuse conception de l’égalité ! Ou le mariage est faux et il doit être annulé, ou le mariage est réel et ceux qui se sont mariés doivent avoir les mêmes droits, même quand il y a un conjoint étranger.
Et maintenant, voilà qu’il s’en prend à Schengen. Toujours son irresponsabilité : ce n’est pas lui, c’est l’Europe ! Et cette Europe, c’est l’Europe de Schengen. La négociation est en cours. J’ai appris que le ministre de l’Intérieur n’y était pas venu, il est trop pris par la campagne électorale. Belle entreprise que celle qui a été engagée par la France !
Mais j’ai entendu bien pire. J’ai entendu le président de l’Office national pour l’immigration, nommé par le candidat sortant, qui disait qu’il fallait élever un mur, avec des barbelés si c’était nécessaire, entre la Grèce et la Turquie. Outre le fait qu’entre la Grèce et la Turquie il y a aussi la mer, ce qui pour le mur serait quand même une difficulté… mais même pour la partie terrestre, en arriver à prôner dans l’Europe des 28, aujourd’hui, qu’il faut mettre des murs quand ils se sont effondrés sous la pression des peuples pour la liberté ! Eh bien notre, ce n’est pas notre conception de l’Europe et notre vision du monde.
Mais le plus cocasse encore restait à venir. Il y a encore quelques jours, il nous déniait le droit de renégocier un traité, celui sur les disciplines budgétaires, traité à peine signé et pas encore ratifié, au prétexte que c’était trop tard et que l’élection présidentielle arrivait après. Oubliant que c’est le peuple français qui va décider de son avenir et lui seul, que c’est le peuple français qui à travers l’élection présidentielle va dire ce qu’il veut comme avenir en Europe et notamment sur ce traité. J’ai indiqué clairement le sens que je voulais donner à cette renégociation. Nous respecterons les disciplines budgétaires — c’est nécessaire de retrouver l’équilibre des comptes publics, ici comme ailleurs. Nous acceptons l’idée d’une gouvernance économique de l’Europe — c’est indispensable si nous voulons coordonner nos politiques économiques. Mais nous voulons ajouter une dimension indispensable : la croissance, l’emploi, l’industrie, tout cela devra être mis dans le traité si nous voulons qu’il y ait une Europe qui bien sûr assure les disciplines, mais porte ensemble une dimension indispensable pour les peuples et qui s’appelle la croissance et la confiance.
Et voilà que lui-même, alors qu’il nous déniait ce droit de renégocier un traité pas ratifié, j’entendais l’autre soir qu’il était prêt à renégocier trois traités signés, ratifiés et appliqués depuis des années ! Et même, il annonçait — ce qui a fait trembler dans les capitales européennes qui le connaissent bien, qui savent ce qu’il faut penser de ses incantations… — que s’il n’obtenait pas satisfaction au bout d’un an, s’il est réélu — ce n’est pas que ce n’est pas sûr, c’est que ce n’est pas sûr du tout — il était prêt à se retirer de l’application de ces traités, oubliant que là, il y a des règles européennes qui s’imposent à tous et à toutes les Nations. Et que le rôle d’un Européen c’est à la fois de renégocier tout ce qui doit être renégocié, et en même temps de faire avancer l’Europe sans lui faire pour autant chantage à notre séparation, y compris sur des parties de traités.
Nous demanderons de renégocier le traité sur le pacte budgétaire. Et d’ailleurs, s’il n’était pas renégocié, comment pourrions-nous le ratifier ? Nous avons, nous, cet instrument qui s’appelle la volonté du peuple et qui s’exprimera à l’occasion des élections présidentielle et législatives.
Je veux vous dire que dans cette campagne qui est maintenant engagée, où nous connaissons les protagonistes, nous ne laisserons pas faire cette manœuvre, cette mystification et cette manipulation. La France ne peut pas se faire abuser cinq ans de plus. En 2007, un candidat s’est présenté avec un programme, ce qui n’est pas le cas cette fois-ci. Ce programme n’a pas été respecté, ou plutôt ce qu’il avait de pire a été appliqué, et ce qui avait été promis de mieux — le pouvoir d’achat, l’emploi, la sécurité — ne l’a pas été. Eh bien, le temps de la responsabilité est venu, et le temps du changement aussi. C’est mon rôle, c’est mon devoir.
