Mes chers amis, vous êtes nombreux ce soir ici au Mans, tellement nombreux que beaucoup sont restés dehors. Et pendant que Jean-Claude Boulard et Stéphane Le Foll vous disaient toute la nécessité de voter pour ma candidature, j’étais obligé de consoler toutes celles et tous ceux qui se désespéraient de ne pouvoir nous rejoindre. Je me félicite de cette mobilisation. Je m’honore de cette confiance. Je mesure chaque jour le mouvement que nous sommes en train de créer partout dans le pays. Hier, j’étais dans un quartier urbain, dans une cité, dans une banlieue, à Évry. Aujourd’hui j’étais en Mayenne, département rural. Des centaines de Mayennais m’attendaient à l’heure du déjeuner — sans qu’il y ait de repas prévu, c’est vous dire s’ils venaient de manière désintéressée et de manière convaincue !
Et ce soir, je vous retrouve nombreux, très nombreux. La campagne a commencé pour moi depuis déjà plusieurs semaines, pour ne pas dire plusieurs mois. Cela va faire bientôt un an que j’ai présenté ma candidature aux Français. C’était à Tulle, en Corrèze. C’était dans le cadre des primaires citoyennes, belle aventure démocratique qui m’a permis d’être maintenant votre candidat devant les Français, avec la force et la légitimité de trois millions de personnes qui se sont déplacées pour me donner mandat, le mandat de gagner, le mandat de la France, de changer son avenir.
La campagne avance, les choses se précisent. Des candidatures se déclarent — il était bien temps ! D’autres se retirent — je ne les connaissais même pas ! Des signatures se cherchent — nous verrons bien ! Mais moi, ce qui m’importe, c’est de rencontrer les Français, c’est de leur dire ce que je crois possible pour le pays, c’est de leur dire ma confiance dans les atouts, dans les forces, dans les talents de la France dans son ensemble. Ce qui m’importe, c’est de leur dire que quelles que soient les épreuves que nous traversons, la crise violente que nous rencontrons, il y a une place pour l’avenir de la France, à condition qu’on la rassemble, à condition qu’on la motive, à condition qu’on l’engage, à condition qu’on lui donne une espérance commune.
Oui, nous avons, dans une campagne présidentielle, toujours un choix à faire. Un choix entre les personnes — j’ai ma préférence -, mais surtout un choix entre deux conceptions, deux conceptions de la France. Il y a toujours un candidat ou une candidate, au nom de la Droite, qui essaye de faire peur, de laisser penser qu’il y aurait un risque pour le pays si d’aventure il se donnait à la Gauche. Il en a bien le droit, le pays ! Il fera lucidement son choix et sa décision. Alors, j’entends le candidat de la Droite — puisque maintenant il s’est fait connaître ; nous le connaissions déjà depuis longtemps, ce n’était pas une surprise ! — et voilà qu’il instille l’idée que nous, ici, nous n’aimerions pas la France. Mais nous l’aimons pleinement, nous l’aimons complètement, nous l’aimons tout entière, et nous ne distinguons pas entre les Français selon qu’ils aiment un peu ou beaucoup la France ! Ils l’aiment tous ! Ils veulent la servir, ils veulent la redresser, ils veulent la changer !
Nous ne menaçons rien, ni la famille, ni l’indépendance nationale, ni les conditions du redressement économique. Au contraire ! Il n’y a pas besoin de faire peur. Voilà qu’ils vont chercher dans l’histoire de la République les responsabilités de la Gauche. C’est à peine si nous ne serions pas nous-mêmes comptables de ce qu’a fait Léon Blum ! Et alors, oui ! Les congés payés, c’était une grande affaire, une grande histoire, une grande conquête. Voilà que l’on nous dit que si la France en est là, c’est-à-dire effectivement dans une situation qui n’est pas la meilleure, ce serait non pas à cause de ceux qui ont gouverné depuis dix ans, mais à cause de François Mitterrand, parce qu’il aurait fait la retraite à 60 ans ! A cause de Lionel Jospin parce qu’il aurait fait les 35 heures ! Mais nous, nous sommes conscients que l’Histoire est faite de conquêtes, d’avancées, de progrès, et que le rôle de notre génération, c’est de permettre une nouvelle transition, permettre de redresser la production de la France, de redresser ses comptes publics, de lever une espérance. C’est ce que je veux faire pour mon pays pour les cinq ans qui viennent.
Il y en a toujours qui veulent séparer les Français, les opposer entre eux, stigmatiser certains pour flatter d’autres. Moi, je n’ai pas besoin, pour convaincre les Français, de mettre en cause les chômeurs, de regarder les étrangers avec méfiance ou de faire en sorte que quelques catégories soient regardées comme nos adversaires. Je l’ai dit, moi je n’ai qu’un adversaire dans cette campagne, c’est la finance, c’est la finance folle, c’est la finance qui a soumis l’économie, qui l’a dominée, et qui aujourd’hui entrave les peuples pour assurer leur avenir.
