Intervention de Jean-André Lasserre le 24 juin sur l'université de Nanterre et sur ECRIN.
"Il y a des silences ou des absences qui nous interpellent et qu'il faudrait combler. Il s'avère que le 17 juin a eut lieu l'inauguration de l'ECRIN, Institut du numérique de l'université Paris Ouest Nanterre la Défense. Cet Institut a été crée avec l'aide d'une subvention du Conseil Général des Hauts-de-Seine à hauteur de 750 000 euros, subvention qui permet de couvrir tout le travail de cet institut.
(M. Devedjian intervient pour nier la présence d'un institut)
M. Lasserre.‑ Si, il y a un Institut. Vous confondez une vision purement institutionnelle avec une logique de projets qui est le type d'organisation que l'on retrouve dans n'importe quelle entreprise aujourd'hui en France et ailleurs ou dans toute organisation publique par ailleurs.
Le monde a changé. Alors, pour comparer il suffit de constater qu'en face, il y a 8 millions d'euros pour les 1 200 étudiants de la Fac PASQUA, donc on voit bien les différences dans les choix qui sont faits.
Quoi qu'il en soit, tous les conseillers généraux étaient invités à cette inauguration et nous étions seuls, pour la présentation alors qu'on a pu constater qu'il y avait des choses extrêmement intéressantes qui se mettaient en place à la fois visant à enrichir le contenu des formations existantes d'une part et d'autre part à travailler sur de nouveaux emplois et nouvelles compétences et troisièmement à travailler sur la valorisation de la recherche.
Finalement, quelque part dans cette valorisation de la recherche, il y a son enrichissement avec des retombées potentielles de mon point de vue en tout cas, de ce que j'ai pu voir, assez importantes par rapport au développement économique qui ont des liens très forts avec certains pôles de compétitivité développés dans notre Région.
En tous les cas, nous étions seuls et cela nous a considérablement inquiétés puisque cette subvention s'arrête, je crois, en septembre 2011 et que se pose la question de la suite.
Nous souhaiterions bien évidemment que l'on continue ce partenariat, que l'on reconduise cette subvention pour permettre à cet institut de poursuivre son action.
(Patrick Devedjian nie à nouveau l'existence d'un institut)
M. Lasserre. ‑ L'institut pour travailler sur les savoirs numériques et l'université de demain, qu'est-ce que pour vous un Institut ? Une personne morale ? C'est une vision classique, très Education nationale secondaire.
M. Le Président (Patrick Devedjian)‑ Je vous fais seulement observer que l'Université de Paris X n'a pas respecté ses engagements.
M. Lasserre.‑ Lesquels ?
M. Le Président (Patrick Devedjian)‑ Les engagements de créer un Institut du numérique ni formel, ni virtuel, Monsieur Lasserre, il n'en a été créé aucun. Je tiens les documents à votre disposition, si vous le voulez.
Je vais vous dire, il se trouve que nous avons eu une réunion de travail avec la Présidente de Paris X et qu'elle a reconnu elle-même, et cela figure au PV, que cet institut n'avait pas été créé, ni d'une manière, ni d'une autre, que simplement on avait présenté au Département la liste des dépenses en matière numérique de l'Université, qui sont utiles, je n'en disconviens pas.
Par exemple, je crois que près du quart ‑je parle de mémoire‑ de la dépense a consisté à numériser des documents de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine. Je ne disconviens pas de l'utilité de cette numérisation, mais je dis que cela n'a rien à voir avec la création d'un Institut du numérique qui était destiné à dispenser un savoir dans le domaine du numérique de manière à former dans ce domaine des étudiants capables d'occuper des emplois.
On s'est servi de cela pour acheter un peu de matériel, on a acheté des ordinateurs, des choses comme cela.
