En 2007, il lançait en grande pompe le plan de renouveau de la Défense. Nicolas Sarkozy revient le 30 juin 2009 sur les terres de ses promesses non tenues. Pour constater les dégâts ? Pour de nouvelles promesses irréalistes ?
Le Président est annoncé à la Défense
mardi 30 juin. Le sujet : un colloque sur la Défense au sein du Grand Paris
mais les élus locaux de l’opposition qui oeuvrent sur le terrain
chaque jour ne sont pas conviés. En revanche, tout le Sarkoland local se mobilise pour applaudir le chef. Pas de quoi
pourtant, tellement le million de mètres carrés supplémentaires qu’il annoncera
sont à contre-courant de l’histoire. Le projet Qu’il était beau le projet issu d’un
libéralisme triomphant incapable de prévoir la crise. Il allait créer encore
plus de tours, de PIB, de plus-values, d’emplois à l’ouest de Paris ! On allait
voir ce qu’on allait voir ! De beaux objets architecturaux rutilants grâce
auxquels le peuple allait pouvoir mesurer la grandeur du chef. D’où une loi
permettant une augmentation de plus de 450 000 mètres carrés de bureaux. Des promesses
intenables Mais le projet comprend plusieurs
écueils. Le RER A déjà saturé ne pourra pas supporter des dizaines de milliers
de voyageurs supplémentaires. Les systèmes de chauffage et de climatisation
géants présents sur le périmètre sont insuffisants ou dangereux. Le financement
de la réfection de la dalle de la Défense, comme de l’entretien du site, n’est
plus assuré. Une seule solution : la fuite en avant. Pour financer le
fonctionnement de l’existant, construisons plus, encore plus ! Et le 30 juin
2009, Nicolas Sarkozy annoncera 1 million de m2 supplémentaires ! Toujours plus grand
pour trouver des financements Une fuite en avant qui oblige à trouver
de nouveaux terrains à proposer aux promoteurs. Or, la surface de la Défense
n’est pas extensible. Qu’à cela ne tienne, Nanterre et son développement urbain
maîtrisé, ou la Garenne-Colombes offrent des nouvelles zones à annexer par un
simple décret Le projet déraille La crise rend les promoteurs plus
prudents et tout le projet se grippe. Les nouvelles tours se se vendent plus,
l’argent ne rentre plus dans les caisses et le Président de l’EPAD, Ministre de
la Relance et Président du Conseil Général Patrick Devedjian n’a plus qu’à
présenter publiquement avec un promoteur russe un projet irréaliste. Les
voyages commerciaux en Asie, au Moyen-Orient ou en Russie de MM. Devedjian et
Chaix ressemblent de plus en plus à une collecte de fonds pour patrimoine en
danger. Et les habitants ? Car il y a des habitants à la Défense.
20 000 à Courbevoie et à Puteaux. Ceux des Damiers voient leurs immeubles se
vider en catimini. Les menaces se répètent sur d’autres immeubles de logements,
dont des logements sociaux. Les Corolles – Lorraine, propriété de l’OPHLM de
Courbevoie, et sans entretien depuis longtemps, sont ils les prochains ? Ces habitations font-elles tâche au milieu du quartier d’affaires ?
Un projet alternatif
est possible La démocratie locale
et la gouvernance Les habitants comme les usagers de la
Défense sont les grands oubliés du plan de renouveau. L’ordre est venu d’en
haut et le peuple subit. Les représentants locaux sont complices
du projet dans un silence assourdissant. Jacques Kossowski, UMP, maire de
Courbevoie et vice-Président de l’EPAD, Joelle Ceccaldi-Raynaud, UMP, maire de Puteaux et
vice-Président de l’EPAD, Patrick Devedjian, UMP, Président du Conseil Général
et Président de l’EPAD, qu’ont ils fait pour informer et associer les habitants
? Rien. Il a fallu que l’opposition municipale
se batte pour obtenir une première dans la vie politique de Courbevoie : une
mission d’information sur la Défense. Le discours et le
concret Nicolas Sarkozy redevient Président de
l’EPAD. Il parle relance, parle social, parle développement maîtrisé, parle
écologie urbaine mais comment croire ses discours quand ses équipes, aux
manettes de la Défense, font le contraire. Un bilan énergétique désastreux pour
chauffer et refroidir les tours ou acheminer les salariés, une fuite en avant
sur les projets d’urbanisme, des habitants chassés de leur appartement, une
relance en panne. Rien ne sert de prévoir plus de mètres carrés dans ces
conditions. Pour quel avenir ? Pour quels emplois ?
Une autre voie Nanterre avait montré qu’une autre voie
était possible pour le développement de l’ouest parisien. En associant les
habitants, en mixant les zones d’habitations et d’activités, en mêlant
également plusieurs types d’activités et pas uniquement du tertiaire,
l’équilibre est possible. De même, le phasage des travaux est une condition
sine qua non à la réussite d’un tel projet. Jean-Paul Huchon, Président PS du
Conseil Régional, avait esquissé le 6 mars dernier sa vision de l’Ouest
parisien et de la Défense
lors d’une réunion publique sur la dalle. Le groupe municipal
d’opposition « une autre ambition pour Courbevoie » (PS, Verts, PCF)
avait également proposé il y a quelques semaines un document distribué aux
habitants afin de les informer des enjeux de la Défense (voir La Défense, ça nous intéresse »). Nos
demandes : Nous demandons l’arrêt
immédiat de tous
les projets qui pourraient mettre en péril le logement social sur la Défense. Nous demandons une
véritable plan de renouveau qui soit au service des usagers et des habitants,
construit pour eux et par eux. Nous demandons
l’arrêt du » tout bureau » comme panacée universelle. Nous demandons un
phasage des travaux qui permette aux équipements publics d’être prêts en même
temps que l’arrivée de salariés supplémentaires. La Défense et sa périphérie doit
devenir un vrai centre de vie et non une simple variable d’ajustement financier
pharaonique.
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