Vous trouverez ci-dessous les principaux points du discours tenu par Jean-Paul Huchon lors de la réunion publique du 6 avril à la Défense.
La Défense :
l’Etat en a fait un grave problème financier
La Défense en Ile de France, c’est un sujet récurrent de
l’affrontement gauche-droite. Cela a été un sujet de conflit avec l’Etat dans
le cadre du SDRIF, autour des questions de logement, d’aménagement, de
transports, de mixité sociale et fonctionnelle, et bien sûr, d’emploi et de
développement économique.
La Défense, c’est depuis quelques mois un nouveau sujet
d’inquiétude largement partagé, en raison des projets de fusion entre l’EPAD et
l’EPASA à Nanterre.
Mais la Défense, aujourd’hui, c’est d’abord un grave problème
financier.
Après le rapport de la cour des comptes, après le rapport du
Sénat, après le rapport du directeur régional de l’équipement en 2008, nous
voyons aujourd’hui combien le modèle financier sur lequel est bâti la Défense
n’est pas soutenable.
L’Etat a voulu faire passer une loi à la va vite pour valider
le Plan de Renouveau de la Défense. Nous y étions très opposés. Nous en voyons
aujourd’hui les résultats.
Des chiffres
préoccupants
Si l’on ne se fonde que sur les projets à peu près certains,
le bilan financier de l’EPAD est négatif dès cette année, et le déficit
recettes/dépenses atteint près de 100 millions d’euros en 2011.
Les projets les plus emblématiques du plan de renouveau, ceux
présentés à grand renfort médiatique chaque année, sont classés par l’EPAD
lui-même comme hypothétiques, parce qu’ils manquent de solidité contractuelle,
parce qu’ils ne sont pas assez avancés, parce que techniquement ils ne sont pas
au point, etc…
Quels sont ces projets ? La tour Phare, celle de
l’architecte Thom Mayne, la Tour Signal , celle de l’architecte Jean Nouvel, la
tour Hermitage…En 2011, ces projets devraient rapporter 150 millions d’euros à
l’EPAD. Mais aujourd’hui, ils ne sont guère avancés.
Il en va malheureusement de même avec les projets que l’EPAD
présente aujourd’hui comme probables, et notamment le projet de la tour
Generali.
Pourquoi ça ne va
pas ? parce c’est la crise financière ? pas seulement
Les constats et les problèmes, nous les connaissons bien. Le
modèle économique et urbain d’un grand quartier d’affaire largement monofonctionnel,
cela n’attire plus les investisseurs comme hier. Ce n’est pas ce que recherche
le marché.
Le marché a besoin de transports qui fonctionnent.
Le marché a besoin de mixité
Le marché a besoin d’urbanité
Or aujourd’hui, la Défense
ne répond plus aux exigences du marché, et les premiers à en souffrir, ce sont les salariés
eux-mêmes. Je reviendrai dans quelques instants sur la question de la
gouvernance et de Nanterre.
La région croit au
développement et à l’avenir de la Défense, mais pas n’importe comment. Nous croyons à une approche
réellement régionale du sujet, et à une approche structurée.
Nous devons lire la question de la défense au-delà du
boulevard circulaire, à l’échelle du territoire de la Seine à la Seine, à
l’échelle de la boucle nord des Hauts de Seine, à l’échelle de l’ouest
francilien et du Mantois, mais également dans une vision régionale d’ensemble.
C’est d’ailleurs ce que nous avons souhaité mettre en œuvre dans le SDRIF.
Concrètement, cela veut
dire quoi ?
En matière de transports,
cela veut dire :
§ Prolongement d’Eole à l’Ouest
§ Prolongement du T2 à Bezons
§ Automatisation de la ligne 1 du métro
§ Prolongement du T1 de Asnières
Gennevilliers vers Nanterre-Place de la Boule et Rueil Malmaison centre
§ Accès Perronet du T2 à la Défense
§ Prolongement du T2 à Bezons
§ Création d’un pôle multimodal à
Nanterre Université
§ Création d’une liaison rapide entre
la Normandie et Val de Seine
§ Réalisation du projet Arc Express
Mais parce que nous ne pouvons attendre même quelques années,
le Plan de mobilisation pour les transports sur lequel la Région s’engage, avec
les conseils généraux, pour un montant de 18 milliards d’euros, vise aussi des opérations prioritaires sur le matériel
roulant.
Les premières rames du francilien seront en service avant la
fin de l’année, et le marché sur le renouvellement du matériel sur le RER A est en cours d’instruction.
Une vision d’ensemble,
c’est notre vision d’avenir
Les transports, c’est l’armature du développement. Mais on ne
peut pas raisonner aujourd’hui de façon sectorielle. Pas de transports sans
développement urbain. Pas de développement urbain sans logement. Etc…
Notre vision d’avenir de la défense passe par une véritable
stratégie d’aménagement à l’échelle régionale.
Arc Express est un des moteurs de la stratégie régionale d’aménagement,
et l’arc nord ouest, sur lequel se situe la défense, est un des éléments de ce
nouveau réseau à grande capacité, entre les RER A et B.
L’aménagement, c’est un maître mot pour la Région.
Notre vision correspond
aujourd’hui beaucoup plus au travail conduit par l’EPASA jusqu’à ce jour, qu’à
celui de l’EPAD.
Mixité, avec des bureaux (tour Granit de la société générale
avec 70.000m² de SHON par exemple, ou bien siège d’Axa France, avec plus de
60.000 m² de SHON) , des logements, des commerces, comme à travers l’opération
Coeur de quartier sur l’université.
La stratégie de l’EPASA
a bien fonctionné, et il n’est pas souhaitable que pour des raisons
financières, l’Etat casse cette dynamique. Nous nous y opposerons. Je crois d’ailleurs que la
situation de l’EPAD est telle que les 450.000 m² de bureaux supplémentaires
envisagés dans le plan de renouveau ne sont toutefois pas pour demain. Utilisons le temps de la réflexion pour
sortir par le haut de la situation d’aujourd’hui, en cohérence avec les
orientations du SDRIF.
Dans le SDRIF, les Hauts de Seine doivent construire 8600
logements chaque année, dont une part significative de logements sociaux. Cela
concerne aussi le territoire de la Défense, et pas seulement celui de Nanterre.
D’ici à 2030, les études montrent que l’Ile de France a
besoin de 1.2 millions de m² de bureaux neufs sur le marché, dont 500.000 m²
par accroissement du parc, et 700.000 m² par renouvellement du parc existant.
Nous devons penser
aujourd’hui La Défense au regard d’une vision d’ensemble de la métropole
régionale que constitue l’Ile de France, et non plus de façon égoïste ou
sectorielle.
Je pense que la Défense devra faire l’objet d’un débat avec
le syndicat Paris Métropole.
La solution aux
difficultés financières de l’EPAD ne passera pas par une fuite en avant. Il
faut remettre sur la table les projets, sérieusement, et les revoir à l’aune du
développement des capacités de transports.
Il faut une nouvelle
gouvernance, associant les collectivités, beaucoup plus qu’aujourd’hui, et
notamment la Région.
Il faut plus de concertation avec les riverains, avec les
communes riveraines.
Il faut une vision plus ambitieuse en matière de financements
des projets, plus de péréquation, et plus de participation des entreprises aux
efforts publics d’aménagement et de transports.
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