Oui, il y a deux conceptions de la France. Ce que je veux, c’est la rassembler. Ce que je veux, c’est lui donner confiance, c’est lui donner espoir dans l’avenir, c’est lui dire que la jeunesse est une chance pour notre pays et que mon premier devoir, si les Français me donnent la responsabilité d’agir, ce sera de faire que l’éducation soit la grande priorité du prochain quinquennat. L’éducation parce que la jeunesse, la jeunesse parce que notre avenir, parce que nous avons le devoir de faire que la génération qui arrive vive mieux que la nôtre. C’est ça, le récit républicain. Ce que je veux, c’est le rêve français d’avoir toujours permis, génération après génération, de vivre mieux. Et ce rêve se serait arrêté ? Ce rêve serait devenu impossible ? Ce rêve serait devenu inaccessible, pour un grand pays comme le nôtre qui a fait la République, qui a redressé à chaque fois, au nom de la France, l’espérance ? Et bien non. Une fois encore, nous ferons de la génération qui vient notre seule perspective, notre seul objectif, nous lui permettrons de vivre mieux que nous. Et c’est la raison pour laquelle nous ferons de l’école, de l’éducation, de l’insertion, de la formation, de l’entrée dans la vie active des jeunes, notre priorité.
Oui, deux conceptions de la France. Est-il possible encore d’accepter pour cette prochaine rentrée des suppressions de postes dans l’Education nationale ? Est-il acceptable de voir que ce sont les filières qui accueillent les élèves les plus fragiles, les plus en difficulté, qui sont les plus frappées par ces suppressions de postes ? Je ne l’accepte pas ! Et c’est la raison pour laquelle j’ai pris un engagement devant les Français, celui de créer chaque année 12 000 postes supplémentaires dans les écoles, dans les collèges, dans les lycées, pour réduire l’échec scolaire, pour améliorer le niveau de nos connaissances, de nos savoirs transmis, et permettre à chaque jeune de pouvoir réussir sa vie.
Oui, deux conceptions de la France, mais deux conceptions aussi de la présidence de la République. Moi, je ne suis pas candidat pour être un président qui déciderait de tout, sur tout, partout, pour tous. Je ne suis pas candidat pour être un président qui considérerait que le pouvoir est sa propriété. Je ne suis pas candidat pour être un président qui, en définitive, se méfierait de ce qu’on appelle les corps intermédiaires, c’est-à-dire les élus locaux, les syndicats, les grandes associations, les mouvements des citoyens. Je considère que c’est une chance, que c’est une force pour notre pays que d’avoir la capacité d’une société en mouvement.
Je suis candidat pour une présidence qui soit à la fois capable de décider de l’essentiel, de donner une vision, d’offrir une perspective, de donner un sens à l’action collective, et en même temps capable de respecter les pouvoirs et les responsabilités. Un gouvernement qui gouverne, un premier ministre qui en soit vraiment un. Et je le plains, celui qui était jusque-là élu de la Sarthe, je comprends qu’il se soit réfugié à Paris après avoir été traité comme il a été traité !
Je suis pour un Parlement qui lui-même exerce pleinement ses responsabilités. Je suis pour des élus locaux qui puissent avoir davantage de compétences, de liberté, de capacité d’agir. Parce que je pense que les territoires sont aujourd’hui un atout pour notre développement économique. Je respecte les partenaires sociaux, les syndicats, les organisations professionnelles, parce que nous en avons besoin pour la négociation, pour le dialogue social, pour la capacité que nous pouvons avoir, entreprise par entreprise, à trouver les meilleurs compromis et les meilleurs équilibres entre des droits qui peuvent être contradictoires, mais qui peuvent se rejoindre s’il s’agit de l’emploi et de la capacité de mieux produire.
Moi, je n’ai pas besoin d’appeler à un référendum à l’occasion de l’élection présidentielle. Un référendum sur quoi ? Sur le chômage ? Mais avec quelle question ? Est-ce que vous êtes pour ou contre le chômage ? Voilà une question à laquelle les Français n’ont pas songé à répondre jusque-là ! Un référendum sur le droit des étrangers ? Mais il y a un Parlement pour définir le droit des étrangers, il y a des lois qu’il convient de faire respecter ! Il y a eu combien de lois sur l’immigration ? Au moins cinq depuis cinq ans ! Et il en faudrait une nouvelle ? Pourquoi pas, mais pourquoi la soumettre au référendum si ce n’est pour chercher à trouver un exutoire, un bouc émissaire ? Mais les Français n’ont pas besoin d’avoir des étrangers pour avoir des adversaires. Simplement, ceux qui vivent sur notre territoire doivent en respecter les lois, c’est tout simple. Et pas besoin d’aller chercher je ne sais quelle facilité.
Oui, je suis pour une conception de la présidence de la République où le chef de l’Etat se tienne à sa place, j’allais dire à son rang, ait suffisamment de hauteur de vue pour être lui-même respecté, et de proximité pour être compris par les citoyens comme un citoyen comme les autres mais doté de responsabilités éminentes. Un chef de l’Etat qui doit savoir aussi quelle est sa place et quels sont ses amis. Je l’entendais, hier, nous faire repentance, le candidat sortant. Il nous promettait qu’il n’y retournerait plus ! Mais il a bien le droit d’aller dans tous les établissements qu’il voudra ! Ce n’est pas le reproche que je lui ferais. C’est de savoir avec qui il y était, ce jour-là, c’est-à-dire avec les plus grandes fortunes, avec les dirigeants des plus grandes entreprises. Et alors après, il viendrait nous dire qu’il voudrait remettre de l’ordre dans les stock-options, les retraites chapeau, les rémunérations excessives ? Mais c’est de son cercle d’amis dont il parlait ! C’est celui dont il n’a pas touché à un seul moment les intérêts, au contraire, si je regarde tout ce qui a été fait depuis cinq ans en direction des plus privilégiés, des plus favorisés, des plus riches de notre pays ! Cela a été les largesses fiscales, le bouclier fiscal, les avantages fiscaux, toujours aux mêmes ! Alors je veux bien lui reconnaître le mérite de la repentance, du regret, du pardon. Mais il est un peu tard, il est même trop tard !
