Novembre 2019
Compte-rendu du Conseil Municipal d'Octobre 2019.
Les élus de Courbevoie étaient amenés à se prononcer, lundi 14 octobre, sur le nouveau Plan Local d’Urbanisme (PLU). Principal document de planification urbaine au niveau communal, le PLU fixe les règles générales concernant tous les éléments qui vont façonner la ville et ses usages pour les dix prochaines années (jusqu’à 2030) : aménagements de voirie, nouvelles constructions, emplacement des espaces verts et équipements publics, formes des constructions et densité du bâti.
Ce vote en conseil municipal intervient après une série de phases de concertation et d’échanges avec les habitants qui se sont déroulées depuis 2016. Ceux-ci ont notamment pointé nombre de problèmes soulevés depuis 10 ans par les élus Tous Pour Courbevoie : une minéralisation trop importante des espaces publics (notamment en Cœur de Ville) ; l’insuffisance des parcs et jeux pour enfants/ados et, plus largement, des équipements insuffisants; une offre de commerces insuffisante en nombre et en qualité ; trop peu de pistes cyclables et de manière plus générale un problème de partage de l’espace entre les différents modes de déplacements ; un problème de liaison entre les quartiers ; une valorisation insuffisante des berges de seine ; un attachement particulièrement fort au patrimoine architectural de Courbevoie, et notamment de ses zones pavillonnaires.
D’ailleurs, « l’équipomètre » mesurant le taux d’équipements de la ville parle de lui-même :
Si nous nous réjouissons que ces points soient enfin mis en lumière et puissent ainsi conduire à des inflexions quant à l’aménagement de la ville, il est dommage d’avoir dû attendre 10 ans pour être entendus !
En outre, si le nouveau PLU affiche comme intention de répondre à ces problématiques, nous constatons malheureusement qu’elles ne seront pas résolues.
Berges de seine et mobilités alternatives : une série de bonnes intentions sans action concrète
Pour répondre aux attentes des habitants, ce nouveau PLU reconnaît (enfin !) la nécessité de développer les pistes cyclables et de réaménager les berges de Seine jusqu’au pont de Levallois, au bénéfice des habitants. On ne peut que se réjouir d’une telle déclaration qui prend enfin le contre-pied des orientations municipales défendues jusqu’à présent, plutôt exclusivement centrées sur la place de la voiture.
Alors que seuls 25% des Courbevoisiens prennent leur voiture pour aller travailler, les trop rares pistes cyclables et leur aménagement trop peu sécurisé empêchent de nombreux habitants d’adopter ce mode déplacement de manière régulière, faute de sécurité. De même, la requalification des berges en espaces de promenade et de loisirs ne se fait que trop attendre alors que de nombreuses villes voisines ont commencé il y a déjà plusieurs années à exploiter le formidable potentiel de cet espace en terme de lieu de promenade, de loisir, d’activités commerciales et de transport fluvial.
C’est d’ailleurs depuis une décennie une demande des élu-e-s Tous Pour Courbevoie, afin de redonner – au moins partiellement - l’usage de cet espace aux riverains. Mais, malgré les déclarations d’intention, le PLU ne comprend aucune action concrète pour aller en ce sens : aucun plan d’aménagement des futures pistes et des aménagements de voirie afférents, aucun début de projet ou d’idée pour le réaménagement des berges (si ce n’est quelques élargissements de voirie de ci-de là entre les immeubles et… la 4-voies !).
Malheureusement, ce PLU affiche sur ces deux enjeux majeurs une série de bonnes intentions (électorales ?) sans aucune ambition réelle. Quelle occasion manquée pour le document structurant les 10 prochaines années d’aménagement de la ville ! Et quel retard encore pris par notre ville, au détriment encore et toujours de ses habitants.
Augmentation des espaces verts : l’opération enfumage du maire
La majorité municipale se targue d’augmenter, avec ce nouveau PLU, la superficie réservée aux espaces verts. Les zones « UV » (en vert sur les plans de zonage) regroupant, entre autres, les espaces verts, passent en effet de 76 ha dans l’ancien PLU datant de 2010, à 94 ha dans celui de 2020.
