Le Groupe "une autre ambition pour Courbevoie" a déposé une contribution auprès du commissaire-enquêteur.
Vous la retouvez en intégralité ci-dessous. Un résumé est accessible en cliquant ici.
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Texte intégral de la contribution déposée auprès du commissaire enquêteur concernant le PLU de Courbevoie.
"Le PLU soumis à l’enquête publique repose selon la majorité municipale qui l’a piloté sur trois grandes orientations : favoriser et renforcer la vie locale, faciliter les déplacements pour tous les usagers et valoriser la Ville et son image. Pour ce faire trois quartiers et un ilot font l’objet d’une attention particulière : la partie courbevoisienne de La Défense, le quartier Gambetta et les zones qui bordent et font transition avec la Défense et le faubourg de l’Arche ; enfin, le Centre CHARRAS.
Comme d’habitude on affiche des objectifs et l’on se garde bien de donner à la Ville les moyens de les atteindre. La majorité qui ne veut pas s’investir dans le renouveau urbain de notre Ville a décidé, suivant en cela les mauvaises habitudes des mandatures précédentes de laisser la ville en proie à la spéculation immobilière sans aucune régulation.
On fait avec, sans volonté de réel changement.
D’une manière générale, le PLU repose sur un premier et gigantesque obstacle : il ne veut pas tenir compte de remise en cause du parcellaire existant. Il n’y aucune volonté d’intervenir par exemple, avec des emplacements réservés (ainsi, sur 4 166 000 m² de surface terrain « ville », il n’existe que 41 704 m² d’espaces réservés au profit de la commune soit à peine 1%) sur la possibilité qui serait offerte de franchir les parcelles, de les remodeler pour faciliter la création de vraies zones vertes ou de circulations plus fluides. En restant subordonné au découpage historique de la Ville, issu de sa période agricole puis industrielle, il ne peut pas restructurer même à une échelle réduite l’existant. On va une nouvelle fois renforcer l’esprit de forteresse infranchissable des très grosses parcelles qui découpent le tissu urbain comme CHARRAS ou le Stade sans entrer dans les possibilités de fluidifier les cheminements inter-quartiers, sauf de manière anecdotique.
On maintien la division de la ville entre Bécon et la partie Sud si « proche » de l’EPAD.
Le PLU qui nous est proposé va renforcer la séparation de notre ville en deux zones distinctes : le canton sud avec une très forte densité (particulièrement manifeste sur la dalle de La Défense et sa proximité) objet d’une sur densification colossale et le canton nord (BECON) avec le maintien d’une très faible densité. Entre les deux on maintient au surplus, une zone intermédiaire « molle » où justement, il faudrait prioriser la rénovation d’un tissu hétéroclite. Sans volonté d’intervention manifeste de la Ville, cette priorisation sera opérée sans contrôle par des promotions échappant à une vision d’ensemble avec la possibilité offerte à la construction de petits et moyens collectifs sans lien entre eux.
S’agissant du canton sud et des zones molles la possibilité de densification ouverte va accroître la spéculation et la hausse des valeurs à l’achat comme à la location. En laissant de nombreux habitants dans l’impossibilité de rester sur la ville pour aller chercher ailleurs et toujours plus loin des m² à des prix raisonnables.
Il est difficile d’envisager renforcer la vie locale alors que les différenciations entre quartiers loin d’être minorées vont se trouver renforcées de facto par le maintien de deux villes opposées. Une ville à vivre (Bécon) et un Manhattan sur Seine dans l’autre canton. De plus, l’émergence de nouveaux quartiers comme le Faubourg de l’Arche totalement découplé des deux villes, crée une nouvelle séparation dont on va voir que rien n’est réellement fait pour réduire les fractures existantes, en l’absence d’une vraie réflexion sur le Centre Ville (BEZONS-CHARRAS).
Le PLU se structure sur un mauvais choix des zonages proposés.
La zone UB dont la vocation principale est l’habitat et qui touche justement les zones « molles » dans les franches de la ville (entre le boulevard de la Mission Marchand et l’avenue Marceau, entre La Garenne Colombes et le chemin de fer ainsi qu’à la frontière d’Asnières) limite la construction de bureaux ou de locaux artisanaux alors que certaines localisations sont en prise directe avec des axes pénétrants de la ville et des quartiers animés de nos villes voisines. En limitant la hauteur à 12 m et sans emplacements réservés importants, elle ne permet pas d’envisager de modifier la donne et laisse la porte ouverte à un mitage généralisé de petites promotions collectives en habitation qui viendront perturber le caractère pavillonnaire des quartiers concernés sans rien améliorer.
