Intervention de Jean-ANdré Lasserre le 24 juin 2011 sur l'aménagement de la Défense
Monsieur Lasserre pour une question relative à l’aménagement de la Défense...
M. Lasserre. J'en reviens à un autre sujet qui concerne l'EPADESA. Le dernier Conseil d'Administration n'a pas été des plus rassurants tant sur la visibilité pour ce qui concerne les programmes que sur les financements et puis, toujours cette propension à pousser en avant des programmes comme si rien n'était, à les reprendre, à les recycler en dépit des inquiétudes qu'ils suscitent.
En l'état actuel des choses, nous sommes dans une situation très particulière où on retrouve à la fois les défauts originels de ce plan de relance, l'impact que la crise a pu avoir sur ce plan de relance et le problème de gouvernance, cette pagaille institutionnelle qui rend la recherche de solutions assez complexe.
Si on revient sur la genèse du plan de relance, quelques éléments importants sont à rappeler :
- tout d'abord des textes préparés dans la précipitation, en dépit des avertissements de plusieurs Sénateurs et Députés, notamment dans la définition du « qui fait quoi et au nom de quoi », et « au nom de qui » ?
- un processus de décisions qui n'a pas fait l'objet d'une concertation avec les habitants, qui n'ont pas été invités à se prononcer sur le projet lui-même.
- Par ailleurs, au-delà de la volonté de rénover les tours ce qui correspondait bien à un enjeu réel, celle de densifier, de concentrer sur la dalle une offre de bureaux haut de gamme, et dans certaines parties telle que La Défense 1.
- Enfin, un modèle économique déjà avant la crise impossible à atteindre, puisqu'il consiste à trouver suffisamment de ressources pour financer la mise à niveau de la dalle, la mise aux normes des tunnels largement sous-estimée, et les coûts de développement exorbitants que génèrent certains projets soutenus encore aujourd'hui par l'EPADESA, tels que le projet Hermitage ou encore celui de la tour Phare.
Par rapport à tous ces éléments, la crise a contribué à retarder les programmes. C'était une bonne occasion de réfléchir sur leur pertinence, mais on ne l'a pas saisie.
La crise a également contribué à réduire les ressources prévues.
Elle a enfin lissé le marché de l'immobilier en général, et du haut de gamme en particulier, là où jusqu'à présent il y avait un lien très fort entre un territoire donné et l’offre de bureaux.
On assiste ainsi à des effets d'aubaine qui peuvent être dévastateurs et qui, à mon avis, ne sont pas terminés, compte tenu de l'impact du Grand Paris.
Nous avons deux exemples significatifs, c'est tout d'abord Score qui choisit Paris dans un rapport qualité/prix avantageux : haut de gamme, moins cher et mieux placé.
Nous avons un deuxième exemple, celui d’I.B.M. à Bois-Colombes, avec à terme l'accès à un système de transport très performant, très maillé, une logique d'horizontalité à la place de celle de la verticalité et des tarifs relativement intéressants.
Par rapport à tous ces éléments il faut intégrer le problème que cela pose pour les deux intervenants que sont l'EPADESA et De facto à la fois à la recherche de financements pour assurer leurs missions respectives et d'une clarification juridique.
Dans un tel contexte, nous sommes arrivés à un moment où des décisions importantes sont à prendre et qui sont difficiles à prendre parce qu'il y a ce problème de gouvernance.
Les réponses qui nous ont été apportées par le Préfet ce matin ne m'ont pas rassuré. Sur la question des transports, l'augmentation de la performance à hauteur de 5 % par rapport aux 80.000 emplois qui pourraient être créés, si tous les projets finissent par aboutir, ne suffira pas.
Quant au « mythe » des 100 000 mètres carrés de logements qui seraient construits sur la dalle à part ceux qui figurent dans le projet d'Hermitage, c'est-à-dire du logement de luxe, je n'en trouve pas.
S’agissant de la capacité d'absorption de cette offre haut de gamme, j’ai eu l’occasion d'expliquer en quoi le lissage du marché de l'immobilier allait peser dans le sens contraire.
J'ai une série de questions à poser sur la base de ce diagnostic :
- Le plan de renouvellement de la Défense, notamment cette multiplication des mètres carrés de bureaux, est-il économiquement soutenable ?
- l'EPADESA est-elle en mesure de générer les ressources suffisantes pour accompagner le développement du quartier d'affaires, la mise à niveau de la dalle et des tunnels ?
- Comment va évoluer le partage des prérogatives entre l'EPADESA et De Facto ?
- En outre, quelle est la position des représentants du Conseil général sur les projets d'aménagement, en particulier Hermitage, Phare, Ava, et la Coupole ?
- Enfin, qu'en est‑il de l'adéquation entre les capacités actuelles et celles à venir des transports sur le site et des projets tels qu'ils sont prévus ?