Mais ces zones « UV », loin de définir des zones réservées aux espaces verts, regroupent également les parcelles réservées pour équipements publics, sportifs et culturels. D’ailleurs, l’augmentation de 18 ha des zones UV repose essentiellement sur le changement de catégorie de plusieurs parcelles de la ville, qui étaient auparavant classées sous une dénomination différente. Il s’agit notamment du site de la centrale Enertherm au Faubourg de l’Arche, des rails de la gare de Bécon et du cimetière des Fauvelles, ou encore de l’îlot comprenant le nouveau lycée Lucie Aubrac avec le gymnase Pompidou. Autant de parcelles sur lesquelles il ne faut pas s’attendre à voir aménager des espaces verts, contrairement à ce qu’essaie de faire croire le maire !
Au total, les espaces nouveaux qui seront réellement « réservés » pour de futurs espaces verts s’élèvent environ à 1,5 ha : un progrès certes, mais très modeste… Une réalité en tous cas très loin de la communication tonitruante du maire sur un « doublement des espaces verts » ! (cf les emplacements et superficies des « servitudes de localisation » pour espaces verts et des « emplacements réservés pour espaces verts » sur la carte ci-dessous). D’ailleurs, alors que le maire avait promis à grands renforts de communication un parc d’1,3 ha dans le futur quartier Delage, l’emplacement réservé du futur espace vert n’est plus que de… 1771 m2, soit 0,17 ha !
Protection des zones pavillonnaires : l’arbre qui cache la forêt
Le nouveau PLU affiche une extension des zones pavillonnaires (délimitées par les zones « UE », en beige sur la carte), puisque celles-ci passent de 36 ha dans le précédent PLU à 61 ha dans le PLU 2020. Ce choix bienvenu permettra de préserver les îlots historiques de Courbevoie et ses pavillons, véritable patrimoine architectural à valoriser. D’ailleurs, notre groupe avait demandé, dès 2010, à l’occasion de l’adoption du dernier PLU, une plus grande protection de ces zones face à l’appétit des promoteurs, mais à l’époque sans succès… Réjouissons-nous d’être désormais entendus !
Néanmoins, si le maire a finalement très récemment fait de la protection des zones pavillonnaires son étendard, il refuse néanmoins de faire évoluer le modèle de La Défense vers un meilleur équilibre logements/bureaux et, pire, fait le choix d’étendre un peu plus la zone de La Défense sur le territoire de Courbevoie… En effet, la zone « UDb » (en violet sur les plans de zonage) qui couvrait déjà la majorité du quartier d’affaires et a vocation à accueillir plutôt des bâtiments de bureaux (d’une hauteur de 215 mètres maximum tout de même !) est désormais nettement étendue sur une partie du Faubourg de l’Arche ! (cf plans ci-dessous)
Conséquence : l’espace disponible pour construire de nouveaux logements est réduit à portion congrue ! Or, l’augmentation de l’offre de logements étant indispensable pour répondre aux besoins (le PLU fixe d’ailleurs un objectif de 2000 logements produits d’ici 2030, soit 200/an), le maire en est réduit, compte tenu des choix opérés, à « surdensifier » quelques axes, qui se trouvent être déjà parmi les plus saturés. Ainsi, la zone « UP » (en rouge sur la carte) qui désigne les zones « à densifier » se limitait dans l’ancien PLU au Village Delage (nord-ouest de la ville). Dans le nouveau PLU, cette zone UP est désormais étendue aux abords du boulevard de Verdun et à ceux du boulevard de la Mission Marchand.
Compte-tenu des nuisances liées au trafic routier et à l’aménagement de ces axes, ce choix renvoie l’impression d’une politique publique à 2 vitesses à Courbevoie : d’un côté l’affichage d’une protection des zones pavillonnaires au cadre de vie apaisé, et de l’autre, de grands axes fortement pollués et saturés autour desquels seront entassées les futures constructions.
Ce choix aurait pu être compréhensible s’il n’y avait pas d’autre solution pour construire de nouveaux logements mais, en l’occurrence, c’est bien parce que le maire fait le choix d’étendre la zone des tours bureaux au lieu de la réduire, que le reste de la ville se voit obligée de supporter, sur quelques axes seulement, l’effort de construction. Des tours de bureaux plutôt qu’une répartition équilibrée des constructions de logements qui assureraient une qualité de vie aux habitants : voilà le choix du maire pour le Courbevoie de 2030.
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