Dans cette campagne, j’ai trois principes. Le premier : dire la vérité. Vous allez me dire, chacun le dit aussi à sa façon, sans doute que chacun a sa vérité. Mais il y a la vérité, il y a la vérité des chiffres, il y a la vérité des faits, il y a la vérité des engagements. Ce qui est possible sera fait. Ce qui n’est pas possible ne sera pas promis par moi. Parce que j’ai le sens de ce respect en démocratie qui s’appelle l’engagement. Parce que l’authenticité, ce n’est pas de changer perpétuellement pour changer, en définitive, la vérité des faits et des actes.
Mon second devoir, c’est le devoir de cohérence. J’ai présenté soixante propositions. C’était au Bourget à la fin du mois de janvier. Ces propositions sont connues, sont diffusées largement — et j’en remercie tous les amis qui y contribuent. Ces propositions sont chiffrées, le financement a été établi. Cela ne m’empêche pas d’en ajouter une ou deux de plus au cours de la campagne. Mais il y a une cohérence : cohérence politique, cohérence économique, cohérence financière.
J’ai mis tout devant les Français, je n’ai rien dissimulé, rien caché. Et ce n’est pas parce que d’autres n’ont pas cette conception-là de la démocratie que pour ma part, je me lancerai dans je ne sais quelle surenchère, improvisation, et en définitive manipulation ou instrumentalisation. Je crois que les Français, épuisés par les cinq dernières années, veulent de la constance, de la ténacité, de l’harmonie, j’allais presque dire du calme. Ils veulent du respect et de la considération.
Mon troisième devoir, c’est de donner de l’espoir, de l’espoir à la France qui est un beau et grand pays et qui mérite mieux que ce qu’elle a depuis trop longtemps, maintenant ! La France qui est une grande Nation, qui vient de loin, qui porte des valeurs, qui a une jeunesse forte et en même temps exigeante. La France qui a été capable à chaque fois de surmonter ses épreuves. La France du Conseil national de la Résistance qui a inventé un modèle social dont nous allons bientôt fêter l’anniversaire. La France qui a surmonté des crises, la France de la solidarité, la France de la citoyenneté. Merci, merci aux élus locaux qui se dévouent pour la démocratie locale ! Merci, merci aux syndicats qui défendent les salariés ! Merci, merci aux organisations professionnelles qui défendent leurs droits ! Et enfin gratitude, oui gratitude, aux associations qui se battent tous les jours pour que notre vie soit meilleure. On les appelle les corps intermédiaires, non, c’est le corps de la France qui veut changer son destin !
Chers amis, une élection présidentielle telle que je la conçois, telle que je la prépare, telle que je la veux, doit élever et non pas abaisser, doit rassembler et non pas diviser, doit réunir autour d’une grande cause et pas de petites manœuvres ou de petites tactiques, allant regarder quel électorat pourrait nous venir en soutien. Je m’y refuse ! Viendront ceux qui voudront venir. Et je ne flatte personne, je ne me tourne vers aucun groupe, aucune faction, aucun clan en espérant son soutien. Une élection présidentielle, quel qu’en soit le vainqueur — j’ai ma préférence… — c’est ce qui doit nous rendre plus fiers, plus forts, plus solidaires, plus conscients d’appartenir à un même destin. Ce sera une élection, d’un certain point de vue, historique, celle du mois de mai qui arrive, du mois de mai comme celui de 1981 qui avait été tellement attendu, espéré. Sauf que cette fois-ci, nous avons en plus l’expérience, nous savons ce qu’il convient de faire et de ne pas faire, et nous sommes conscients de ce qui nous attend dans le vaste monde et en Europe. Rien ne nous sera épargné. Il nous faudra combattre, après, toujours. Une élection n’est pas un aboutissement, c’est un point de départ.
Mais nous n’en sommes pas là. Nous sommes en campagne. Elle sera âpre, rude, difficile. La Droite ne nous lâchera rien que nous ne soyons capables d’aller conquérir par nous-mêmes. Elle se battra jusqu’à son dernier souffle. Elle considère que le pouvoir est sa propriété, son patrimoine, que la Gauche ne peut venir à la responsabilité du pays que par accident ou par effraction. Eh bien non, la Gauche vient quand les Français ont décidé de lui accorder la confiance du peuple et du suffrage !
