Le symbole du sarkozysme triomphant est en pleine déconfiture, selon le Président UMP du Conseil Général des Hauts-de-Seine cité par L’Express. Symbole des scandales avec Jean Sarkozy en 2009, l'Epad, devenu Epadesa est aujourd'hui dans une situation critique, résultat de plusieurs années d'une gestion désastreuse par l'UMP (Nicolas Sarkozy lui-même, Patrick Devedjian, Joelle Ceccaldi-Reynaud) et de choix politique iniques. Patrick Devedjian rejoint ainsi nos propos et nos analyses qui montrent que le modèle de la Défense est dépassé.
Dans L’Express, Patrick Devedjian, Président du Conseil Général des Hauts-de-Seine, Président de Defacto (l'organisme de gestion de la Défense) et ancien président de l'Epad, n'y va pas par 4 chemins pour parler de l’Epad devenu depuis Epadesa : "miroir aux alouettes", "déficit structurel", "gestion désastreuse de l'Etat", "tout près de la liquidation judiciaire", "bombe à retardement" qui pourrait exploser "à partir de juin".
Cette déclaration d'un élu UMP bien informé du fonctionnement et des coulisses de la Défense se fait l'écho de nos doutes énormes sur la gestion "fuite en avant" de la Défense. Patrick Devedjian, homme du système, confirme en toute connaissance de cause ce qui fait le fond de notre analyse depuis plusieurs années.
Le modèle historique de la Défense
Depuis sa construction, le modèle économique de la Défense est le suivant.
Des entreprises achetaient des droits à construire à l'Epadesa. Les millions coulaient à flot et permettaient de gérer et d'entretenir la Défense. Les collectivités territoriales, toutes UMP, cédaient le contrôle d'une partie de leur territoire en échange d'une manne financière énorme. Courbevoie et Puteaux en ont profité largement, proposant les taxes locales les plus basses de France, n'ayant pas à financer l'entretien d'une partie de leurs territoires respectifs et, n'économisant pas pour les futurs travaux lourds de réfection de la dalle (qui a désormais plus de 50 ans) comme le ferait n'importe quelle autre collectivité. Quant aux habitants, leur avis n'avait que peu d'importance, leur feuille d'impôts à minima d'un côté, la "gloire" de vivre à proximité d'un symbole de la réussite française devant suffire à faire taire les oppositions.
Ce modèle, s'appuyant sur une croissance triomphante n’est viable que dans l’hypothèse d’une extension permanente de l'Epadesa puisque c'est cette expansion qui finançait l'entretien.
Le bug de la crise et du cadre de vie
Deux événements sont venus faire déraper ce modèle.
D'abord, les habitants. Ignorés par l’Epadesa, soumis à une pression de plus en plus importante de travaux, du coût du logement et, de la dégradation du cadre de vie, les résidents de la Défense et les riverains ont exprimé un mécontentement de plus en plus poussé.
Non. Tous les projets de la Défense ne sont pas bons. Certains (Carpe Diem par exemple) s'inscrivent dans une logique de développement acceptable et durable mais d'autres et, en particulier les derniers en date (Hermitage, Phare, Ava, ...) ne correspondent plus qu'à une recherche effrénée de ressources et d'image, sans souci de l'intérêt général. La qualité de service (transport, logement), déjà calamiteuse se dégrade encore. Le cadre de vie également. Et la feuille d'impôts la plus basse de France ne suffit plus à répondre à une demande renforcée de services mais aussi de solidarités.
Ensuite, la crise. L'afflux d'argent permanent par la vente de droits à construire s'est tari. Finie la tour Signal. Finie la tour Generali. La machine Epadesa n'est plus alimentée en argent frais permettant de même plus de gérer l'ensemble mais au moins de masquer les graves difficultés financières de la Défense.