Une remarque technique, la hauteur maximum est d’ailleurs mal expliquée puisqu’il n’est pas précisé si elle s’applique au faitage ou à l’égout des toits projetés…
Les zones UD qui affectent principalement la Défense et le quartier GAMBETTA, n’ont qu’un seul but renforcer la densification de bureaux avec des hauteurs comprises entre 345 m (!) et 100 m qui permettent la fuite en avant de constructions de nouvelles tours toujours plus hautes qui tomberont droites sur un boulevard circulaire dont l’aménagement urbain sera rendu d’autant plus difficile.
La zone UD c’est la traduction immédiate du suivisme de la majorité pour réaliser un Manhattan local en obéissant le doigt sur la couture du pantalon aux diktats de l’EPAD. Pourtant, le Plan de renouveau de La Défense, annoncé par le ministre Dominique Perben en 2006, et ses objectifs sont d’ores et déjà dépassés !
Pour mémoire, le Plan de renouveau de La Défense c’est 150 000 m² de surfaces supplémentaires autorisées, dans le cadre de démolition reconstruction de 17 tours devenues obsolètes, et 300 000 m² pour des tours nouvelles soit, au total, 450 000 m².
Avec le PLU qui est projeté, c’est une grosse partie de la rénovation reconstruction qui est facilitée pour conduire à la construction in fine de 644 000 m² supplémentaires ! Auxquels il convient d’ajouter les 300 000 m² pour les tours nouvelles que l’EPAD n’a pas renoncé à faire construire, soit près d’un million de m² supplémentaires ! A l’échéance 2013-2014 avec 230 000 m² de bureaux déjà signés ce seront près de 15 000 salariés de plus qui arriveront par les transports en commun que nos concitoyens empruntent chaque jour avec les difficultés que nous connaissons.
Comment peut-on ici accepter que la majorité ose revendiquer que le PLU va faciliter les déplacements pour tous les usagers alors que les transports en commun actuels sont largement surchargés ! Ce ne sont pas des déplacements que l’on favorise mais des « dépassements » de création de surfaces de bureaux qui viendront directement impacter le quotidien des habitants sur la moitié de la ville et tout un canton ! Quand aux nouveaux transports en commun, il faudra attendre de 8 à 10 ans dans le meilleur des cas pour pouvoir les utiliser.
Deux remarques techniques, la hauteur maximale est calculée à partir du sol naturel (NGF), ceci est la porte ouverte à un grand flou artistique sur la réalité finale de la hauteur maximale ; pareillement les limites de référence des implantations des futures tours sont particulièrement mal définies, ceci peut entraîner des dérives importantes affectant la dalle, le boulevard circulaire et les liaisons avec la ville « basse » hors dalle. On voit également dans l’épisode du projet DEFENSE 1 (Les Damiers) avec le projet FOSTER que cela permet de placer les futures tours au seul emplacement retenu par le Promoteur sans liaison avec l’environnement immédiat en impactant directement dans ce cas précis plus de 1 000 familles courbevoisiennes !
La zone UA qui affecte les centres déjà fortement urbanisés (Boulevard de la Mission Marchand, Rue de Bezons, quartier Victor Hugo-Sainte Marie et le centre de Bécon) ne sert principalement (à l’exception de Bécon où elle a effectivement sa place) qu’à accompagner les zones UD proches ou la zone UG (Faubourg de l’Arche) avec des hauteurs de 18 m qui renforceront avec la découpe parcellaire existante non modifiée, la séparation de ces zones avec les zones molles (zone UB) qui la suivent, sans permettre toujours sans emplacement réservés, la fluidification entre les axes majeurs et les emplacements en cœur d’ilot..
Pour cette zone, nous avons la même remarque technique que pour la zone UB…
Si les zones UE, UF, UG et UV ne présentent pas les mêmes risques on notera cependant que la zone UE (secteur pavillonnaire) prévoit par endroit un recul qui peut gêner la réhabilitation ou la reconstruction de petits pavillons témoins du passé de la ville qui verront leur valorisation amoindrie. Dans le même esprit, la zone UV gèle sans aucune contrepartie de programmation définie, des parcelles significatives à des emplacements stratégiques (Normandie/Deschanel, ilot sud Rue de Rouen, Rue Pierre Brossolette est, hôtel de ville, parkings des Ajoux). Si le principe du gel est bienvenu, il n’en reste pas moins que sans programmation claire, le déclassement éventuel de ces ilots pourrait représenter lors d’une modification à venir du PLU, la porte ouverte à une manipulation du foncier disponible à des fins privées… En tout état de cause, le gel actuel pourrait aussi créer les conditions d’un pourrissement de ces emplacements qui affecterait leur voisinage immédiat. Notre groupe restera tout particulièrement attentif au devenir de cette zone.
