Je suis là aussi pour réparer une erreur de l’Histoire. Jamais depuis le début de la Ve République, un candidat socialiste dans le cadre d’une campagne présidentielle n’est venu en Guyane. Même François Mitterrand avait commis cet impair. Cela ne l’avait pas empêché d’être élu ! Mais je me suis dit qu’il valait mieux assurer et faire en sorte que vous, les Guyanais, vous me regardiez aujourd'hui comme candidat pour me voir demain président.
Je voulais être devant vous parce que c’est une question de reconnaissance, de reconnaissance de ce que la Guyane apporte à la France. Sa population d’abord, dont la diversité est une richesse. Sa géographie, qui est un don de la nature qui fait que vous êtes placés là, au nom de la France, sur le continent américain, que vous avez une longue frontière avec le Brésil, qui fait que vous nous représentez dans cette Amérique pour nous permettre de défendre nos intérêts et aussi de coopérer avec vos voisins qui sont nos amis. Et c’est vrai qu’avec le Brésil, nous avons tant de choses qui nous unissent, en particulier sur le plan politique. Car au Brésil, ce sont des présidents de gauche qui se succèdent, et cela a été pour moi une grande rencontre que d’être avec le Président Lula alors qu’il n’était que candidat et qu’il est devenu président deux fois. Ça donne des idées !
Merci pour ce que vous apportez à la France par votre biodiversité, par la qualité de vos paysages, de vos pays, mais aussi parce que vous nous avez permis, Christiane l’évoquait, d’être une grande puissance spatiale et de pouvoir envoyer je ne sais combien de fusées dans l’espace. Oui, merci à la Guyane pour ce qu’elle donne à la France, y compris son énergie, maintenant peut-être du pétrole. Voilà que la France pensait n’avoir que des idées, et grâce à vous elle aura aussi du pétrole !
Mais je viens aussi ici en Guyane pour dire combien vous devez encore servir la France et servir la République. Parce que vous êtes une terre et une population qui donnent une leçon à la République, une leçon de vie, une leçon de respect, une leçon de diversité, une leçon de reconnaissance, de dignité. Vous avez été capables de vivre ensemble, vous les Créoles, fruit du creuset guyanais depuis des siècles, les Amérindiens, les Bushinengés, les Métropolitains, les Chinois, les Vietnamiens, les Libanais, les Syriens, les Haïtiens qui nous ont rejoints. Voilà, vous avez fait, finalement, la preuve que nous pouvions vivre ensemble en étant de parcours différents, d’origines différentes, de situations différentes - et être ensemble dans la République à égalité de droits et de devoirs.
La République vous doit de vous permettre ce développement solidaire auquel vous aspirez. Vous avez de nombreux atouts, ils ont été évoqués. Votre sol contient de l’or, faut-il encore qu’il soit exploité avec respect, mesure, précaution. C’est pourquoi il avait été souhaité qu’il y ait un schéma pour fixer ce qui pouvait être accepté et ce qui ne devait pas l’être. Ce schéma devait à la fois protéger l’environnement, mais permettre aussi l’exploitation économique de cette ressource, l’or.
Une fois que les garanties en matière d’environnement sont obtenues, fixées, ce que vous devez et ce que nous devons vous assurer, c’est d’avoir la retombée financière ici, en Guyane, de l’exploitation d’une richesse qui est la vôtre. Je veillerai donc à ce que par la fiscalité, par les redevances, cette future exploitation du pétrole et les travaux qui précéderont les premiers gisements exploités vous soient retournés en large part.
Vous avez aussi cette capacité d’accueillir une activité spatiale de haute performance. Donc, vous devez en obtenir - et nous veillerons à ce qu’il en soit ainsi - des retombées en termes d’emploi, en termes d’activité, en termes de formation.
Je n’ignore rien de vos difficultés, des problèmes de logement, des problèmes de transport, d’équipements. Vous avez tant à attendre, et en même temps vous n’avez rien à quémander ou à réclamer, si ce n’est vos droits et votre reconnaissance
D’abord pour qu’il y ait plus de moyens dans l’école. Parce que je ne peux pas accepter qu’il y ait de l’illettrisme ici en Guyane, qu’il y ait de la déscolarisation, qu’il y ait des résultats au bac très largement inférieurs à la moyenne nationale, que beaucoup de jeunes sortent du système de formation sans aucune qualification. Nous mettrons les moyens nécessaires dans l’école de la République pour qu’il y ait la prise en charge dès le plus jeune âge des enfants, qu’ils soient accompagnés vers des parcours professionnalisants, et que des études puissent aussi être données à ceux qui font l’effort de les suivre. Il y a tant, là aussi, de besoins à satisfaire ! Je veux que les enseignants de Guyane puissent être des Guyanais. Je veux qu’il puisse y avoir des médecins formés pour la Guyane. Je veux qu'il y ait des cadres nécessaires pour les entreprises qui travailleront ici en Guyane. Voilà ce que nous avons à faire !
Et puis, nous avons aussi à permettre la professionnalisation, l’entrée dans la vie active par les contrats de génération. Cela veut dire davantage d’emplois-jeunes, davantage d’emplois aidés et un contrat d’insertion pour l’entreprise qui voudra accueillir ces jeunes. Vous avez des capacités considérables, à nous de vous donner les moyens de les développer, de les amplifier, de les faire réussir.
Voilà aussi ce qu’il faudra faire pour la lutte contre l’insécurité. Nous mettrons des moyens supplémentaires, je l’évoquais, dans les quartiers les plus exposés à la violence. Nous ferons en sorte qu’il y ait une recherche de davantage de coopération entre les autorités locales et les autorités de sécurité au nom de l’Etat.
Je veux aussi que vous puissiez avoir une coopération avec les pays qui vous sont voisins. Je prends devant vous un engagement, je l’ai dit en Martinique et je le redis ici en Guyane : si vous voulez participer au nom de la France aux coopérations régionales, vous le pourrez. C’est vous qui, dans toutes les organisations commerciales, culturelles de coopération, c’est vous qui représenterez la France.
Je sais qu’il y a eu un grand débat en Guyane, comme d’ailleurs dans les autres régions d’Outre-mer, pour savoir s’il fallait être dans l’article 73 ou 74 - ce qui pour la population n’était pas si facile. Un choix a été fait, celui de l’article 73. Vous avez une collectivité unique. J’ai l’impression que cela ne se passe pas si facilement. Je leur dis, notamment devant le Président du Conseil général : si cette collectivité veut à un moment prendre, parce que la loi le lui permettra, des responsabilités y compris législatives, cette collectivité les prendra. C’est vous qui déciderez, à chaque étape, de ce que vous devez faire pour votre territoire.
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