Jean-André Lasserre : «Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, m'a fait savoir dans un courrier qu'il avait demandé à Cécile Duflot, la ministre du Logement et de l'Aménagement des territoires, de réfléchir à l'avenir de la Défense et à ses très grandes tours».
Cette déclaration a été reprise par la presse cette semaine qui pointe désormais de fortes incertitudes sur l'avenir du projet.
Ainsi dans sa version numérique du 16/07/2012 Le Figaro titre-t-il :
Les tours Hermitage à la Défense chahutées
"Le gouvernement devrait réexaminer le projet de gratte-ciel géant dans le quartier d'affaires.
L'horizon s'obscurcit pour le projet à 2 milliards d'euros des tours Hermitage à la Défense porté par le promoteur russe du même nom. En fait, aujourd'hui personne ne sait si ces deux gratte-ciel conçus pour être les plus hauts d'Europe (323 m) sortiront un jour de terre. Premier problème: si Nicolas Sarkozy soutenait l'idée de construire deux tours mixtes mêlant bureaux, logements et hôtels, le gouvernement actuel est plus prudent. «Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, m'a fait savoir dans un courrier qu'il avait demandé à Cécile Duflot, la ministre du Logement et de l'Aménagement des territoires, de réfléchir à l'avenir de la Défense et à ses très grandes tours», explique Jean-André Lasserre, conseiller général PS de Courbevoie, très hostile aux tours Hermitage.
Or l'ex-présidente des Verts n'a jamais caché que les IGH (immeubles de grande hauteur) n'étaient pas sa tasse de thé. Elle a également remarqué que le projet suscitait une opposition locale assez soutenue. De là à le bloquer, il y a un pas qu'elle n'a pas franchi pour l'instant. Avant de trancher, elle devrait consulter les élus du territoire. Un risque que le PDG de Hermitage, Emin Iskenderov, balaie d'un revers de main. «Cécile Duflot a dit être opposée aux tours à Paris mais jamais à la Défense», affirme-t-il.
Recours devant la justice
Deuxième zone d'ombre, le permis de construire obtenu en mars 2012 pour ces tours de 91 étages a suscité plusieurs recours devant la justice. Certains déposés par des propriétaires d'immeubles proches du projet comme Axa, Allianz ou le fonds immobilier Beacon. D'autres par des associations d'habitants de la commune. Sur le papier, ces procédures en justice n'empêchent pas le début des travaux. Mais les banques n'accordent pas de crédits en cas de recours sur un projet immobilier. Or, pour financer ces deux tours à 2 milliards, Hermitage qui a déjà investi près de 200 millions a besoin d'emprunter 700 millions.
Un obstacle franchissable, selon Emin Iskenderov: «Sur les deux recours sérieux concernant Allianz et Axa, nous allons trouver une solution pour qu'ils retirent leur plainte, explique-t-il. Par exemple, nous prendrons à notre charge le déplacement du hall d'entrée de l'immeuble d'Allianz.» Quant aux autres recours, Hermitage se fait fort de démontrer, avocat à l'appui, qu'ils ne sont pas dangereux. Et donc d'obtenir d'ici à la fin 2012 la signature d'un prêt avec un pool bancaire constitué «d'établissements européens mais non français». Mais la réalité est un peu plus compliquée: propriétaire de la tour First, Beacon, par exemple, estime souffrir d'un vrai dommage à cause de la perte de vue que lui occasionnerait les tours Hermitage.
Dernier sujet de préoccupation: avant de construire ses gratte-ciel, le promoteur russe a besoin de détruire les petits immeubles installés à leur place. Or, en octobre 2011, l'association des copropriétaires des bâtiments jouxtant le projet a obtenu devant la justice l'interdiction de démolir. Elle pourrait retirer sa plainte si le promoteur l'indemnisait suffisamment pour les frais liés à la construction de deux tours à proximité. Mais elle vient de refuser la dernière proposition de Hermitage qui proposait 8 millions pour compenser des frais de chauffage en hausse. Malgré tout, Emin Iskenderov reste confiant: «Nous commencerons les travaux en mars 2013 et les terminerons fin 2018», affirme-t-il. L'avenir dira s'il avait raison."
Par Jean-Yves Guerin publié sur le site Le Figaro le 16/07/2012 - section Immobiler
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La presse spécialisée n'est pas en reste quant à elle ; LaVieImmo.com s'interroge dans ces termes :
La Défense : Les tours Hermitage verront-elles le jour ?
"On a beaucoup entendu parler des fameuses tours Hermitage, projet du promoteur russe du même nom, qui devaient voir le jour à l’origine en 2016. Celles qui devaient être les plus grandes tours d’Europe rencontrent de tels écueils que l'on en vient presque à douter de leur finalisation.
(LaVieImmo.com) - Retour en juin 2010, Nicolas Sarkozy, Dmitri Medvedev et le promoteur russe Hermitage signent un protocole d’accord, s’engageant à la construction à La Défense de deux immenses tours de 91 étages, pour un total de 323 mètres. Designées par l’architecte Norman Foster, ces deux « twin towers à la française » sont censées devenir les tours les plus élevées d’Europe. Elles sont de plus prévues « mixtes », puisque constituées de bureaux, de logements et de commerces, d’une résidence étudiante à un hôtel de luxe, en passant par des piscines et des restaurants. Un projet complet et complexe, qui devait voir le jour avant 2016, estimé à environ 2 milliards d’euros.