Deux conceptions de la France, deux conceptions de la République, deux conceptions de la politique. Nous sommes dans une campagne présidentielle, il est légitime, il est normal que chacune et chacun fasse ses propositions.
Moi, je demande que l’on respecte certains principes. Et je m’y efforce pour ce qui me concerne.
Le premier, c’est de ne promettre que ce que l’on est capable de tenir. Je ne ferai rien, je ne dirai rien qui puisse laisser supposer que tout deviendrait possible après mon élection. Non, nous aurons des efforts à faire, nous aurons un redressement à engager : redressement des comptes publics, redressement de notre industrie, de notre agriculture, de notre production. Il y faudra mettre tous les moyens nécessaires. Nous ne pourrons pas redistribuer ce que nous n’aurons pas créé. Nous aurons à engager des réformes structurelles difficiles au lendemain de l’élection : réforme fiscale parce qu’il va falloir être juste dans la répartition de l’effort ; réforme des territoires parce qu’il va falloir transférer de nouvelles responsabilités aux collectivités locales ; réforme des entreprises parce qu’il va falloir aider les petites et moyennes entreprises et les accompagner financièrement ; réforme bancaire parce qu’il va falloir séparer les activités des banques, celles qui doivent financer l’économie, des activités spéculatives qui ne doivent pas utiliser les dépôts des épargnants.
Nous aurons à faire ces réformes dans un temps court. Et je n’oublie pas la reforme de l’école, de l’enseignement, de l’éducation. Parce que nous avons besoin, au-delà de la prochaine rentrée, de donner des perspectives, de changer les modes de travail des personnels de l’école, de changer les rythmes scolaires, de faire en sorte que nous ayons des équipes qui luttent chaque jour contre l’échec scolaire, que nous mettions les moyens là où ils sont attendus, que nous redéployions ceux qui peuvent aller vers les élèves les plus en difficulté, qui doivent avoir davantage et qui doivent avoir, normalement, les enseignants les plus expérimentés, auprès des élèves les plus en difficulté — et pas les plus jeunes auxquels on a supprimé d’ailleurs toute formation initiale aujourd’hui, et qu’il faudra bien rétablir !
Voilà, je ne cache rien, je ne dissimule rien. Le premier temps sera consacré aux réformes. Et la seconde partie du quinquennat, lorsque nous aurons redressé la France, lorsque nous aurons retrouvé les équilibres nécessaires et notamment sur le plan budgétaire et fiscal, nous redistribuerons ce que nous aurons créé.
Le second principe, c’est de présenter un programme dans une cohérence d’ensemble. Au Bourget, j’ai dit 60 propositions. Je fais distribuer — et j’en remercie tous les militants, tous les sympathisants — un document où sont rassemblés tous mes engagements dans tous les domaines de l’action publique. Ces engagements, bien sûr, sont publics et m’obligent. Ils sont dans une cohérence d’ensemble : le redressement dans la justice, l’espérance pour la jeunesse et la République redressée, rétablie, je dirais presque réhabilitée. Parce que nous avons besoin de la République avec ses droits, avec ses devoirs, avec son exemplarité, avec la laïcité, avec la dignité, avec les principes qui la fondent.
Voilà mes engagements quand d’autres, ici ou là, au fur et à mesure de leur inspiration, de leur improvisation, d’une espèce de fuite en avant, d’une danse de Saint Guy qui les a touchés, se mettent à faire des propositions au fur et à mesure de leurs déplacements, sans cohérence d’ensemble. Ce qui est attendu par le pays, ce n’est pas telle ou telle faveur, telle ou telle promesse à telle ou telle clientèle. Ce qui est attendu, c’est une constance, une ténacité, une vision. Voilà ce qui est espéré.
Ensuite, je suis pour que chaque proposition puisse être regardée dans une clarté, une transparence, avec le financement qui l’accompagne. Je ne suis pas pour dire à des salariés payés au Smic qu’ils vont toucher mille euros de plus alors même que, toute comptabilité faite, ces salariés à qui l’on annonce qu’ils vont payer moins de cotisations sociales vont se faire également priver de la prime pour l’emploi du même montant que ce qu’ils vont recevoir à travers les baisses de cotisations ! On prend d’une main et l’on reprend de l’autre. Voilà la logique : on donne et on retire ! J’ai fait les comptes entre la suppression de la prime pour l’emploi et la baisse promise des cotisations aux salariés : trois euros pour les smicards par mois ! Et il voudrait laisser croire à ses promesses ? Et nous laisserions abuser les plus modestes d’entre nous ? Il y a là comme une épreuve de vérité à poser. Parce que dans cette campagne, je ne veux pas que les façons de faire de 2007 se reproduisent.