Les conséquences ne se sont pas faites attendre. L’Epadesa, sans préoccupation d'aménagement autre que l'obligation de rentabilité et de profit, cherche à tout prix à vendre du droit à construire, quel que soit l'endroit, quelle que soit la qualité du projet, quel que soit le sérieux du promoteur. Ainsi, les tours Hermitage par exemple reçoivent l'inconditionnel soutien des hiérarques de la Défense-UMP : Nicolas Sarkozy, Joelle Ceccaldi-Reynaud, Jacques Kossowski. Après les mauvais choix politiques d'un modèle d'expansion infinie irréaliste, la Défense bascule dans la "gestion désastreuse" dont parle Patrick Devedjian, toujours avec l’aval des responsables UMP de l'Etat, de Courbevoie et de Puteaux.
Aujourd'hui
L'état des lieux est désastreux. D'un côté, l’Epadesa qui n'a plus les ressources nécessaires pour garantir les besoins de Defacto, en charge d’entretenir le patrimoine de la Défense. Et les villes de Courbevoie et de Puteaux qui n'ont pas économisé pour la gestion de leur territoire, s'abritant derrière un modèle devenu obsolète. De l'autre, Defacto, en charge de la gestion et de l'entretien de la Défense, qui voit arriver avec angoisse des rénovations extrêmement lourdes mais qui n'a pas les ressources suffisantes pour y faire face. En effet, les premières estimations pour la remise à niveau de la dalle, des tunnels, des parkings dépassent les 130 millions d'euros.
L'avenir
Il n'est évidemment pas brillant et il est nécessaire de revoir en profondeur le fonctionnement économique de la Défense.
Le risque aujourd'hui est de voir les responsables actuels de l’Epadesa s'enferrer encore plus dans une fuite en avant afin de masquer la "bombe à retardement".
L'urgence est d'abord un moratoire sur tous les projets contestables, en particulier les tours Hermitage, Phare et Ava, qui renchérissent le modèle d'expansion daté de la Défense et, qui sont les révélateurs d’une fuite en avant.
Ensuite, remettre par une discussion institutionnelle les collectivités locales au coeur des décisions afin d'avoir un véritable pilotage démocratique par les habitants des zones concernées, tant pour l’aménagement que pour la gestion du patrimoine bâti.
Enfin, par un retour dans le droit commun de la gestion de la Défense. Les aménagements publics, le cadre de vie, les services doivent redevenir une priorité pour les habitants et les usagers de la Défense.
Nous n'éludons pas la partie financière. Notre groupe politique est conscient de ses responsabilités et des enjeux. Contre le retour des espaces publics à gérer dans le droit commun sous le pilotage légitime et concerté des collectivités locales, ces dernières devront prendre en charge une part non négligeable des dépenses. C'est le prix à payer d'une incurie de plusieurs décennies des responsables locaux UMP. Ils ont reçu un énorme magot de la Défense, sans jamais anticiper son futur entretien. Aujourd'hui, c'est l'heure de la facture.
Evidemment, cela n'est possible qu'avec un changement fort du modèle de développement. C'est la condition sine qua non. Ce modèle doit s'appuyer sur la qualité de service et le cadre de vie.
Jean-André Lasserre (Président du groupe "Une autre ambition pour Courbevoie PS-EELV-PCF" et Conseiller Général) précise :
" L'aveuglement des responsables UMP qui se sont succédés à la tête de la Défense comme à la tête des communes de Courbevoie et de Puteaux a provoqué ce que Patrick Devedjian appelle une "bombe à retardement". Il est urgent de mettre en place un moratoire sur les projets les plus contestables de l'Epadesa aujourd'hui : Hermitage, Phare, Ava.
Il est nécessaire de réunir toutes les parties concernées afin de mettre en place les structures capables de porter ce nouveau modèle de développement de la Défense, démocratiques et s'appuyant sur les collectivités territoriales.
Il est enfin indispensable de changer les priorités de développement : services, transports, logements, qualité de vie doivent être au centre du nouveau modèle de développement de la Défense.
Ce n'est qu'à ce prix que le retour dans le droit commun et les coûts induits pourront être acceptés par les habitants."
Le jeudi 24 novembre, L'Epadesa a publié un communiqué de presse en réaction aux propos de Patrick Devedjian.
Vous le trouverez sur le lien suivant de téléchargement :
Téléchargement 2011-11-23_CP Express_PDF
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