Tout ceci n'est pas inutile. J'ai la liste des dépenses, je la tiens à votre disposition, qui montre comment cet argent a été employé. Il n'a pas été employé pour créer un Institut du numérique et aucun enseignement du numérique sous quelque forme que ce soit n'a été créé à la suite de cela. Donc Paris X n'a pas rempli ses engagements.
M. Jean Sarkozy.‑ Il n'y a pas de dépenses d'enseignement du numérique au cours du premier exercice, mais il a été constitué un centre de ressources. Il y a un malentendu peut-être sur l'objet de cet institut du numérique.
La mise en place d'une formation comme celle-là, à mon avis, c'est autre chose. C'était un centre de ressources pour des chercheurs.
M. Le Président (Patrick Devedjian)‑ Cela n'a pas été créé.
M. Sarkozy.‑ La démarche a été initiée.
M. Lasserre.‑ Je vous parle de ce que nous avons pu voir et entendu et les conclusions qu'on a pu en tirer.
Il y a deux choses, la première, dans le numérique soit on est sur le contenant, soit on est sur le contenu, ou bien on essaye de travailler sur l'interface, entre ces deux dimensions.
L'originalité de cet Institut c'est de travailler sur l'interface entre ces deux dimensions. Bien évidemment, pour qu'il puisse développer les actions de formation et de recherche, il faut derrière qu'il y ait un environnement numérique qui le permette, d'où le travail de numérisation.
La deuxième chose c'est que le numérique quand on travaille sur la notion de savoir, puisque c'est là-dessus que cela porte et c'est là-dessus qu'il y a le plus d'opportunités aujourd'hui, la partie technologique ce n'est rien par rapport à tout ce qu'on va en faire derrière et les contenus qu'on va pouvoir développer.
Pour que cela puisse fonctionner, il faut une approche transversale, c'est‑à-dire entre plusieurs entités, entre plusieurs disciplines.
Et donc toute l'originalité, je trouve, de cet Institut c'est de vouloir créer les conditions de mise en synergie et quand on regarde ensuite les axes de travail, cela ne fait que quelques mois que c'est mis en place, il y a trois choses qui me paraissent intéressantes :
Premièrement, c'est d'enrichir le contenu de formations existantes par une dimension numérique, ce qui n'était pas le cas auparavant. Dans toutes les disciplines nous avons besoin de cette approche, y compris dans le juridique, y compris dans les sciences sociales, puisque c'est en train d'innerver tous les secteurs de façon transverse.
La deuxième chose c'est de progressivement créer des productions de compétences de formation par rapport à des emplois en devenir qui vont émerger
Et troisièmement c'est créer un environnement qui puisse être conforme à l'ambition de l'Institut. Je pense que dans une logique comme celle-là, il faut, pour qu'il puisse s'installer, se mettre en place reconduire cette subvention, l'accompagner vers quelque chose qui, à terme, pourrait s'avérer être intéressant, parce que ce qu'on constate avec tous ces supports, c'est que finalement l'imbrication entre le contenant et le contenu est très forte et que du coup c'est là-dessus qu'il faut réussir le pari.
C'est le principal enjeu dès lors qu'on est dans la production de connaissance, dans la production de compétences et derrière, bien évidemment, l'accompagnement que constitue la recherche.
Je trouve que c'est une démarche qui est moins classique que ce qu'on est en droit d'attendre de la notion d'Institut, c'est ce que je voulais dire au sens classique du terme, Institut, IUT, personne morale, on est dans une discipline...
M. Le Président.‑ C'est cela qui a été promis au Conseil Général !
M. Lasserre. ‑ Aujourd'hui, dès lors qu'on intervient sur ce type de discipline, sur ce type de problématique, on ne crée pas de structure justement. On crée des logiques de projets, des systèmes transverses parce que cela ignore les découpages classiques.
M. Le Président (Patrick Devedjian) ‑ Ce n'est pas vrai, ce n'est pas ce qui s'est passé. Je sais ce qu'est une action transversale... j'ai vu votre main, Madame Gouriet. Je peux parler ? Je vous ai dit que vous étiez inscrite.
