Il y a quelques jours, suite à un témoignage reçu sur notre blog (visible ici) , le conseiller municipal Benoit Deneulin déclarait sur un site UMP :
"Réponse aux basses polémiques de la gauche
L’opposition courbevoisienne de gauche rend compte de manière éhontée du fonctionnement du centre de vaccination contre la grippe A, en utilisant le témoignage d’un anonyme ! Ce soi-disant message n’est qu’une accumulation de contrevérités, et il est attristant de voir des élus cautionner de tels écrits : un sujet aussi sérieux aurait mérité d’être traité avec davantage de sérieux et de sens des responsabilités (...)"
Vous trouverez ci-dessous l'article de "bondy blog" du 2 décembre présentant le témoignage d'une vaccination à ... Courbevoie.
"Réponse aux basses polémiques de la gauche
L’opposition courbevoisienne de gauche rend compte de manière éhontée du fonctionnement du centre de vaccination contre la grippe A, en utilisant le témoignage d’un anonyme ! Ce soi-disant message n’est qu’une accumulation de contrevérités, et il est attristant de voir des élus cautionner de tels écrits : un sujet aussi sérieux aurait mérité d’être traité avec davantage de sérieux et de sens des responsabilités (...)"
Pagaille totale à la vaccination, mais chaleur dans les rangs
Mercredi 02/12/2009 | Posté par Olivia Cattan
Ben ça alors ! Même la grippe A (H1N1) dit quelque chose de l’identité française. Cette campagne sanitaire, c’est le village d'Astérix. Reportage.
Levé à 8 heures du matin, Cyril se rend à son centre de vaccination situé à Courbevoie. Il pleut, le vent souffle, encore un week-end qui s’annonce bien. A son arrivée, il n’en croit pas ses yeux. Environ 500 mètres de queue pour un lieu devant s’ouvrir à 10 heures ! Il commence à interroger quelques personnes qui lui répondent que cela fait trois fois déjà qu’elles viennent et qu’elles n’ont pas encore réussi à atteindre l’accueil.
Bien décidé à se faire vacciner, il décide de rester et de braver les intempéries. Il est 11 heures, Cyril est toujours dehors. Il s’impatiente tout comme les enfants qui ont faim et froid, les bébés qui pleurent, les femmes enceintes qui tournent de l’œil. Alors que la police municipale débarque en nombre pour tenter d’organiser les files, la situation est propice à la conversation de trottoir.
« Ben alors, dit un chef d’établissement scolaire, la Roselyne, elle n’a pas fait la queue ! Elle n’est pas médecin, elle ! » « C’est bien ça, la France, dit l’autre, un pays incapable de faire face à la moindre crise… Après la canicule, la crise financière, la grippe ! Il faut espérer qu’on n’aura pas à affronter une grosse catastrophe. » « T’as raison, répond une femme avec un bébé, on est le seul pays moderne à ne pas savoir communiquer, informer et s’organiser. » « On a l’impression d’être en temps de guerre », ajoute Cyril.
Après l’impatience, l’angoisse commence à monter dans les rangs. Florilège : « Vous savez que les adjuvants, c’est mauvais pour la santé, vous croyez qu’on peut choisir le vaccin ? » « Il paraît que certaines personnes sont paralysées ! » « Comme dans tous les vaccins, y a des risques, mais au fait, ça sert à quoi, les adjuvants ? » « A booster nos défenses. » « Mais non, c’est au cas où le virus mute ! »
« Au fait, pourquoi il y a des personnes âgées qui font la queue ? » demande Cyril. « Parce qu’il suffit d’aller à son centre de Sécu et de récupérer son bon, pas besoin de l’attendre comme un mouton par la poste, et ça aussi on ne nous le dit pas, c’est de l’intox, ce qu’elle nous raconte, Madame la ministre avec ces personnes prioritaires », répond un père de famille. « Les centres de Sécu sont obligés de nous délivrer les bons lorsqu’on a une carte vitale », précise le commerçant qui a perdu une journée de travail. « Au fait, ajoute le directeur d’école, vous savez que j’avais plusieurs cas dans une même classe, la même semaine et que l’on a refusé que je ferme mon école, ça aussi, c’est de la désinformation ! »
Même si une révolte sourde gronde, la solidarité est de mise. Des mamies partagent leurs gâteaux avec des enfants, un jeune homme va chercher une boisson à un vieil homme qui grelote. 12 heures, Cyril est enfin au chaud mais n’est pas sorti de l’auberge. Il remplit une fiche verte (avec adjuvant), papier délavé qu’une femme lui tend avec huit questions : avez-vous eu de la fièvre ces derniers jours et autres demandes basiques. Il lui tend alors une notice où sont marquées toutes les complications. On lui remet un ticket comme à la poste.
Différentes queues se forment, laquelle prendre ? Personne pour y répondre. Il est le 182e, alors qu’on appelle le 215 puis le 120e… Personne n’y comprend rien et la police municipale est dépassée... Le directeur d’école décide de prendre les choses en main, Cyril le rejoint. A droite les femmes enceintes, dit-il, numéro 181… Et ainsi de suite.
C’est enfin le tour de Cyril, il est midi trente, et il arrive à la « consultation » d’un médecin qui ne se présente pas, qui se contente de vérifier s’il a bien rempli sa fiche. Le médecin indique d’un ton glacial « vous avez deux chances sur 10 d’avoir de la fièvre et une chance sur 100 000 d’avoir une paralysie ». Fin de la « consultation médicale ». Encore une bonne demi-heure d’attente avant qu’un jeune étudiant infirmier le vaccine. Il le pique et le fait signer en s’excusant, lui disant qu’il n’avait pas l’habitude. Après avoir été traité comme du bétail pendant plus de quatre heurs, Cyril doit à nouveau faire la queue pour remplir « la fiche de traçabilité ». Normal, pour une grippe porcine, se dit-il. Voilà il est 13h30 quand Cyril repart : 4h30 pour un vaccin.
Aucun accueil, aucune information sur le temps d’attente ou sur les étapes à suivre. Juste deux petits panneaux qui indiquent qu’on se trouve bien au « Centre de vaccination ». Une police municipale qui est là en prévision de conflit. Aucune accompagnement pour les mamans qui s’inquiètent que leurs petits attrapent froid ou qu’ils réagissent mal au vaccin. Aucune aide pour ceux et celles qui ne savent pas remplir leurs fiches.
« On s’autogérait, explique Cyril. Le seul point positif, c’est cette solidarité entre nous, le fait de tous se parler, de fraterniser et de se réconforter mutuellement. Pas de nationalité ni de couleur, pas de vieux ou de jeunes, pas de riches ou de pauvres mais tous unis dans la même galère, face à une pandémie mondiale. » C’est ça aussi la France !
PS : 48 heures après son vaccin, Cyril a eu un peu de fièvre et des frissonnements. Il est heureux de s’être fait vacciner. Il reconnaît avoir eu une certaine appréhension mais il a voulu tester sur lui-même les effets du vaccin avant de faire vacciner sa femme et ses enfants. Il a souhaité le faire en considérant, « selon le bon sens populaire », qu’il y avait moins de risques à se faire vacciner qu’à attraper le virus H1N1. Les discours politiques, jure-t-il, n’ont pas eu d’impact sur sa décision, qu’il a prise en son âme et conscience.
Olivia Cattan
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