Le candidat sortant considère que nul ne peut devenir président sauf celui qui l’est déjà, parce qu’il en aurait l’expérience, parce qu’il aurait connu les affres de la fonction, parce qu’il aurait appris tout simplement à être président. Eh bien non, je n’ai pas l’expérience d’un président, et encore moins d’un ancien président, je ne demande pas qu’on me juge par rapport à une expérience, celle d’un pouvoir que je n’exerce pas. Je demande qu’on me juge sur ma cohérence, qu’on me juge sur mes propositions, qu’on me juge sur ma capacité de devenir président. Il y a toujours un risque, il y a toujours une peur. Selon le vieil adage populaire « on sait ce qu’on a mais on ne sait pas ce qu’on pourrait avoir » ! Mais retournez l’adage : c’est parce qu’on sait ce qu’on a qu’on peut prendre le risque de ce qu’on pourra avoir.
Chers amis, je veux interrompre là notre échange, notre dialogue, je pourrais y passer toute l’après-midi sous ce beau soleil, j’aurais tellement de choses à vous confier. Mais il faut que chacun fasse son travail. Vous devez repartir faire le vôtre, et moi faire la campagne. Mais surtout, un dernier conseil : ne vous laissez impressionner par rien, ni par le déferlement des moyens, de l’argent, ni par le cortège des images ou l’accumulation de sondages. Un ne nous serait pas aussi favorable que les autres ? Je les regarde, et ce qui compte pour moi ce n’est pas des sondages qui m’ont déjà vu élu depuis tellement de mois, c’est le vote des Français ! Le vote dont je ne sais rien et à qui nous devrons tout.
Ne vous laissez pas intimider par les confusions, les agitations, les opérations, mais souvenez-vous d’une chose : rien n’est fait, rien n’est acquis, rien n’est gagné. Et encore moins, rien n’est perdu ! Tout recommence toujours, chaque jour est un nouveau jour de campagne. Et jusqu’au bout, nous devons, je dois faire ce devoir civique d’aller convaincre. Tout se mérite, et une élection présidentielle encore davantage. Solliciter le peuple pour devenir le chef de l’Etat, cela suppose effectivement beaucoup de constance, beaucoup d’engagement, beaucoup de volonté, beaucoup de préparation, et beaucoup d’encouragements.
Un dernier conseil : ne craignez rien, ne pensez pas que la peur peut être l’argument. Vous n’êtes pas les candidats, les militants, les acteurs de la peur. Vous êtes d’une certaine façon avec moi candidats, les militants, les sympathisants, les acteurs de l’espoir. Vous êtes plus que cela, vous êtes des citoyens qui voulez l’égalité, l’égalité au cœur de la République, l’égalité jusqu’au bout, l’égalité entre les femmes et les hommes, l’égalité entre les personnes handicapées et les autres, l’égalité entre les Français de droit et de devoir, égalité partout ! Egalité parce que c’est la République ! Egalité parce que c’est notre projet.
Soyez dans cette campagne comme je le suis : serein, calme, tranquille, mobilisé, ardent, décidé, ambitieux même pour mon pays et pour l’Europe. Tenez bon ! A mon tour, je vous le dis, tenez bon ! Ça vient, ça arrive, c’est proche ! Respectez les Françaises et les Français, allez les chercher, allez les convaincre, dites-leur que c’est au premier tour — au premier tour — que la dynamique se crée, que les écarts se font. C’est au premier tour que, ce premier dimanche, nous comprenons ce que va être une possible victoire. C’est le premier tour qui fait le second, et le second confirme le premier tour. Alors, nous devons nous rassembler dès le premier tour.
Je respecte les autres candidats de la Gauche. Ils ont leur place, ils ont leurs droits, ils ont leurs idées. Mais ce qui m’habite, moi, c’est que je veux gagner l’élection présidentielle ! C’est la tâche, c’est le mandat que vous m’avez confié, gagner, gagner l’élection présidentielle. Alors, permettez-moi d’y parvenir, non pas pour moi-même, non pas pour nous, mais pour la France.
Je tiens le cap, je ne dévie pas, je connais la route, je garde le rythme, je sais où je veux vous emmener : c’est le 6 mai, c’est la victoire pour la République et pour la France !
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