M. Le Président (Patrick Devedjian).‑ Dites c'est dense !
Première question, la question du plan de renouveau. Qu'est‑ce que je pense du plan de renouveau ? Le plan de renouveau a été lancé, à juste raison, par Nicolas SARKOZY pour une raison fondamentale que vous n'avez pas évoquée dans votre intervention.
M. Lasserre.‑ En ce qui concerne l'obsolescence des tours, il y en a qui étaient effectivement devenues obsolètes mais il y avait urgence, mais dans le projet il n'y a pas que cela.
(…)
M. Le Président (Patrick Devedjian).Donc le plan de renouveau a comporté un volet qui a consisté à séparer les deux métiers. Vous me demandez quel est le critère, le critère ce sont les deux métiers, le métier d'aménageur dévolu à l'EPADESA et le métier de gestionnaire de l'existant dévolu à De facto, à charge pour les collectivités locales concernées de financer sur leurs ressources propres De facto en contrepartie des ressources fiscales qui leur étaient fournies.
Après vous demandez...
M. Lasserre.‑ L'évolution du partage des compétences entre l'EPADESA et De Facto.
M. Le Président.‑ Le critère, c'est le métier, donc la loi dit « tout ce qui est à aménager, c'est l'EPADESA qui doit s'en charger, mais dès que c'est aménagé et que c'est public cela vient chez De facto et donc le partage a été organisé sur ces critères‑là, même si cela peut coincer aux entournures, mais c'est cela la loi et son esprit.
Le métier d'aménageur, le métier de gestionnaire, on part de ces deux métiers, chacun doit exercer son métier et ils ne doivent pas être mélangés. C'est cela le plan comptable.
Il y a le plan comptable de la gestion et le plan comptable de l'aménagement qui n'obéissent pas aux mêmes règles.
Enfin, quatrième question vous me demandez ce que je pense de Hermitage et de Phare. Je distingue Phare qui a fait l'objet d'un accord du Conseil d'Administration de l'EPADESA, qui ne va pas générer de ressources supplémentaires pour l'EPADESA, mais sera un beau symbole urbanistique pour la France, pour l'EPAD, mais pour la Défense, puisque ce sera, si cela va jusqu'à son terme, ce qui devrait être le cas, même si c'est sur le plan technique assez complexe, mais le Phare devrait, sans générer pour autant des ressources significatives pour l'EPADESA, permettre une sorte de relance commerciale du site, c'est‑à‑dire d'être un bel emblème du développement économique de ce site et donc attirer des investisseurs de la mondialisation.
En fait, l'EPADESA n'est pas en concurrence avec la Seine‑ Saint‑Denis, ni avec l'Est Parisien, ni avec la province. Elle est en concurrence directe avec Londres aujourd'hui. Le seul concurrent de la Défense c’est Londres. C'est des occupants qui viennent de l'ensemble de la planète.
C'est la raison pour laquelle l'EPADESA a constitué une association internationale ‑j'ai fait cela quand j'étais président‑ des grands quartiers d'affaires mondiaux pour avoir une bourse des entreprises qui vivent dans les quartiers d'affaires et qui communiquent entre elles, parce qu'une entreprise du Canada qui veut venir en Europe, si elle est sur un grand quartier d'affaires canadien elle veut aller sur un grand quartier d'affaires européen, donc elle va regarder Londres, Paris La Défense, Francfort, Bruxelles, mais cinq sites et c'est tout.
Elle n'hésitera pas malheureusement entre la Défense et Antony. Ce n'est pas comme cela que cela va se passer.
Quant à Hermitage, je ne sais pas. Pour vous dire mon sentiment, puisque vous me le demandez, je ne sais pas, mais ce que je constate c'est que le promoteur russe a engagé des financements très importants à ce jour et je ne sais pas ce qu'il adviendra de la suite.
Enfin, la question des transports, le projet du Grand Paris est, je crois, très heureux pour la Défense puisqu'il y avait eu un débat sur une éventuelle rupture de charge et notre département, notamment Hervé Marseille dans les débats, s'est battu pour qu'il n'y ait pas cette rupture de charge à la Défense et que nous ayons une continuité en allant jusqu'à Roissy.
Et puis, la ligne Eole qui va aller jusque dans les Yvelines à Mantes va être aussi quelque chose qui va mettre en relation la Défense avec les Yvelines et je crois que c'est plutôt un avantage pour le personnel, notamment pour tous ceux qui viennent travailler à la Défense.
Voilà comment je vois le point, il n'en demeure pas moins que De Facto est.... oui, j'ai fini !
M. Lasserre.‑ Qu'est que vous vouliez dire sur De Facto ?
M. Le Président.‑ Non, on a fini ! Monsieur Lasserre fait un fonds de commerce de l'EPAD, donc je veux lui dire ce que je pense.
M. Lasserre.‑ Ce n'est pas un fonds de commerce.