De plus, le PLU qui est projeté présente en l’absence de création de ZAC (Zone d’Aménagement Concerté) une particularité étonnante puisqu’il crée deux zonages dédiés et particuliers à des emplacements tout particulièrement stratégiques pour la ville à moyen et long terme : CHARRAS et les « entrées de ville ».
CHARRAS – Zone UC : Plus qu’un zonage, il s’agit ici d’un plan d’orientation particulièrement vague qui va laisser la promotion privée s’emparer du Centre Ville dont tous les habitants savent qu’il doit être impérativement restructuré. Si l’orientation générale est vague, les conséquences directes des autorisations inscrites au schéma (qui est une partie règlementaire du PLU) le sont moins : abattage des arbres, extension des façades du centre commercial sur l’emprise du parc, réduction des espaces végétalisés permanents pour des plantations « temporaires », fermeture par des immeubles d’habitation de la Rue Baudin depuis le parking de l’hôtel Mercure jusqu’à une partie de la Rue de l’Alma, déplacement du marché couvert etc.).
Ici, la majorité refuse d’intervenir, elle donne tous les moyens règlementaires à la promotion privée pour faire ce qu’elle souhaite, sans tenir compte des liaisons indispensables entre l’ilot CHARRAS et sa proximité qui est pourtant notre seul cœur de ville ! La majorité qui était précédemment très interventionniste dans la création de ZAC refuse ici la moindre régulation. Sous couvert d’un schéma règlementaire, elle crée la déréglementation la plus totale. Les multiples épisodes parfois contradictoires du projet CORIO en sont la preuve irréfutable.
Une seule remarque technique qui se suffit à elle-même : l’absence de COS (coefficient d’occupation du sol) et une hauteur limite de 65 m qui laissent la porte ouverte à tout les excès !
L’entrée de Ville – Zone UPC : Ici aussi, il s’agit d’un plan masse qui délimite une programmation particulière. On notera au passage qu’il concerne une seule entrée de ville au Pont de Courbevoie, à la fin de la rue Victor Hugo et au début du Boulevard de Verdun. Pourtant, dans les premières esquisses du PLU, une autre entrée de ville était prévue à l’intersection de la Rue de l’Abreuvoir et du Quai Paul Doumer, peut être que l’extension du périmètre de l’OIN (Opération d’Intérêt National de La Défense) est pour quelque chose dans cet abandon…
Quoi qu’il en soit, l’entrée de ville visée au Pont de Courbevoie avait été précédemment prévue en ZAC. Aujourd’hui, il s’agit essentiellement d’une promotion privée dont la commercialisation a commencé. En ce qui concerne la programmation des équipements publics (un gymnase), il ne s’agit en fait que du déplacement de ce dernier qui a été démoli et de la réalisation d’un parking public. On peut s’étonner du montage financier de cet ensemble puisque les terrains précédemment acquis par la ville ont été revendus en perte au promoteur.
Une mixité sociale réduite au minimum.
La majorité qui n’a construit aucun logement sociaux depuis plus de 20 ans affiche comme principale avancée du PLU, l’obligation pour les constructions d’habitation de réserver 20% de logements sociaux pour les opérations de plus de 20 logements.
Cette volonté qui dans un premier temps peut sembler intéressante n’est qu’un effet d’affichage. On a vu que dans le zonage, la zone UB qui intègre cette obligation, ne verra sans doute pas beaucoup de livraisons de collectifs supérieurs à 20 logements. En ce qui concerne la zone UE, il n’y a pas d’obligation.
Mais plus grave :
Les zones stratégiques UC et UD sont curieusement traitées. Pour la zone UC qui affecte le centre ville, c’est simple pas d’obligation, pour la zone UD qui affecte principalement La Défense il y a obligation ; alors que cette zone est particulièrement dédiée aux bureaux ! C’est donc dans la seule zone UA où le bâti est déjà très dense et en bon état que les rares projets neufs devront intégrer cette obligation. C’est la portion congrue !
Rappelons qu’un des leviers de correction à l’augmentation des valeurs d’achat et de location c’est précisément une offre locative diversifiée et pas seulement sociale. Force est de constater que le PLU n’offre aucune solution permettant une augmentation rapide de cette offre locative dans n6tre ville.
Une forte augmentation des projets de centres commerciaux.
Noyé dans les textes et les plans, nous attirons également l’attention sur une autre fuite en avant présente au PLU. Celle de la démultiplication des centres commerciaux : CHARRAS pour plus de 20 000 m², La Coupole avec 10 000 m² dont une partie en élévation, le Boulevard Georges Clémenceau avec 5 000 m² et enfin, un centre commercial de très grand luxe sur le projet FOSTER à la Défense 1. C’est beaucoup !