Je vous dis que ce sont des actions dispersées sans aucune coordination entre elles et sans aucune cohérence entre elles qui ont été regroupées sous un label commun que vous appelez ECRIN.
C'est absolument tout ce qu'il y a. C'est d'une totale dispersion, aucune cohérence d'ensemble dans les dépenses qui ont été faites à partir de la subvention du Conseil général et qui ne correspondent donc en rien aux engagements qui ont été pris devant l'Assemblée du Conseil Général.
M. Lasserre.‑ Quel est l'indicateur qui peut être utilisé pour mesurer ce que vous dites ? La présence ou pas d'un coordinateur... il y en a un.
M. Le Président.‑ Non, il n'y a pas un coordinateur, il y a un Directeur du numérique.
M. Sarkozy.‑ Je serais heureux de l'avoir pour me faire une opinion, parce que cela va vite et dans le débat on peut mettre en avant un argument...
M. Le Président (Patrick Devedjian)‑ Bien sûr.
M. Sarkozy.‑ Mais je veux dire que dans l'Institut numérique, qu'il y ait une phase de numérisation cela me paraît logique.
Après qu'il y ait une phase pour aider les étudiants à s'approprier ces nouvelles technologies, cela me paraît logique et le cœur de la mission de cet Institut numérique c'est de faire en sorte que les chercheurs travaillent sur cela.
M. Le Président (Patrick Devedjian) ‑ Deuxième projet, vous allez être très satisfait, pour la numérisation vous n'allez pas être déçu, « l'archéologie en image, numérisation d'archives et valorisation de la production scientifique placée sous la responsabilité de ...Ingénieur de recherche. Ce projet se décline : numérisation et mise en ligne d'archives de fouilles archéologiques. » C'est très utile, c'est très intéressant. Suit tout le projet que je vous épargne.
Cela n'a rien à voir avec la création. Il ne suffit pas de numériser des documents pour faire un Institut du numérique quand même !
M. Sarkozy.‑ Non, mais...
M. Lasserre.‑ Aujourd'hui, ces quelques exemples sont très intéressants. Qu'est-ce qu'ils montrent ? Ils montrent qu'en effectuant ce travail de numérisation qui est de l'investissement par rapport à ...
M. Le Président.‑ Ils peuvent sortir les avirons ! Il faut ramer...
(…)
M. Le Président.‑ Monsieur Lasserre, vous vous êtes déjà exprimé longuement, on est sur le Budget, on n'est pas dans un débat là-dessus....
M. Lasserre. ‑ Président, je voudrais rebondir sur vos exemples. Qu'est-ce qu'on voit à travers ce que vous avez cité ? C'est que cette logique de numérisation est en train de modifier des emplois par le biais de ces techniques, c'est‑à-dire que les emplois classiques vont être transformés, c'est cela.
M. Le Président.‑ Non, ce n'est pas cela. Nous n'avons pas voté une subvention pour de la numérisation, nous avons voté une subvention pour créer un institut du numérique destiné à former des personnels compétents.
M. Lasserre.‑ Mais justement l'objet c'est finalement de travailler sur un environnement qui va permettre...
M. Le Président.‑ Vous nous prenez pour des andouilles !
M. Lasserre.‑ Pas du tout enfin ! Le numérique ce n'est pas des sortes de stars du numérique, c'est du contenu, comment créer ce contenu.
M. Alexanian.‑ Pour résumer le propos, il faut donner des sous à l'association du cœur !
M. Le Président.‑ C'est un autre débat.
M. Alexanian.‑ C'est un débat que j'aimerais que nous ayons.
M. Le Président.‑ C'est un autre débat, ceci n'est qu'un alibi.
M. Alexanian.‑ Pas de tour de passe-passe comme cela, Monsieur le Président !
(…)