Immobilier
Le projet fou et opaque du groupe russe Hermitage à la Défense
Ce lundi 27 septembre à minuit, la salle du conseil municipal de la mairie de Courbevoie dans les Hauts-de-Seine est encore pleine à craquer. A l'ordre du jour de ce conseil municipal houleux: le vote sur l'autorisation donnée par le maire UMP, Jacques Kossowski, de démolir une partie des immeubles sociaux des Damiers situés en bordure de Seine, tout en bas de l'esplanade de la Défense. Problème: sur les quelque 250 familles logées dans ces résidences du début des années 70, une centaine n'a pas encore trouvé de solution de relogement. Or le maire de la ville s'est, par le passé, engagé par écrit à n'accorder aucun permis de démolir tant que tout le monde n'aurait pas l'assurance d'être relogé.
L'histoire pourrait passer presque inaperçue, renvoyée au rang de sombre querelle de clocher francilienne, si le site à démolir ne devait accueillir le plus gros projet immobilier jamais construit à la Défense : l'Hermitage Plaza. Un projet aussi pharaonique qu'opaque, soutenu par le président de la République, Nicolas Sarkozy.
Hermitage Plazza, ce sont deux tours de 323 mètres chacune qui doivent accueillir 40 000 mètres carrés de bureaux, 35 000 mètres carrés de commerces, une galerie d'art, une salle de concert de 1300 places, 540 logements de luxe (vendus 12 000 euros en moyenne le mètre carré), et un hôtel 5 étoiles de 201 chambres. Un concept de tours mixtes qui fait fureur à Dubaï ou Shanghai, mais encore totalement inconnu en France et en Europe occidentale.
Le plan des deux tours Hermitage Plazza
Sauf que ce projet de 2 milliards d'euros comporte de grandes zones d'ombre. D'abord sur l'initiateur du projet lui même : Hermitage, filiale française d'un des plus gros constructeurs immobiliers russes, le groupe Mirax. En France, Hermitage n'emploie pas plus d'une vingtaine de salariés. En Russie, Mirax a été sévèrement ébranlé par la crise, l'éclatement de la bulle immobilière et l'effondrement des prix de la pierre dans le quartier des affaires de Moscou City : difficultés pour rembourser ses échéances, rumeur de faillites, séparation avec la filiale de Saint Petersbourg...
Emin Iskenderov, le jeune patron russe d'Hermitage, se veut rassurant : « A ce jour, nous n'avons plus aucun conflit avec les banques, le groupe Mirax a 6 milliards de dollars d'actifs et un endettement minimal de 550 millions de dollars ». Reste que le plan de financement de ces « Twin Towers » franciliennes est fragile : « 350 millions d'euros viendront de nos fonds propres, 700 millions de prêts bancaires et le milliard restant de la vente de mètres carrés pendant la construction », promet Emin Iskenderov. Sauf que le montage du prêt bancaire n'est toujours pas finalisé. Aucune banque française n'a accepté de se lancer dans l'aventure. Et les établissements étrangers réunis au sein du « pool » de prêteurs exigent un taux de crédit de 7,5%, un emprunt très cher payé compte tenu des conditions moyennes de financement actuelles et qu'Hermitage a pour l'instant refusé.
Autre zone d'ombre : les relations ambiguës entre Hermitage et l'Epad (l'établissement public pour l'aménagement de la défense), dont Jacques Kossowski, le maire de Courbevoie, est également le vice-président du conseil d'administration. Comme pour tous les projets de construction à la Défense, Hermitage doit verser à l'Epad des droits à construire pour LIRE LA SUITE
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