La mise en place de ces projets n’obéit pas, c’est le moins qu’on puisse dire à un plan d’ensemble, il s’agit de projets concurrentiels qui vont se télescoper et induire un renforcement des difficultés pour la ville, en matière de circulation, de stationnement et de survie du petit commerce local.
Le diable se cache aussi dans les détails, chacun sait aujourd’hui que la consommation va connaître sur les 10 ans à venir des changements considérables et qu’il y a tout lieu de penser que les livraisons à domicile vont connaître un développement sans précédent. Or, le projet de PLU interdit quasiment de pouvoir réaliser, pour une ville qui atteindra près de 100 000 habitants, des sous stations logistiques (classement activités) en pied d’immeuble qui permettront de fluidifier ces livraisons.
On voit donc mal en quoi le PLU renforce la vie locale en privilégiant sans perspective globale une sur offre commerciale réservée aux grandes enseignes qui seules pourront payer des loyers exorbitants, sans rien faire pour aider le commerce de proximité de plus en plus absent des quartiers.
Un PLU sans PDU
A Courbevoie, on met la charrue avant les bœufs, le PLU est soumis à enquête publique et nous attendons avec impatience que l’on soumette au Conseil Municipal un PDU (Plan de déplacement Urbain). C’est dire qu’aucune analyse sérieuse, alors qu’un des principaux objectifs est de faciliter les déplacements, n’a encore été faite par la majorité sur les conséquences de ce que le PLU va autoriser !
C’est non seulement emblématique par rapport à La Défense pour les transports en commun, mais c’est tout aussi grave pour la circulation dans notre ville traversée par des axes routiers (Nord-Sud) dont elle ne contrôle pas les flux. La majorité paraît bien gênée par les problèmes de circulation routière. Elle met en place des essais qu’elle ne conduit pas à leur terme. On voit donc très mal, comment elle pourrait remédier à un des problèmes majeurs de notre ville à moyen et long terme : l’asphyxie programmée de la circulation et les difficultés de stationnement.
Notre conclusion est claire, le PLU qui vous est proposé ne veut pas prendre en compte, les importants problèmes liés au développement durable, il densifie la partie de ville qui en à le moins besoin et laisse en l’état les parties où il faut modifier le fonctionnement urbain. En l’absence de PDU, il laisse sur le coté de la route les problèmes majeurs de constructions, d’équipements, de consommation, de circulation et de stationnement qu’il va pourtant induire et renforcer. Il ne peut pas envisager le développement urbain et ses conséquences directes sur la population autrement que par la dérégulation, le laisser faire et le laisser aller des acteurs privés même plus contrôlés. Il obéit sans réserve aux volontés de l’EPAD. Il omet les synergies possibles avec les communes voisines.
Le PLU qu’on nous propose sans aucun projet d’équipements conséquents depuis la mise en sommeil du Centre festif, sans aucune vision à long terme de la place de notre ville au sein de l’ouest parisien, sans prospective sur les impacts du nécessaire changement de la ville sur le quotidien des habitants, n’est vraiment pas à la hauteur des besoins d’une ville comme la notre. La majorité municipale pratique toujours les effets d’annonce et la duplicité des discours souvent contradictoires.
Valoriser la ville et son image… Nous constatons qu’il s’agit surtout de valoriser la promotion immobilière au détriment du vivre ensemble. Quand à l’image de la ville, elle sera principalement opacifiée par La Défense ; le reste de la ville, sans nouveaux équipements et avec des équipements culturels et sportifs déjà surchargés, restera profondément marquée par son caractère actuel de « ville dortoir » sans réelle offre de services aux habitants.
Le PLU était sans doute, le grand rendez vous du point d’étape de cette mandature municipale pour apporter une vision précise, raisonnable et raisonnée de notre ville dont le développement n’est plus extensible à l’infini. Ce n’est pas le cas. Il s’agit bien d’un nouveau rendez vous manqué. Ce n’est pas une exposition qui peut remplacer le débat public. La majorité municipale constituée autour de Jacques KOSSOWSKI n’a pas de vision sur l’avenir de la ville.
Elle fait le minimum puisqu’il fallait bien faire légalement un PLU pour remplacer un POS (plan d’occupation des Sols) obsolète. Elle transfère et laisse à ses successeurs et aux équipes qui devront lui succéder les graves responsabilités que chaque habitant était en droit d’attendre d’une équipe municipale responsable qui gère la troisième ville du département."
Ce texte est bien sur signé des 8 conseillers municipaux du groupe "une autre ambition pour courbevoie"
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