Cinq ans sont passés. Rien n’aura été oublié. Et le président des promesses non tenues ne peut pas être maintenant le candidat de nouveaux engagements qui ne valent pas davantage que ce qu’il avait dit il y a cinq ans. Je ne m’en inquiète pas. Les Français sont avertis. Ils se souviennent de ce qui leur avait été dit il y a cinq ans : travailler plus pour gagner plus, davantage de pouvoir d’achat, le chômage qui devait tomber à 5 % de la population active et qui est à 10 % aujourd’hui. Ils se souviennent que personne ne devait être sans toit, sans logement, et que nous avons connu hélas, avec cet hiver difficile, des nouvelles images que nous connaissons bien, de celles et ceux qui sont, hélas, de nouveau dans la rue, obligés de dormir dans leur voiture, dans des campings. Voilà la situation !
Je n’oublie rien des promesses qui avaient été faites en matière de sécurité, alors que les violences aux personnes n’ont cessé de progresser depuis cinq ans. Et c’est le même qui viendrait aujourd’hui faire croire qu’il n’a pas de bilan et que c’est la faute à la crise, si nous en sommes là ?
Eh bien, cette campagne doit être une campagne de vérité. Moi, je ne laisserai rien passer. Parce que je considère qu’une campagne présidentielle, c’est un engagement. Ça ne peut pas être une illusion, un faux-semblant, un artifice, une manière, une nouvelle fois, de tromper le peuple. Parce que le peuple français, il sait qui le représente. Il n’a pas besoin qu’un candidat se déclare lui-même candidat du peuple. Le peuple, il n’appartient à personne. C’est lui qui choisit, c’est lui qui décide en toute lucidité qui va le représenter à l’occasion de l’élection présidentielle.
Aujourd’hui, le débat est sur la valeur travail. Cette valeur travail, là encore, c’est une valeur de la République. Elle n’est pas l’apanage d’une famille politique, d’un camp, d’une idéologie. La valeur travail est ce que nous avons construit ensemble, depuis tant d’années que le monde du travail s’est lui-même mis en mouvement. Quel est le respect de la valeur travail depuis cinq ans, quand il y a un million de chômeurs de plus ? Où est le respect de la valeur travail quand un quart d’une génération, celle qui a moins de 25 ans, est au chômage ? Où est la valeur travail quand le pouvoir d’achat des salariés stagne depuis cinq ans ? Où est le respect de la valeur travail quand on demande à ceux qui ont commencé tôt leur vie professionnelle, qui ont 41 années de cotisations, d’attendre 62 ans pour partir à la retraite ? Où est le respect de la valeur travail quand la pénibilité n’est en aucune manière considérée pour les droits à la retraite ? Où est la valeur travail quand les jeunes sont considérés comme trop jeunes pour entrer dans l’entreprise, et les seniors trop vieux pour y rester ? Où est la valeur travail quand il y a des licenciements boursiers, quand des entreprises ferment alors qu’elles sont rentables ? Où est la valeur travail quand les revenus du capital sont moins imposés que les revenus du travail ?
Le travail, c’est l’instrument de l’émancipation, de la dignité, de l’accomplissement de soi-même. C’est aussi la seule façon de vivre dignement, en toute indépendance. Le travail, c’est ce qui permet d’avoir une utilité, à la fois pour soi-même, pour son entreprise ou pour son administration. Le travail, c’est ce qu’attendent des jeunes après avoir fait des études. Le travail, c’est ce que souhaitent des salariés pour rester dans l’emploi. Le travail, c’est ce qu’attend un chômeur – et parfois depuis longtemps – et à qui l’on n’a jamais proposé ni une formation, ni un autre emploi et qui n’a pas eu l’occasion de le refuser. Le travail, c’est ce que demandent les plus de 50 ans qui veulent se constituer des droits pour la retraite. Le travail, c’est ce que demandent des femmes, et notamment pour être rémunérées autant que des hommes pour le même poste, le même diplôme, la même responsabilité.
Alors, notre premier engagement, c’est bien sûr pour l’emploi. Et c’est pourquoi, dans le projet que j’ai présenté devant les Français, la première priorité, c’est le redressement économique. C’est d’avoir des filières industrielles – vous en connaissez, ici, elles sont excellentes : l’automobile, le ferroviaire, l’industrie agroalimentaire. C’est d’avoir ces filières, c’est de les soutenir. C’est d’avoir aussi la capacité de dominer la finance, pour qu’elle soit au service du financement de l’économie. L’emploi, le travail, c’est de permettre aux PME d’être encouragées, soutenues, développées. D’où l’idée de la banque publique d’investissement qui s’appuiera sur les fonds des conseils régionaux pour intervenir au capital ou sous forme de prêt aux petites et moyennes entreprises. L’emploi, c’est ce que nous stimulerons par une politique fiscale qui sera favorable aux PME, avec des taux d’imposition sur les sociétés qui seront plus bas pour les petites entreprises et plus élevés pour les grandes. L’emploi, c’est ce que nous favoriserons en faisant en sorte que l’impôt sur les sociétés soit plus élevé lorsque le bénéfice est distribué aux actionnaires et moins élevé lorsqu’il est réinvesti dans l’entreprise. L’emploi, toujours, c’est à travers le contrat de génération, celui qui permettra à l’employeur qui gardera un senior le temps qu’il puisse préparer sa retraite et qui embauchera un jeune – mais avec un contrat à durée indéterminée. Le contrat de génération permettra à cet employeur de ne plus payer de cotisations sociales sur les deux emplois.
