Vendredi 10 février, en séance publique du Conseil général, Jean-André LASSERRE, Conseiller général de Courbevoie, a présenté un vœu dénonçant la poursuite du démantèlement de l’Education nationale, les suppressions de postes non justifiées, et la disparition programmée des RASED (Réseaux d'Aide et de Soutien aux Elèves en Difficultés) dans les établissements scolaires du 92.
Les élus UMP/NC des Hauts-de-Seine, dont les établissements scolaires sont pourtant tous impactés par ces mesures, ont unanimement rejeté ce vœu au détriment de la communauté éducative, des élèves et familles concernés.
A Courbevoie, M. Daniel Courtès, conseiller général UMP mais aussi conseiller municipal, a rejeté ce voeu.
Pourtant, la suppression de 5 rased (sur 11) et les fortes tensions au collège Seurat sont le symbole, sur le terrain, du démentèlement de l'Education Nationale.
SEANCE DU CONSEIL GENERAL DU 10 FEVRIER 2012
Vœu présenté par JEAN-ANDRÉ LASSERRE RELATIF AU DEMANTELEMENT DE L’EDUCATION NATIONALE DANS LE DEPARTEMENT DES HAUTS-DE-SEINE
"Le démantèlement de l’Education nationale se poursuit inexorablement dans notre département. Il a d’ores et déjà été annoncé par l’Inspection académique de nouvelles suppressions de postes pour la rentrée scolaire 2012/2013 : 79 professeurs des écoles et assistants en langues dans le primaire et 90 dans le second degré.
La tension est désormais à son paroxysme au sein de la communauté éducative, entre enseignants et parents d’élèves d’un côté, le Ministère et l'Inspection académique de l’autre. Certains craignent pour l’avenir de leurs enfants, d’autres pour la réussite de leurs élèves. Nombreux sont ceux qui se mobilisent afin de stopper un processus fondé sur une logique comptable et « court-termiste ».
Au-delà des clivages politiques et partisans, syndicaux et associatifs, le consensus est évident. A titre d’exemple, à Villeneuve-la-Garenne, le mouvement de grève entamé le 18 janvier par les enseignants a été soutenu, au moins dans ses motifs, par plusieurs élus ici présents qui ont pris publiquement position contre les suppressions de postes. A Courbevoie, le 7 février, une motion commune a été votée en Conseil d’administration du collège Georges Seurat par les professeurs et les associations de parents d’élèves contre des décisions de même nature.
Et que dire de ces situations jugées inacceptables par tous, où des élèves se retrouvent sans enseignant en classe faute de remplaçants disponibles ?
A Asnières, c’est un professeur par jour qui n’est pas remplacé dans les écoles élémentaires et maternelles. C’est aussi une classe de 1ère scientifique qui n’a pas eu de professeur de mathématiques durant plus 4 mois.
On s’aperçoit finalement que s’est institutionnalisée dans notre département, sous l’action du gouvernement, cette fameuse « rupture de service public ». Pourtant n’est-ce pas ce dernier qui a tenté d’y mettre un terme par une proposition de loi votée par le Parlement sur le service minimum ?
Les conséquences désastreuses du sous-effectif permanent en milieu scolaire sont nombreuses lorsque se pose la question des remplacements notamment dans le 1er degré :
- Les arrêts de travail de courte durée ne sont plus assurés. Désormais le peu de remplaçants ne peut que couvrir les absences de longue durée.
- Les stages de formation des enseignants sont interrompus, voire annulés pour éviter les des classes sans professeurs.
- Dans certains établissements, faute de remplaçants, il y a des classes avec des élèves assis par terre, les professeurs présents s’efforçant de couvrir tant bien que mal la défaillance organisée du système scolaire.
Mais au-delà de la fragilisation de ce pilier républicain qu’est l’Education, se cache la mise à mal de la notion même d’égalité des chances. Le dispositif d’aide aux jeunes en difficultés est une nouvelle fois victime de coupes sombres avec la suppression de 81 postes des Réseaux d’Aide et de Soutien aux Elèves en Difficultés (RASED) dans le 92 pour la prochaine rentrée scolaire. Ainsi ce sont cinq postes des RASED à Courbevoie qui vont être supprimés. Ne resteront donc plus que six postes RASED pour les 8 000 élèves des écoles de Courbevoie !
Ajoutés aux 80 postes déjà supprimés ces dernières années, c’est donc aujourd’hui la fin programmée du dispositif RASED sur le département que nous constatons.
Permettez-moi également de vous informer de certains choix de l’Inspection académique s’opposant aux récents investissements du Conseil général. Au collège Henri Sellier de Suresnes, la diminution de 25 heures de la Dotation Horaire Globale pour 2012/2013 conduira à la suppression d’un poste d’enseignant spécialisé de la section d’enseignement général et professionnel adapté (SEGPA). Je vous rappelle pourtant que nous avons voté une somme conséquente afin de rénover durant l’été 2011, les ateliers professionnels de cette SEGPA.
Plus généralement notre département subira de plein fouet le désengagement de l’Etat, notamment du premier degré. Les diminutions de postes ne rendront que plus ardues, voire insurmontables les missions confiées au Conseil général. Celui-ci devra, ne l’oublions pas, assurer en grande partie l’accueil et l’intégration de ces nombreux jeunes dans les collèges dont il a la charge. Il devra donc en assumer directement les conséquences sociales. Nous serons effectivement en première ligne face à l’échec scolaire et la précarisation croissante de nombreux élèves, que les RASED soutenaient et aidaient efficacement. Déjà en 2010, vous aviez supprimé le Programme d’Aide à la Lecture (P.A.L.) en direction des écoliers du département, relayant ainsi la politique gouvernementale.
Ces suppressions de postes aggraveront encore les inégalités scolaires dans le 92, hypothéquant dès le plus jeune âge toute chance de promotion sociale, alors que la France est déjà pointée du doigt pour ses mauvais résultats par tous les indicateurs internationaux.
Au nom des exigences de l’idéal républicain et des intérêts du Département des Hauts-de-Seine, le Conseil général dénonce la poursuite du démantèlement de l’Education nationale, les suppressions de postes non justifiées dans les établissements scolaires, et de la disparition programmée des RASED."
Ce voeu a été voté par l'oposition PS - EELV - FDG, mais rejeté par la majorité UMP - NC.
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