Des immeubles dont les propriétaires refusent la démolition
Si ces deux nouvelles tours à La Défense peuvent paraître une idée intéressante, il semble que leur édification ne rencontre de nombreuses oppositions, à commencer par les immeubles situés à l’endroit où la construction doit avoir lieu. Le permis de construire a beau avoir été délivré en mars dernier, il n’empêche qu' « en octobre 2011, l'association des copropriétaires des bâtiments jouxtant le projet a obtenu devant la justice l'interdiction de démolir », d'après LeFigaro.fr. Pas sûr que le promoteur réussisse à faire retirer la plainte à coup de billets de banque, bien que ce dernier demeure confiant à ce sujet.
De nombreux recours
Outre ces logements, qui pourraient empêcher le chantier des tours Hermitage, un autre problème se pose : celui des bureaux voisins. Comme le rapporte LeFigaro.fr, les propriétaires des immeubles voisins ont posé des recours, jugeant que la construction lui est défavorable. Le PDG de Hermitage, Emin Iskenderov, interrogé par LeFigaro.fr, ne semble pas inquiet, et estime qu’il est possible de « trouver une solution pour qu’ils retirent leur plainte ». Il faudra faire vite pour les gérants du projet Hermitage, car en cas de recours, les banques ne peuvent accorder de crédit immobilier. Et il faut encore des centaines de millions d’euros pour financer la construction.
Le gouvernement, opposé à la construction ?
Notons enfin que les tours Hermitage ne font pas forcément l’unanimité au sein du gouvernement comme elles ont pu le faire par le passé. Nicolas Sarkozy avait signé sans réserve lorsque l’on lui avait présenté le projet. Or, ce n’est pas le cas de Jean-Marc Ayrault, qui aurait demandé à Cécile Duflot, d’après LeFigaro.fr, de « réfléchir à l’avenir de La Défense et à ses très grandes tours », pour reprendre les mots du conseiller PS de Courbevoie, Jean-André Lasserre, interviewé par le quotidien. La ministre du Logement s’opposera-t-elle aux tours Hermitage ? M. Iskenderov considère qu’il n’y aura pas de problèmes et que les travaux auront lieu de mars 2013 à fin 2018. Affaire à suivre..."
Par Laura Makary publié le 17/07/2012 sur LaVieImmo.com
Et en quoi s'entasser comme des sardines dans des tours, luxueuses ou non, serait une solution à la croissance de la population française ?
S'il est nécessaire effectivement de réfléchir à des solutions permettant de résoudre la crise actuelle du logement, élargissons alors la palette des possibles, et évitons de nous restreindre à un faisceau limité, juste pour s'en servir d'arguments fallacieux.
Construire en forte hauteur et aussi rationnel qu'une précédente disposition, irréalisable, d'agrandir les surfaces de construction de 30% ; de vains mots sans lendemains. Les constructions de grande hauteur sont très difficiles à gérer, ne serait-ce qu'en matière de sécurité, et sont plus énergivores.
Et, avant de songer à la solution ultime et inhumaine de grimper en étage, pensons aux nombreux villages français qui se dépeuplent actuellement : Beaucoup ne serait pas contre retourner vers la nature au lieu de se concentrer en milieu urbain. Les transports ? à l'ère du télétravail, ça peut aussi s'arranger..
Rédigé par : alternative | jeudi 23 août 2012 à 13h27
En même temps, C.Duflot elle préfère certainement qu'on continuer de bétonner des espaces verts et la nature.
Le population française est en croissance, la demande de logement reste en croissance alors deux solutions : soit on bétonne nos banlieues et campagnes (et augmente donc le besoin en voiture) soit on densifie les villes et réaligne l'offre de transport en commun.
Lorsqu'il n'y a plus de place horizontale, si on ne monte pas en hauteur: ce sont les prix qui montent. Prenez le cas de Paris, le choix de ne plus faire d'IGH empêche de stabiliser les prix. La demande en m² reste importante mais l'offre limitée : les prix explosent donc !
La Gauche parisienne se tire une balle dans le pieds, car dans les conditions actuelles les seuls qui vont pouvoir rester à Paris sont : les "vieux" célibataires, les retraités et les familles CSP++. Pas certains que ce soit l'électorat de base du PS & Co ;-)
Il n'y a pas d'autre solution que de monter en hauteur pour faire face à la demande.
Je sais qu'en France on a été traumatisé par les "barres" issues des plans de constructions pour faire face aux rapatriements des anciens départements, mais c'était il y a presque 50 ans. Est-t-on capable de faire face aux enjeux de demain ?
Je pense que les tous de logement seront nécessaire au Grand Paris si l'on souhaite garder de la mixité sociale dans le "centre". Alors aprés, le projet Hermitage est à lui seul complexe (sans parler du montage financier) et ne s'inscrit pas vraiment dans un tel objectif, même si je pense qu'en apportant une proposition "luxe" à la demande actuelle, elle peut contribuer à éviter l'envolée globale des prix.
Rédigé par : testman | jeudi 23 août 2012 à 11h53