Et puis nous avons le devoir, dans une période difficile pour la jeunesse, de faire que dans les quartiers notamment, les plus frappés par le chômage, que ces emplois jeunes, ces emplois d’avenir soient consacrés justement à ces jeunes, pour leur permettre de retrouver confiance en eux-mêmes et capacité pour agir. Oui, je ferai même en sorte qu’aucun jeune de 16 à 18 ans ne se retrouve sans solution. Et celui qui ne sera pas en formation, en apprentissage ou dans l’éducation nationale devra avoir un service civique. Parce que je ne veux qu’aucun jeune de 16 à 18 ans soit mis de côté, abandonné, oublié, relégué.
Le travail, l’emploi, c’est ce que nous essaierons de préserver. Mais quand il y aura des mutations économiques – car il y a toujours des changements qui s’opèrent dans l’économie –, eh bien il y aura la sécurité sociale professionnelle : celle qui permettra à tout salarié menacé par un licenciement ou obligé d’accepter une mutation, une mobilité, d’avoir une formation qui sera de droit. Parce que le rôle de la puissance publique, ce n’est pas d’attendre qu’un salarié devienne chômeur pour lui venir en soutien, c’est de lui permettre comme salarié d’avoir une formation qui lui permettra d’avoir un nouvel emploi sans passer par la case chômage !
Vouloir l’emploi, le travail, c’est lutter contre la précarité. Faire en sorte que les entreprises qui recrutent avec des contrats à durée indéterminée paient moins de cotisations chômage que les entreprises qui recourent de manière abusive aux CDD, à l’intérim ou aux formules précaires.
Voilà ce que je veux : mettre le travail au cœur de la société. Et pour cela, je n’ai pas besoin d’opposer les chômeurs aux salariés. Je n’ai pas non plus nécessité d’opposer les salariés du privé aux salariés du public. Je n’ai pas besoin d’opposer les Français et les étrangers. J’ai simplement à dire que le devoir de celui qui sera le prochain président de la République, c’est de mettre l’emploi et le travail au cœur de ses décisions : décisions budgétaires, décisions financières, décisions économiques. Et de mobiliser l’ensemble des acteurs économiques pour que nous ayons toujours cette volonté de préférer l’emploi, le travail, au chômage et à la précarité.
Je sais aussi les attentes en matière de pouvoir d’achat. Je sais combien les situations sont difficiles pour de nombreuses familles. Je sais que pour beaucoup de salariés, il n’y a pas eu de progression effective de leurs revenus. Je sais qu’il est impossible de vivre en dessous du Smic. Et pourtant, il y a 8 millions de personnes qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté en France ! Je sais combien les salariés attendent une meilleure redistribution de la richesse créée. Je sais aussi les inégalités qui se sont creusées. Nous connaissons les chiffres. Les patrons du Cac 40, en 2010, se sont augmentés de 36 % — quand les smicards n’ont eu droit même pas à un coup de pouce pour le pouvoir d’achat de leur salaire ! Je sais aussi que les patrons du Cac 40 gagnent 240 fois plus que les smicards – ce qui ne peut pas s’expliquer par le seul talent, la seule prise de risque ou la seule responsabilité. Je sais tout cela. Et en même temps, je ne peux pas ici dire que j’aurais un procédé magique qui ferait que d’un seul coup les salariés français se retrouveraient mieux payés au lendemain de notre élection qu’à la veille. Je laisse de côté la proposition du candidat sortant : tour de passe-passe dont je vous ai parlé et qui consiste à laisser croire qu’il y aura une augmentation du salaire net quand il y aura la disparition d’une prime pour l’emploi. Et que veut dire, aussi, cette proposition de faire travailler les personnes qui sont au RSA : 7 heures, par davantage ! On ne sait pas, d’ailleurs, qui les paiera. Mais ce que demandent les personnes qui sont au RSA, ce n’est pas 7 heures, c’est un contrat d’insertion ! C’est un emploi ! C’est une dignité ! C’est une capacité à pouvoir enfin vivre avec un vrai revenu ! Personne ne veut rester au RSA ! Et cette idée est insupportable, de laisser penser qu’il y aurait des personnes qui s’installeraient exprès dans la précarité, dans la pauvreté, pour bénéficier de prestations ! Mais quelle conception a-t-on au sommet du pouvoir, là, de penser qu’il n’y aurait finalement que des privilégiés parmi les prestataires du RSA ? Mais les privilégiés ne sont pas au RSA ! Ils ont été protégés par le bouclier fiscal, ils ont bénéficié des largesses de la baisse de l’impôt sur la fortune !
Et je m’adresse, d’ailleurs, à tous ceux qui, modestes, travailleurs pauvres regardent souvent vers les plus pauvres qu’eux pour chercher les bénéficiaires des prestations. Et les privilégiés finissent par regarder plus bas alors qu’ils devraient regarder plus haut. Je sais ce que peut représenter le sentiment parfois insupportable de se lever le matin pour aller travailler pour un salaire souvent de misère, quand il y a d’autres qui toucheraient des prestations. Je vois bien ce qu’il est possible d’exacerber dans la société française. Mais je m’y refuse ! Non pas pour ne pas exiger que ceux qui touchent une allocation aient une responsabilité. Mais pour dire que nous avons tous besoin d’un filet de sécurité et que celui qui aujourd’hui est dans l’emploi peut se retrouver au chômage. Et que c’est la dignité d’une société que d’avoir des régimes de protection sociale, de solidarité et d’assurance.
