Discours prononcé le 21 juin 2014, suite à la conférence sur Jean Jaurès au cercle des anciens combattants
Saluer l’héritage et la mémoire de Jean Jaurès : l’hommage est aussi nécessaire que périlleux, tant l’attachement est profond pour cette grande figure dont les discours autant que les actes incarnent, encore un siècle plus tard, les combats inhérents à la réalisation de l’idéal républicain.
Opposé à la peine de mort parce qu’humaniste ; dreyfusard parce que républicain ; acquis au socialisme par la force des choses, face à l’injustice sociale ; pacifiste parce qu’internationaliste autant que patriote : tous ces combats ont été et sont encore ceux de la République.
Et, chez Jaurès, ils prenaient tous racine dans un engagement sans faille pour la démonstration de la vérité et la réalisation de la justice, pour emprunter les mots de Charles Péguy.
Son parcours, qui doit tout, non pas à sa naissance mais au mérite scolaire de cet élève brillant, normalien et philosophe, constitue à lui seul un symbole la promesse républicaine d’égalité pour laquelle encore aujourd’hui il reste tant à faire.
Cette ascension l’avait certainement amené à prendre conscience que c’est dans l’éducation que se nichait la nouvelle terre de mission de la République ; pour permettre à chacun d’acquérir sa liberté, d’avoir les moyens de se réaliser et de maîtriser pleinement la part de souveraineté que la République lui accordait.
Mission dont on sait combien elle est encore aujourd’hui d’actualité !
Au-delà de l’éducation, Jaurès avait aussi pris conscience, à une époque dans laquelle la France était plongée dans une profonde crise économique, que sans l’exigence de justice sociale, l’idéal républicain ne pouvait se réaliser.
Et les combats restent nombreux un siècle plus tard pour rendre l’idéal républicain réel. Conscient aussi que sans institutions républicaines aucun progrès économique ou social ne pouvait voir le jour, il a aussi su se faire le pourfendeur des sectarismes et à en appeler à l’unité des républicains quand, à ses yeux, « la liberté de conscience était menacée, quand les vieux préjugés qui ressuscitent les haines de races et les atroces querelles religieuses des siècles passés paraissaient renaître ».
L’unité de la République face à la haine et aux querelles religieuses : c’est, là encore, un combat dans lequel nous nous devons de nous inscrire dans les pas de Jaurès.
Les valeurs républicaines sont aujourd’hui souvent convoquées à-tout-va, parfois par ceux-là même qui les pourfendent. C’est pourquoi, plus que jamais, l’attachement viscéral et sincère de Jaurès à l’idéal de justice et d’égalité constitue, non pas un exemple passé, mais une source d’inspiration pour le présent et l’avenir.
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