A l'occasion du Conseil municipal du 20 décembre 2011
Intervention de Ingrid Fasshauer
"Certains projets emblématiques devraient entraîner l’adhésion de tous, élus et non élus, quelle que soit l’étiquette politique. Le pôle festif de la Cité des Loisirs s’inscrit dans ce cadre.
Les Courbevoisiens n’en peuvent plus de cette sinistre façade du stade municipal, de cette salle des fêtes, indigne d’une ville comme la nôtre qui ne permet pas de mettre ne valeur les différentes manifestations organisées à Courbevoie. Notre ville a besoin d’un lieu agréable, convivial, offrant des activités diversifiées, accueillant les spectacles des associations, comme des manifestations de plus grande envergure. Le bâtiment doit être refait, aurait même dû être refait depuis de longues années. Or la prise de conscience du problème a été très tardive. Sous la précédente mandature, les premières réflexions ont été menées. Mais très vite, les esprits se sont égarés. Plutôt que de penser à ce qui serait utile aux Courbevoisiens, on a voulu en faire un projet rentable. Au lieu de locaux à la disposition des habitants et des associations, on a voulu en faire un centre des congrès. On ne sait d’ailleurs pour quelle clientèle car aucune étude sérieuse n’a jamais été faite. Nous nous étions élevés contre ce projet qui, loin de la rentabilité escomptée, risquait de se révéler un gouffre financier qui, et c’est bien là le pire, ne correspondait en rien aux besoins des Courbevoisiens. Il semble que nos arguments aient fini par être entendus, puisque, confirmés par une étude d’opportunité bien tardive, le projet a été abandonné. Il était néanmoins trop tard pour éviter que 3,5 Millions d’Euros ne soient dépensés en pure perte.
Nous sommes ici réunis autour de la deuxième version de ce projet. Certaines leçons ont été tirées de ce premier échec. Le centre de congrès a disparu et les groupements d’entreprise consultés ont été invités à optimiser les coûts d’énergie et de fonctionnement. Nous ne pouvons que nous en réjouir.
Malheureusement, une première étude a fait apparaître l’immense manque d’équipements collectifs de notre ville. Plutôt que de chercher du foncier, plutôt que de chercher à répartir les équipements sur l’ensemble du territoire de la ville, on a choisi de tout faire au même endroit. Le pôle festif, orienté loisirs est devenu un projet fourre-tout.
La cuisine centrale s’est révélée ne plus être aux normes ? Qu’à cela ne tienne, entre un gymnase, le centre de loisirs et les locaux associatifs, c’est bien le diable si les architectes n’arrivent pas à caser une cuisine centrale, les restaurants et les aires de livraison et de chargement afférents.
Il risque d’y avoir conflits de flux entre les sorties de parking, les livraisons de matériel pour les spectacles, les livraisons pour les cuisines, le chargement des plats vers les crèches ou les restaurants de personnes âgées, le stationnement des cars pour les centres de loisirs et de colonies de vacances, le stockage pour les espaces verts? C’est le travail des architectes de faire preuve d’un peu d’imagination. On peut leur faire confiance.
Et c’est ainsi que, couche après couche, faute de faire des choix, on crée un projet illisible et surtout totalement irréalisable. Et comme cette complexité ne suffisait pas, il fallait y ajouter des contraintes de temps.
Après les errements du premier projet, le temps passait et les échéances électorales se rapprochaient. Allait-on oser dire aux Courbevoisiens qu’on n’était toujours pas en mesure de faire aboutir ce projet ? Cela aurait été la seule solution raisonnable mais ce n’est pas celle qui a été choisie.
On a donc fixé une date impérative pour la livraison du projet : février 2014. Pour que cela soit possible, il fallait trouver un artifice et on a cru trouver la solution miracle par le système de la conception-réalisation. Plutôt que de retenir un groupement sur la base d’une première esquisse de projet et de travailler ensuite sur la finalisation en incluant les utilisateurs du bâtiment, la conception-réalisation consiste à choisir un produit déjà finalisé qui sera livré clé en mains. Evidemment cela va plus vite et peut se révéler intéressant pour des projets relativement standardisés. Mais ce n’est pas le cas de la cité des loisirs, projet extrêmement complexe autour d’une grande variété d’usage : deux salles de spectacle, une salle de réception, un centre de loisirs, une agora, un BIJ, un gymnase, une cuisine centrale, un restaurant pour le personnel, des studios d’enregistrement, des locaux associatifs, des lieux de stockage, … l’énumération n’est sans doute pas exhaustive. En se privant de la possibilité d’améliorer le projet pendant la phase de finalisation, on court le risque de construire un bâtiment qui se révèlera inadapté à l’usage pressenti, sauf à faire de coûteux travaux de réadaptation.
Car le miracle n’a pas eu lieu. Les 5 groupements d’architecte sélectionnés disposaient de cinq mois pour relever le défi. Tous ont présenté des projets intéressants en ce qui concerne les salles de spectacle et l’agora. Certains y ont ajouté une certaine originalité architecturale ou une réflexion sur l’intégration dans la ville. Si on en était à cet aspect du projet, on aurait eu quatre projets intéressants dans lesquels il aurait été possible de trouver le projet le plus valorisant pour notre ville.
Malheureusement, les autres aspects, faute de temps ou pour cause de trop grande complexité sans doute, ont été négligés. Tous les projets révèlent de graves lacunes sur les parkings ou le bâtiment Colombes (celui qui doit accueillir le gymnase, le centre de loisirs, la cuisine, les locaux associatifs…). Le projet sélectionné, GTM, n’échappe pas à ce travers. Une semaine avant la délibération du jury, il était même quasiment éliminé car deux cuisinistes interrogés successivement avaient jugé que la proposition de cuisine centrale ne répondait pas aux normes et que les modifications nécessaires étaient trop importantes pour tenir dans le cadre juridique contraint de la conception-réalisation. Le jour de la délibération, ce point avait mystérieusement disparu des documents remis au jury sans qu’il ne soit donné d’explications convaincantes. Mais, comme l’a dit un membre du jury, « on ne rejette pas un tel projet pour un problème de cuisine ». Effectivement, il pourrait sembler absurde de rejeter un projet intéressant du point de vue de la scénographie et de l’urbanisme pour un problème de cuisine, ou de parking, ou de cour de récréation d’un centre de loisirs, ou de manœuvres difficiles pour les cars…
Mais les usagers du restaurant, les enfants dans les crèches, les personnes âgées, ont droit à des repas préparés dans le total respect des normes sanitaires. Le personnel de la cuisine centrale a le droit de travailler dans des conditions offrant confort et sécurité. Les enfants du centre de loisirs ont le droit de pouvoir circuler en toute sécurité entre les salles d’activité, de restauration, les espaces extérieurs. Leurs chauffeurs de cars ont le droit de pouvoir effectuer des manœuvres en toute sécurité…
La ville ne peut se permettre de dépenser 57 millions d’Euros pour un projet qui comporte de telles lacunes. Ce projet n’est à l’évidence pas mûr. Il faut prendre le temps de reprendre point par point, d’intégrer à la réflexion les utilisateurs de ces locaux, le cas échéant sortir certains éléments du périmètre du projet. Et tant pis si l’échéance de février 2014 n’est pas tenue, notre ville mérite un équipement de qualité !"
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Intervention de Ingrid au Conseil municipal de décembre 2011
Cité des loisirs : un peu d'histoire
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Cité des loisirs : deux bâtiments dont l'un pose de gros problèmes
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