Alors nous devrons répondre à toutes ces interrogations, à toutes ces urgences, à toutes ces demandes. Au lendemain de l’élection présidentielle, je réunirai les partenaires sociaux dans une grande conférence sociale où nous poserons les principes de la négociation, du dialogue : ce qui peut être fait par la loi, ce qui doit relever de la discussion entre partenaires sociaux responsables. Nous aurons à discuter des salaires, du Smic. Nous le ferons avec esprit, là encore, de responsabilité et en même temps de justice. Nous le ferons dans le temps, parce que nous avons besoin de règles connues de tous. Nous ferons en sorte, aussi, qu’il y ait une mesure immédiate pour cette rentrée – et c’est ce que j’ai annoncé avec une augmentation de 25 % de l’allocation de rentrée scolaire. Parce que là encore, c’est vers les familles, les familles modestes de notre pays, les familles des classes moyennes que nous devons nous tourner.
Nous ferons une réforme fiscale qui fera en sorte que les revenus moyens ou les revenus modestes soient moins imposés et que les revenus des catégories supérieures le soient davantage.
Nous ferons une réforme sur les tarifs de l’eau, de l’électricité et du gaz, pour qu’il y ait, là encore, une stabilité du forfait de base et qu’en revanche, les consommations excessives soient à des tarifs plus élevés.
Nous protégerons l’épargne populaire, et notamment le livret A dont la rémunération sera indexée strictement sur le coût de la vie. Nous ferons en sorte que les frais bancaires – qui souvent touchent les plus faibles parce qu’ils sont surendettés – soient diminués, parce qu’il n’est pas normal que ce soit, finalement, sur les plus pauvres, sur les plus modestes, que les banques fassent une grande partie de leur marge.
Nous ferons en sorte qu’il y ait davantage d’égalité dans l’accès aux soins. Parce qu’aujourd’hui, les dépassements d’honoraires empêchent une partie de nos concitoyens de se soigner dignement.
Et même sur le prix de l’essence – et je ne veux faire, là encore, preuve d’aucune facilité : si le prix du pétrole augmente, il est normal que cela se retrouve au niveau des carburants. Mais tout de même ! Est-il acceptable que l’Etat gagne des recettes fiscales supplémentaires sur l’augmentation du prix des carburants ? Est-il acceptable que la TVA, qui va d’ailleurs augmenter – enfin, qui devrait augmenter au mois d’octobre, mais qui n’augmentera pas parce que nous y mettrons bon ordre, parce que si les Français me donnent leur confiance, il n’y aura pas d’augmentation de la TVA ! D’ailleurs, je me suis posé une question. Pourquoi y a-t-il eu un projet de loi qui va sans doute devenir une loi sur l’augmentation de la TVA pour le mois d’octobre, alors que la mesure qui a été annoncée par Nicolas Sarkozy de la baisse des cotisations sociales pour les salariés n’a pas été présentée au Parlement, dans le même projet ? C’est bien parce que de toute manière, il s’agit d’un artifice qui aurait été dévoilé, démasqué à l’occasion du débat parlementaire ! Mais, pour ce qui concerne les carburants, il ne sera pas acceptable que cette TVA continue de prélever davantage sur le prix ! Et nous restituerons donc aux consommateurs, finalement, ce qui ne devrait jamais entrer dans les caisses de l’Etat.
Pouvoir d’achat, mais aussi égalité salariale, je le disais, entre les hommes et les femmes. Et j’ai, là encore, un engagement devant les Français. Il ne s’agira pas de voter une nouvelle loi : tous les textes existent. Je laisserai un an aux entreprises pour se mettre en conformité avec les principes qui sont posés par cette loi. Et au bout d’un an, si les femmes n’ont pas les mêmes salaires que les hommes pour des responsabilités identiques et pour des diplômes équivalents, les entreprises qui n’auront pas fait cet effort d’égalité se verront privées de l’exonération des cotisations sociales sur les emplois.
Voilà ce que je voulais vous dire sur le travail, sur le pouvoir d’achat. Voilà ce que je voulais vous présenter ce soir, ici au Mans. A la fois sur les principes, sur les modalités, sur les propositions. Il n’y a pas de recette miracle. Il y a une volonté à engager ! Il y a une politique à mener ! Il y a une cohérence à afficher ! Il y a une constance, une ténacité à faire prévaloir !
Oui nous sommes devant un moment difficile pour notre pays. Une crise venue des Etats-Unis, qui s’est installée en Europe, qui a déstabilisé la zone euro. Des dirigeants qui ont été incapables de venir rapidement en aide à la Grèce. Il a fallu deux ans, après avoir mis à genou ce peuple, pour lui venir en soutien. Et ce temps perdu a été utilisé par la spéculation pour mettre en difficulté beaucoup de pays de la zone euro qui avaient été irresponsables dans la gestion de leurs finances publiques – et le nôtre n’est pas, hélas, exempt de tout reproche. Eh bien notre responsabilité, ce sera de mettre, là encore, de l’ordre. J’accepte l’idée de disciplines à l’échelle de l’Europe. Je sais ce que nous avons à faire ensemble pour coordonner nos politiques économiques. Mais en même temps, je l’ai dit aussi aux Français : pour ce qui me concerne je n’accepterai pas un traité qui oublie la croissance, le développement, l’emploi, l’activité économique, les projets industriels, la transition énergétique. Parce que si nous n’avons pas de croissance, nous n’obtiendrons pas de résultats en matière de maîtrise des déficits et de la dette. Nous sommes devant une crise qui n’est pas qu’une crise financière, qui n’est pas qu’une crise économique. C’est aussi une crise écologique, une crise environnementale. Nous aurons à faire des choix. Et je les ai présentés aux Français : transition pour que les énergies renouvelables puissent être davantage présentes dans nos structures énergétiques, transition pour que le nucléaire ne soit pas à ce point prédominant dans la production d’électricité, transition également dans nos modes de production, de consommation, de déplacement. Voilà ce que nous aurons à faire !
Transition, aussi, pour notre agriculture – qui doit bien sûr être productive, mais respectueuse de l’environnement, de la qualité – sans laquelle, d’ailleurs, il ne sera pas possible de nourrir la population dans les meilleures conditions.
Transition entre un monde qui finit et un autre qui naît. Transition technologique, transition numérique, transition générationnelle. Parce que notre responsabilité, je l’ai dit, c’est de permettre à la jeunesse de vivre mieux que nous !
Voilà ce que va être cette campagne, longue encore : 59 jours. 58, maintenant que nous sommes arrivés dans la nuit ! 58 jours pour convaincre. 58 jours pour démontrer que nous incarnons non seulement le changement, mais l’avenir. 58 jours pour vaincre le scepticisme, la résignation, la fatalité qui gagne un certain nombre de nos compatriotes. 58 jours pour résister aux attaques de la Droite. Oh, ce ne sera pas le plus difficile ! Certains me disent : tenez bon, ne vous inquiétez de rien. D’autres me disent : courage, cramponnez-vous. Mais je suis bien accroché ! 58 jours pour rencontrer les Français. J’irai partout où l’on m’invitera, jusqu’à épuisement – enfin, il faut que je garde tout de même des forces, parce qu’après, nous aurons beaucoup à faire. Et c’est la raison pour laquelle je compte sur vous. Je compte sur votre propre engagement. Votre mobilisation. Votre confiance. Votre ferveur. C’est vous qui convaincrez finalement tous ceux que je ne pourrai pas rencontrer ! C’est vous qui allez faire la décision ! La Droite ne laissera pas le pouvoir sans combattre. Elle est aidée puissamment par les forces de l’argent, par une partie des grands moyens d’information. Elle est aidée puissamment parce qu’elle a ses alliés à l’échelle de l’Europe. Vous avez vu, quand même, comme ils se soudent, les conservateurs ! Mais ne les brocardez pas, j’aurai besoin de travailler aussi avec eux le moment venu ! Mais c’est la Sainte-Alliance entre le leader conservateur en Grande-Bretagne, la chancelière en Allemagne, Nicolas Sarkozy – Berlusconi étant parti, il ne peut pas donner son accord, mais en pensée, il doit bien être avec eux ! – le Premier ministre espagnol. Voilà, l’Europe est pour partie, une grande partie, de droite. Et en même temps tous les autres, tous ceux qui sont progressistes en Europe, que nous disent-ils ? « Faites en sorte, en France, de nous ouvrir la voie. Faites en sorte que le monde change. Donnez nous aussi un espoir. » Le vote n’est pas qu’en France. Bien sûr que c’est la France qui va décider. Ce sont les Français qui vont choisir. Mais c’est une élection, aussi, qui aura des conséquences dans toute l’Europe. Rendez-vous compte de votre responsabilité !
Je sais aussi que nous sommes attendus dans le monde – parce que la France n’est pas n’importe quelle nation du monde ! La France est un grand pays, avec une grande histoire. La France a inventé des valeurs qui sont devenues universelles. La France est, par son histoire, la France des droits de l’Homme, des Lumières, de la Révolution française. Ce n’est pas rien que d’être président de la France ! Nous avons tous été humiliés quand la France n’a pas été au rendez-vous, notamment au moment des Printemps arabes, en Tunisie ou en Egypte. Nous avons été davantage fiers quand la France a été capable de participer à l’action qui a conduit à l’éviction de Kadhafi – même si nous n’oublions rien des invitations qui lui avaient été faites au début du quinquennat.
La France est attendue, elle est espérée. Et encore en ce moment où en Syrie, pays martyr, pays soumis à une dictature depuis tant d’années, de décennies, du père Assad, maintenant du fils, et qui massacre son propre peuple pour ne rien céder, rien concéder de son pouvoir. Je sais bien que la France – et, de ce point de vue, je ne participerai pas à une polémique qui serait déplacée – fait ce qu’elle peut, fait ce qu’elle doit pour qu’aux Nations unies des délibérations puissent se faire au Conseil de sécurité. Ce sont la Russie et la Chine qui bloquent et qui en porteront demain la responsabilité. Parce que ces deux pays, ces deux puissances, en posant leur veto à une intervention des Nations unies laissent finalement le peuple syrien sous le joug du massacreur – lequel, c’est vrai, avait été invité un 14 juillet 2008 sur la place de la Concorde pour voir défiler les troupes françaises. Je pense à cette population martyre. Je pense aussi à ces journalistes qui ont payé le prix de leur vie pour l’information libre du monde. Je pense à ce photographe, Rémi Ochlik, qui nous accompagnait il y a peu de jours dans la campagne présidentielle. Je pense à lui et ses 28 ans. Je pense à son courage. Je pense à son sacrifice. Je pense à sa mort tragique. Je dis à sa famille toute notre solidarité. Je n’oublie pas non plus une journaliste qui, aujourd’hui blessée, demande à être rapatriée : Edith Bouvier qui exige, là encore, que la France soit présente. Elle l’est et je veux qu’elle le soit dans toutes ses sensibilités. Et si, même dans cette campagne présidentielle, nous pouvions tous nous rassembler pour venir en soutien de la Syrie, en soutien des journalistes qui font leur travail dans ce pays, nous aurions déjà, finalement, fait une bonne œuvre, une bonne action de républicains !
Voilà, mes chers amis, l’enjeu de cette élection. Deux conceptions de la France, deux conceptions de la présidence de la République, deux conceptions de la politique, deux conceptions de la valeur travail. Et en même temps, une France qui doit se rassembler. Et c’est, en définitive, la responsabilité du prochain président. Une élection divise nécessairement. Nous n’arriverons pas à convaincre tous les Français. J’en suis désolé. Je le voudrais bien ! Mais j’en sais qui ne voudront pas voter pour ma candidature. J’en cherche les raisons. J’essaie de comprendre ce qui peut encore les retenir. Ce n’est quand même pas la satisfaction à l’égard du candidat sortant ! Sans doute pensent-ils que la Gauche pourrait ne pas être capable de redresser le pays ? Alors que dans son histoire, la Gauche a toujours été au rendez-vous du redressement, de la conquête, du sursaut !
Oh, j’en connais qui se méfient des changements. Qui ont toujours peur. Qui se disent : au moins on sait ce qu’on a, on ne sait pas ce qu’on pourrait avoir. Mais quand on a ce qu’on a, mieux vaux prendre le risque d’avoir un nouveau président de la République ! Et je respecte tous les points de vue, parce que c’est la démocratie, parce qu’il y a des sensibilités politiques dans notre pays, parce qu’il y a des philosophies, parce qu’il y a tout ce qui tient à l’histoire personnelle de chacun. Je respecte toutes les convictions.
J’essaierai de rassembler. Rassembler les socialistes : depuis maintenant plusieurs mois, c’est fait ! J’en avais fait, d’ailleurs, ma spécialité – et notamment ici au Mans, dans un congrès passé à la postérité pour l’esprit de synthèse. Rassembler la Gauche qui présente plusieurs candidatures – que je respecte et qui jouent leur rôle. Et en même temps, moi, ma responsabilité, c’est de rassembler la Gauche aussi dès le premier tour. Parce que l’élection présidentielle va se décider au premier tour. C’est là que nous allons montrer la dynamique, la force, l’entraînement ! Et j’aurai le devoir, au lendemain du premier tour, de réunir tous ceux qui veulent contribuer au changement. Et je n’ai pas d’inquiétude, parce que je sais qu’au plus profond du pays, de la Gauche, il y a cette volonté d’ouvrir un temps nouveau, un cycle différent d’aujourd’hui, un esprit de responsabilité commune. Mais j’aurai aussi à rassembler les Français pour ce second tour et au lendemain du second tour. Y compris des hommes et des femmes qui n’ont jamais été de Gauche. Il en faudra qui nous rejoignent, pour être majoritaires lors de l’élection présidentielle. Parce que si on reprend toujours les mêmes, qui votent toujours pour nous – et comme nous n’avons pas gagné l’élection présidentielle depuis 1988, il faudra bien qu’il y en ait qui aient changé d’avis depuis 2007 ! Je ne les repousserai pas ! Je ne les écarterai pas ! Je leur dirai : bienvenue, vous êtes ici dans le mouvement et je ne fais pas de distinction. Et même au lendemain de l’élection présidentielle, je ne séparerai pas les Français selon leur vote. Je leur dirai : eh bien, voilà, le choix est fait, la France a choisi, elle a un nouveau président et le rôle de ce chef de l’Etat, c’est de réunir les Français ! De les mobiliser dans un objectif qui les dépasse ! De leur donner fierté commune ! De faire en sorte que nous nous retrouvions tous ensemble pour ce rêve français, cette idée, cette belle idée de donner à la génération qui vient un avenir meilleur que le nôtre ! Voilà une belle cause qui entraînera bien largement.
Nous aurons besoin du concours de tous : des entrepreneurs, des acteurs économiques, des partenaires sociaux, des citoyens, des retraités. Bref, de cette alliance des âges, des classes des catégories qui veulent servir une seule cause : la République et la France.
Voilà, mes chers amis, ce beau message que nous voulons porter : celui de la réconciliation, de la réunion, du rassemblement. Nous ne sommes pas des diviseurs. Nous ne sommes pas ceux qui opposent les uns les autres. Nous ne stigmatisons personne. Nous réunissons autour de l’esprit de la République !
Alors, faites avec moi cette belle campagne. J’ai besoin de vous, besoin de votre soutien, besoin de votre engagement, besoin de votre capacité de convaincre ! Merci d’être là nombreux ! Merci de poursuivre cette campagne ! Merci de permettre la victoire ! La victoire de la Gauche ! La victoire de la France ! La victoire de la République ! Merci à tous d’être les acteurs du changement de la France !
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